Aiden Jouana-René, cavalier : un champion devenu entrepreneur à 25 ans

Cavalier de haut niveau, double médaillé d’or aux Jeux des îles de l’océan Indien en 2015 alors qu’il n’avait que 14 ans, Aiden Jouana-René n’a étonné personne lorsqu’il prend la ferme décision de dédier sa vie professionnelle au monde équin. Devenu entrepreneur il y a quelques mois, à seulement 25 ans, Aiden Jouana-René dirige Legasea, centre équestre situé au coeur de Belle-Mare. Là-bas, des chevaux reformés découvrent une nouvelle vie dans un milieu verdoyant chargé d’histoire.

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Il y a une dizaine de jours, Aiden Jouana-René perdait un pilier dans sa vie, son grand-père, Jean Jouana, cavalier hors pair et dont le nom résonnait dans les années 1960. Malgré cette séparation douloureuse, le jeune homme de 25 ans, lui-même cavalier, champion d’équitation, moniteur et entraîneur, ne perd pas le cap. Il s’est donné pour objectif de mener à bien son projet, une entreprise où sa passion pour les chevaux et l’équitation donne un sens à son métier. Cet intérêt pour le monde équin, c’est son grand-père, Jean Jouana, qui le lui a insufflé. Des trois fils de la famille, il est le seul à avoir fait le choix de faire carrière dans ce secteur.
« J’ai hérité de la passion de mon grand-père pour l’équitation et de sa rigueur dans cette activité. C’est lui qui nous, à ma mère et mes deux frères, a transmis son amour pour les chevaux. Il restera mon exemple. C’est dur de parler de lui. Mais les souvenirs qu’il a laissés sont une force pour moi. C’est un homme qui a commencé à zéro, cela ne peut que me booster dans la gestion de mon entreprise et à faire encore plus pour celle-ci », confie d’emblée Aiden Jouana-René.

L’héritage de Jean Jouana
Legasea, poursuit Aiden Jouana-René, est un nom qui résume l’héritage, un amour sans mesure pour les chevaux que lui a laissé son grand-père. Et le destin a voulu, dit-il, que ce nom inspiré de Legacy a surgi le jour même des funérailles de Jean Jouana. De plus, Legasea abrite des vestiges historiques du passé. Des ruines datant des années 1800, réminiscences des activités de la propriété sucrière Constance et qui font aujourd’hui partie intégrante d’un décor où se plaisent chevaux, poneys, sangliers, un âne, une buse de Harris, un dromadaire… Ces anciennes bâtisses en pierres noires taillées épousent harmonieusement une nature luxuriante. Dans cet écrin situé au coeur de Belle-Mare, mais où par magie le bruit d’un village touristique animé reste à sa porte d’entrée, le temps semble rester en suspens. Silhouette élancée de cavalier, arborant une tenue qui sied à son métier, lunettes noires vissées sur le nez, une chevelure soignée, Aiden Jouana-René convient aussi au décor de Legasea.

Formé en France
Il y a 11 ans, alors qu’il s’envolait pour la France afin d’entamer son BAC Pro, Aiden Jouana-René ne se doutait pas qu’il tiendrait les rênes de son entreprise. Entre ses mains repose la bonne marche d’un centre équestre qui s’étend sur 10 hectares avec ses 16 boxes, 19 animaux, dont des chevaux reformés pour des balades et des prestations allant à la location de chevaux pour des entrées et sorties de mariage, des séances de photos… À 25 ans, il dirige une équipe de sept personnes et répond présent sur les lieux 7 jours sur 7. « Quand j’ai compris que ma vie, ma carrière seront axées autour de la filière équine, je n’ai pas hésité à chercher une formation professionnelle à un âge relativement jeune. J’avais 14 ans et je n’étais pas fait pour le cursus académique », dit le jeune homme.

Soutenu par sa famille, il quitte Maurice et s’inscrit à la Maison Familiale Rurale Bournezeau, renommée pour ses formations spécialisées et orientées dans le secteur hippique. De cavalier soigneur à la gestion et conduite de l’entreprise hippique, il se perfectionne et prépare son Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport au Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive à Nantes en 2019. Les placements professionnels au prestigieux centre équestre de Sauveterre aux Sables-d’Olonne, dont il a bénéficié lorsqu’il étudiait dans l’Hexagone, l’ont aidé à se forger et s’armer pour plus tard enseigner l’équitation dans un centre équestre à Maurice.

« Je ne saurais faire autre chose »
Aiden Jouana-René concède qu’il ne pourrait revenir en arrière sur le choix de carrière qu’il a fait. « Je ne saurais d’ailleurs faire autre chose. Avant même que je ne marche, mes parents me mettaient sur un cheval. J’ai commencé à prendre des cours d’équitation à trois ans, et à six ans, je m’engageais dans des compétitions. » Depuis, des trophées, il en a une collection après s’être distingué dans des compétitions équestres à Maurice, à l’étranger, aux Jeux des îles en 2015, où il offre au pays une médaille d’or en équipe et arrache le précieux métal en individuel… De retour à Maurice en 2019, Aiden Jouana-René se dirige vers l’enseignement hippique en intégrant un centre équestre et se charge de la préparation de jeunes cavaliers aux compétitions. Et en janvier dernier, après une parenthèse professionnelle, il fait ses premiers pas dans l’entrepreneuriat.

Électron libre
S’il aborde sa nouvelle vie professionnelle avec une casquette de gestionnaire, il parle aussi du contact privilégié qu’il a avec les animaux de Legasea, notamment ses chevaux et son poney Blue Ivory. Veiller de très près à leur bien-être et leur santé est une responsabilité dont le jeune homme s’acquitte tous les jours sans exception. Au Legasea, dit-il, les chevaux reformés apprennent à évoluer dans un autre environnement et sont « éduqués pour faire confiance aux humains. » C’est dans cette optique, explique le cavalier, qu’il reste celui qui accompagne ses chevaux lorsqu’ils sont sollicités pour des mariages. Tout comme lui, il connaît ses équidés par coeur, ceux-ci connaissent aussi parfaitement le maître des lieux.

« Un cheval est capable de sentir le battement de votre coeur à dix mètres de lui. Lorsque je ne suis pas en forme, mes chevaux le savent. Pour remonter la pente, je fais du cheval. C’est ma thérapie, mon addiction », confesse-t-il. Électron libre, féru de liberté, Aiden Jouana-René se revendique un entrepreneur de son temps, qui aime oser et relever des défis sans se mettre des œillères. « Mon jeune âge est souvent source d’étonnement. Mais à Maurice, nous avons la chance que l’entrepreneuriat s’ouvre de plus en plus aux jeunes. Malgré mon âge, j’ai une longue expérience qui parle d’elle-même. J’ai vécu pratiquement toute ma vie dans des centres équestres », dit le jeune homme.

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