APRÈS L’EFFONDREMENT DE LA SILICON VALLEY BANK – Système économique – entre crises et turbulences

L’effondrement de la Silicon Valley Bank (SVB), la deuxième plus grande faillite bancaire en termes nominaux de l’histoire des États-Unis et les turbulences provoquées par l’effet domino – deux jours plus tard, la Signature Bank et la Silvergate ont connu le même sort alors que la contagion touchait d’autres institutions telles la First Republic, 14e banque américaine par la taille des actifs de même que la Crédit Suisse qui a, dès lors, été rachetée par sa rivale, la UBS … – ne font que confirmer la fragilité intrinsèque de l’actuel régime économique global reposant, de manière absolue, sur le système financier et celui du capital. Même sur le continent africain, de nombreux start-up qui avaient fait confiance au SVB pour échapper aux aléas des monnaies locales se retrouvent, ces jours-ci, le bec dans l’eau quant à une éventuelle récupération de leurs fonds.

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Pourtant, après la chute de Lehman Brothers en 2008 suite à la crise des subprimes, événement majeur qui avait entraîné dans son sillage l’effondrement de Wall Street dans son ensemble, l’on nous avait rebattu les oreilles que tout le dispositif de contrôle a été renforcé et que « le système bancaire est plus que jamais résilient ». Mais ce n’était, paraît-il, que des dispositions tout à fait cosmétiques comme ces antalgiques qui apaisent la douleur momentanément sans pour autant combattre la racine du mal qui resurgit subséquemment. Car pratiquement aucune mesure corrective de taille n’avait alors été prise, encore moins des sanctions appropriées contre les fraudeurs et responsables de ces déboires qui, au contraire, avaient même été « récompensés » par l’injection dans le circuit bancaire de 1000 milliards de dollars de l’argent des contribuables américains. Et, le naturel revenant toujours au galop, les mêmes pratiques occultes ont graduellement refait surface comme si la crise n’était qu’un lointain souvenir à être relégué aux oubliettes.

Certes, un des plus grands escrocs de l’histoire de la finance mondiale a été condamné à 150 ans de prison. Une sanction exemplaire mais force est de constater que des criminels financiers de la trempe de Bernard Madoff – car c’est justement de lui qu’il s’agit – ou de Jérôme Kerviel, l’ex-trader français, il y en a partout. Partout où l’avidité et l’appât du gain facile existent et prolifèrent. Même Maurice ne fait pas exception à la règle comme le démontrent d’ailleurs certaines récentes affaires, à l’instar du BAI / Bramer Bank, MCB / NPF, la caisse noire d’Air Mauritius et divers Ponzi Schemes –, affaires qui ont considérablement jeté le doute sur la responsabilité des institutions régulatrices de même que des auditeurs externes. L’on se demande, par ailleurs, comment d’immenses sources de richesses déballées ces jours-ci par l’entremise des voitures de luxe, yachts, motos grosses cylindrées, maisons huppées, snacks, agences de location de voitures, des centaines d’hectares de terres de l’État pour l’élevage et des rave parties, etc ont pu être acquises et placées sous des prête-noms tout en échappant à la vigilance des autorités de contrôle alors que le contrevenant lambda, lui, est toujours inquiété même pour des peccadilles.

Il convient de faire ressortir que lorsque l’homme a perdu son pouvoir au profit de l’argent dans les méandres de l’économie, la malversation et la criminalité financières n’ont fait que croître de manière exponentielle. Pour tenter de cerner le fléau, la politique a un rôle primordial à jouer, en tant que contrepoids mais à condition qu’elle ne soit pas elle-même contaminée. C’est pourquoi dans l’émergence des crises économiques, l’activisme financier n’est pas le seul en cause ; la défaillance de la politique y a également sa part. Et, dans le cadre de la mondialisation, l’absence d’une régulation globale n’est pas pour arranger les choses car il ne saurait y avoir d’économie mondiale saine et bénéfique à tous les peuples sur tous les continents, sans régulation globale. Or, la rivalité commerciale aiguë entre les deux premières puissances économiques, les États-Unis et la Chine, situation épouvantable que la tension croissante au niveau de la géopolitique tend à amplifier, met à mal toute tentative de réglementation. En retraçant l’évolution économique de ces dernières décennies, une dynamique apparaît de façon toute naturelle : les mesures prises par la classe dirigeante pour tenter d’éviter ou d’atténuer une crise à un moment donné ne font que créer les conditions favorables de son émergence sous une forme plus virulente à un moment ultérieur. Dans un sens général donc, un système économique prônant l’implication de « moins d’État » et plus de liberté est toujours propice à l’accaparement par la délinquance financière, l’exposant aux secousses et turbulences de toutes sortes.

Ainsi, si la crise actuelle engendrée par l’effondrement de la SVB nous fait prendre conscience des errements et irresponsabilités du passé, elle doit, en même temps, ouvrir la voie afin de nous permettre de progresser vers plus de coopération et de coordination, c’est-à-dire, plus d’harmonie au niveau de l’économie globale – condition sine qua non du développement et du bien-être des peuples à travers le monde.

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