ALLÉGATION DE FAVORITISME PAR LE MINISTRE ARVIN BOOLELL—CONCOMBRE DE MER : Un businessman saisit l’ICAC

Shafeek Jhummun, directeur de Ceylon (Mauritius) Export Co Ltd, spécialisée dans la récolte, transformation et exportation de concombres de mer (barbara), a porté plainte à la Commission anticorruption, accusant le ministre des Affaires étrangères, Arvin Boolell, de « favoritisme » au profit de ses « petits copains », agents politiques et personnes issues de sa circonscription. À plusieurs reprises, le businessman affirme avoir essuyé des refus lors ses différentes demandes de permis et qu’on lui a mis des bâtons dans les roues pour l’empêcher de mener à bien ses activités.
Le nom du ministre est cité dans une affaire d’allégation de favoritisme dans l’allocation de permis pour l’élevage de concombres de mer. Arvin Boolell, soutient le plaignant, aurait concédé des avantages à des personnes issues de sa circonscription (le N° 11 : Vieux-Grand-Port/Rose-Belle). Shafeek Jhummun, qui a déposé une plainte à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) la semaine dernière, dit avoir en sa possession des dossiers prouvant que le ministre des Affaires étrangères aurait accordé des faveurs à des personnes proches de lui, des agents politiques issus du N° 11.
Le plaignant, qui se présente comme le pionnier dans le business des concombres de mer (collecte, transformation et exportation), a démarré son entreprise en octobre 2005. Il a obtenu sa première licence le 21 octobre 2005 pour une validité de six mois pour Maurice et de Rodrigues où environ 2 000 personnes, selon lui, touchaient, directement et indirectement, un salaire décent à travers ce business.
En décembre 2005, Shafeek Jhummun a incorporé la compagnie Ceylon (Mauritius) Export Co Ltd et la licence de son entreprise a été transférée au nom de la compagnie. Racontant ses déboires, M. Jhummun affirme qu’un compétiteur est entré en jeu, dont les shareholders seraient proches du ministre Arvin Boolell et de celui de l’Éducation, Vasant Bunwaree. Par la suite, une autre firme est entrée en scène, dont l’actionnaire principal est un agent politique de Boolell, allègue Shafeek Jhummun. Depuis, affirme ce dernier, il a été « systématiquement persécuté et harcelé » de plusieurs manières.
L’homme d’affaires évoque une série de difficultés, obstacles et retards en vue d’obtenir les clearances d’exportation pour chaque cargaison/expédition à être envoyée à l’étranger, des visites surprises de la Police de l’Environnement, des officiers de la Santé et de ceux du Centre de recherches d’Albion à son site, dans l’unique but, soutient-il, de lui retirer son permis.
Le businessman a demandé un renouvellement de son permis, qui lui a été accordé pour une période de trois mois du 22 avril au 21 juillet 2006 et délivré le 19 mai 2006, soit presque un mois après le début de la validité, ce qui a porté préjudice à ses affaires durant un mois. Il a ainsi dû se battre pour obtenir un permis avec une date de validité à partir de la date de délivrance. Sa surprise ne s’est pas arrêtée à cela puisqu’il affirme avoir obtenu le permis d’opérer uniquement entre Baie-du-Cap et Riambel, soit sur une surface de 12 km. Selon l’homme d’affaires, qui s’appuie sur le Centre de recherche d’Albion, les concombres de mer dans cette région étaient en voie d’épuisement alors que d’autres opérateurs parvenaient à décrocher des permis pour opérer dans d’autres régions à travers l’île. Selon Shafeek Jhummun, c’était pour permettre à ses compétiteurs, proches du ministre Arvin Boolell, d’opérer sur les côtes nord et est de l’île où il affirme avoir déjà formé les pêcheurs et les usines de transformation.
Refus
Toujours selon les dires de M. Jhummun et les informations qu’il a révélées aux enquêteurs de l’ICAC, d’autres compagnies proches du ministre Arvin Boolell et de membres du gouvernement se sont vu attribuer des licences et pour des périodes plus longues et cela dans les quatre coins de l’île.
Il raconte que sa demande pour le renouvellement de son permis le 1er août 2006 a été rejetée. Il devait ensuite faire appel de cette décision, appel qu’il a perdu à nouveau en septembre 2006 car un « trial » était en cours où cinq compagnies ont été choisies pour participer à cette étude. « Comment se fait-il qu’en tant que pionnier, je n’ai pas figuré dans cette étude. C’est trop flagrant qu’il y a eu favoritisme », estime notre interlocuteur qui soutient avoir soumis des rapports méthodiques sur cette activité.
Le businessman revient à la charge et fait une nouvelle demande le 22 janvier 2007. Il fait face à un nouveau refus. La raison avancée : une étude était en cours et il fallait attendre la fin de celle-ci. Selon le témoignage de M. Jhummun, le ministère lui a alors dit qu’il n’y avait pas le quota disponible pour l’exploitation des concombres de mer. Une explication qui lui laisse un goût amer, puisque le directeur de Ceylon (Mauritius) Export Co Ltd estime avoir été le premier à développer ce business de concombre de mer sur une échelle nationale.
À l’appel le 28 mai, en mentionnant ses difficultés rencontrées depuis le début et en dépit d’une proposition au gouvernement de payer un export fee de Rs 100 000 par tonne pour chaque cargaison exportée, le businessman essuie un nouveau refus.
Le 27 août 2007 puis le 6 juin 2008, M. Jhummun fait une demande auprès du Fishermen Investment Trust (FIT) pour la récolte de concombres de mer à St-Brandon en soumettant la proposition de payer un export fee de Rs 100 par kilo au FIT pour chaque cargaison, mais celle-ci est rejetée. Une autre compagnie, allègue ce dernier, qui serait proche du ministre Boolell, a décroché l’autorisation d’opérer dans l’île.
Shafeek Jhummun est aujourd’hui un homme déçu, puisqu’il souligne avoir investi de l’argent et du temps dans cette entreprise et avoir pris des risques majeurs pour former ses employés et pêcheurs, entre autres et avoir beaucoup investi pour faire venir ses clients de Chine, de l’Inde et du Sri Lanka pour des séjours à Maurice dans le cadre de tournées d’affaires.
En attendant la fin de l’enquête de l’ICAC, Shafeek Jhummun réclame un face-à-face avec Arvin Boolell.

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