AMBIANCE – Caudan et Bagatelle : Entre une relance difficile des Craft Markets et des soldes pour rebooster les ventes

Après deux mois de “lockdown”, Bagatelle Mall et le Caudan Waterfront reprennent des couleurs avec le va-et-vient incessant des passants. Ces lieux, avant animés par les Mauriciens et les touristes, connaissaient une frénésie au niveau des achats dans les magasins et les restaurants étaient bondés. La Covid-19 est venue chambouler des projets. Le Caudan peine à se relever et une incertitude plane surtout du côté des Craft Markets, avec beaucoup d’étals vides. Beaucoup de commerçants parlent de « pertes énormes » et de « difficulté à accrocher les clients avec la fermeture des frontières ». Certains voudraient que leurs loyers soient revus à la baisse avec le manque de travail. Les soldes sont venus quelque peu leur permettre de rebooster quoique difficilement leurs ventes. À Bagatelle, le constat est moins flagrant, il y a plus de mouvements, mais le pouvoir d’achat a considérablement baissé. Impressions…

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Du mouvement après le déconfinement à Bagatelle

Comme une halte dans le temps, la création du Caudan Waterfront symbolisait, avant la Covid-19, un centre commercial unique alliant une architecture moderne à un riche passé historique. Flâner dans ses ruelles était pour le visiteur synonyme de découverte de plusieurs magasins mettant en exergue des vêtements locaux et ceux de grandes marques. Avec la Covid-19, la situation des commerçants est devenue précaire, certains se confient et ne cachent pas leur angoisse devant leurs étals vides. Le Caudan a perdu de sa superbe et beaucoup attendent la réouverture des frontières. Pour pouvoir continuer à gagner leur vie, les magasins, dont les bijouteries, ont décidé d’appliquer des soldes, des ristournes allant jusqu’à 50% pour certains, alors que d’autres restent plus prudents et affichent la marge des 30%. Plusieurs Craft Markets, qui régnaient en maître, ont dû battre en retraite. On parle de difficultés financières, faute de présence de touristes, certains ayant préféré délaisser leurs étals le temps d’une grande réflexion sur un avenir qui paraît pour l’instant incertain.

La bijouterie de Marie-Ange a du mal à decoller

Patrick Fleury, du magasin Le Bougainville, essaie d’être optimiste, mais pour combien de temps encore. « Il n’y a pas de touristes et notre commerce pour les Craft Markets dépend essentiellement de la clientèle touristique », dit-il. Si contrairement à ses collègues, il essaie de ne pas se laisser abattre, Patrick ignore pour combien de temps encore. « Le gouvernement a prévu une enveloppe de Rs 500 M pour soutenir le secteur du tourisme, mais la question est de savoir si nous sommes considérés pour cela. J’emploie six personnes, mais il n’y a pas d’entrée d’argent, car il n’y a pas de vente. Comment survivre dans de telles conditions ? Pour une carte postale achetée à Rs 7, le client veut une remise alors qu’à l’hôtel, il va payer plus cher, soit Rs 18 pour la même carte. Aujourd’hui, comment marchander sur les prix ou faire des ristournes quand il n’y a pas de client. » Autre point que fait ressortir Patrick Fleury est que la Banque de Développement « n’est pas vraiment à l’écoute ».

Baisse du loyer des étals : « solution idéale »

Marie-Ange, de chez Elégance, travaille essentiellement avec les clients étrangers pour la vente de ses bijoux semi-précieux dont elle a drastiquement baissé le prix en acceptant de les solder avec une remise de 30%. Le constat est qu’elle peine à trouver de potentiels acheteurs. « Il n’y a pas de travail actuellement. C’est général et c’est visible à tous les niveaux. Les Mauriciens n’achètent pas, ils doivent aller vers l’essentiel pour subvenir aux besoins de leurs familles. Le Covid-19 Bill du gouvernement n’est pas d’une grande aide pour les entrepreneurs. Comment peut-on continuer à payer le prix coûteux d’un emplacement alors qu’on n’a pas de clients ? Les Craft Markets n’attirent plus de clientèle, car toutes les frontières sont fermées », dit-elle.

Elle ajoute : « Autre question qui se pose c’est si les touristes accepteront de venir en vacances pour rester en quarantaine. Certains magasins ont décidé d’avoir recours aux soldes pour pouvoir subvenir à leurs dépenses. On ne peut pas se retrouver avec une dette en faisant des emprunts bancaires qui ne pourront être repayés par la suite par manque de travail. Le loyer devrait connaître une baisse au Caudan. » Pour Marie-Ange, le gouvernement doit aussi penser à ceux qui opèrent dans le secteur de la bijouterie et constater qu’en cette période de pandémie, ce secteur peine pour la relance.

Du côté de chez Mikado, les vendeuses restent confiantes. « Avec les soldes proposées, au fil des mois, le commerce de la bijouterie connaîtra ce regain d’engouement », pensent-elles. Sur les bijoux en or 9 carats, les clients peuvent avoir une réduction de 30%, 25% sur les bijoux en argent et 40% sur les bijoux en acier. « On peut dire que, pour le moment, la formule marche et on reste optimiste », disent-elles. Même son de cloche du côté de Pandora. La marque crée, fabrique et commercialise des bijoux qui allient personnalisation, modernité, savoir-faire et matières nobles, tout en encourageant les femmes à souligner leur personnalité et à exprimer leur propre style en célébrant des moments de leur vie et les valeurs qui animent chacune d’entre elles. Certes, ces deux enseignes reconnaissent que la clientèle n’afflue pas comme ce fut le cas avant la pandémie, mais heureusement que « les soldes ont pu compenser le manque à gagner ».
Côté mode, Harris Wilson essaie aussi de remonter la pente et, pour Parveen, les soldes et les promos sont « des atouts non-négligeables » pour la clientèle mauricienne. « On travaille avec le Sun Resorts et les touristes, mais, avec la Covid-19 et la fermeture des frontières, c’est un peu difficile », dit-elle. Au niveau du Face Shop, la gérante indique que les clients fidèles reviennent et qu’une des forces du magasin repose sur ses produits de visage à base d’avocat ou de riz. « Il y a aussi des produits phares pour les mains et les pieds avec une remise de 10%. Les masques sont No 1 sur le marché. Comme tout le Caudan est en soldes, les gens profitent pour se faire plaisir », souligne-t-elle.
Chez Roxy & Quicksilver, les soldes varient entre 30% et 50%. Quicksilver, étant une marque internationale, est très prisée par les jeunes qui s’identifient à elle. Pour ce qui est des achats, le mot coup de cœur sur le moment revient plus en leitmotiv. Comme le reconnaît la vendeuse, il n’y a pas vraiment de frénésie d’achats, la crise sanitaire ayant fait que les gens revoient leur priorité.

Body & Soul, la marque tendance qui essaie de se positionner malgré la Covid-19

Changement de « roaster »

À Bagatelle, il offre un tout autre visage. Véronique Camille de L’Occitane et de Cocoon précise qu’il y a eu un engouement pour la Fête des Mères lors du déconfinement, après deux mois de “lockdown” et que ce même mouvement se répète en week-end à Bagatelle. Au niveau du Caudan, où les mêmes enseignes sont présentes, le constat est différent car, indique-t-elle, les ventes sont « très lentes » malgré les soldes qui ont démarré le 26 juin.
Parlant de la réorganisation du personnel, l’intervenante dira que la bonne nouvelle est qu’il n’y a pas eu de licenciement. « Nous avons gardé toutes nos Beauty Advisors, mais il y a eu des changements au niveau des “roasters” pour respecter le nombre de personnes en boutique. Actuellement, la perspective d’approche pour la relance des magasins de L’Occitane et Cocoon repose sur la mise en place de plusieurs stratégies en vue de mieux positionner les boutiques du Caudan. Nous communiquerons davantage dès que le plan sera structuré comme il se doit », explique-t-elle.

Quant aux commandes des produits avec la fermeture des frontières, Véronique Camille indique qu’elles arrivent par bateau et que cela prend plus de temps, mais qu’une bonne organisation au niveau du planning leur permet d’être à jour pour leurs campagnes. Lorsqu’on évoque la stratégie de l’Occitane et de Cocoon pour « appâter » de nouveau sa clientèle, Véronique Camille répond que ce sont deux univers différents. « Cocoon représente des parfums de luxe tels que Bvlgari, Tom Ford, Versace, Ferragamo, Tommy Hilfiger et les parfums d’hiver de la marque Tom Ford comme le Black Orchid ou le Versace Eros pour femmes qui sortent plus du lot. Pour L’Occitane, nous avons de nouvelles campagnes tous les mois afin de garder nos clients en haleine. Pendant le mois de juin, nous avons notre nouveauté Herbae L’eau, qui a été un des produits phares et nous aurons à partir du 6 juillet, notre nouvelle campagne Shea Omy, qui invite nos clients à mettre leur créativité en avant », explique-t-elle.

Au niveau du magasin de Candy Shop à Bagatelle, l’employée nous indique que le centre commercial recommence à retrouver ses marques. « Si vous étiez là samedi dernier, on aurait dit une ambiance de Noël. Les gens viennent beaucoup à Bagatelle pour son ambiance de restaurants », dit-elle. Si certaines marques de luxe peinent encore à retrouver leurs repères, les employés des magasins sont sûrs que la Covid-19 leur a permis de réfléchir sur le comment et le pourquoi de la vie. Comme l’indique Céline, une cliente : « Retrouver l’ambiance d’un Shopping Mall est une manière de renouer avec la vie, les rires, les bruits et le va-et-vient incessant des gens. Graduellement, la vie reprendra son cours et cette pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir », estime-t-elle.

CAUDAN ARTS CENTRE : Lapin Blanc Lapin Rouge ce samedi 4 juillet

Pour sa reprise après le déconfinement, le Caudan Arts Centre marque le coup avec une pièce de théâtre Lapin Blanc Lapin Rouge par Nassim Soleiman et jouée par Rachel de Spéville. Une pièce qui permettra aux spectateurs de voir le théâtre autrement. L’idée étant de titiller l’imaginaire du spectateur sur ce qui se passe lorsqu’un acteur se retrouve seul sur scène et n’a aucune idée de ce qu’il s’apprête à jouer. Un théâtre expérimental. Les billets seront en vente à Rs 500 en standard et Rs 250 pour étudiants. Comme nous indique une des responsables, la distanciation sociale « n’est pas importante » mais le port du masque « est obligatoire de même que la prise de température ». Elle ajoute : « On a vendu les places de manière normale, maintenant c’est aux spectateurs de faire le choix de la place qui leur convient. Le dimanche 12 juillet, c’est la Ravanne de Daniella qui résonnera. »

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