APRÈS UN LONG SILENCE : Jocelyn Grégoire “back in business”

Le père Jocelyn Grégoire sort de son silence après les événements qui ont secoué sa fédération dans le sillage des élections de 2010. Un grand rassemblement est prévu au collège St Mary’s, Rose-Hill, le dimanche 3 novembre, à partir de midi, sous le thème « Anou lev nou lavwa pou lavenir nou zanfan ». Il dit sa détermination à lutter contre l’injustice, la discrimination et la pauvreté au-delà des races et des communautés.
« Pandan kelke tan FCM ti inpe silansye, me nou pa finn disparet. » C’est en ces termes que le père Jocelyn Grégoire annonce son retour au-devant de la scène. Ce silence qu’il qualifie de « temps de méditation », lui a permis, dit-il, de prendre du recul et d’observer ce qui se passe dans la société mauricienne. Un constat qui, affirme-t-il, le motive davantage à sortir du silence. « Komie tan pou asize get kabri manz salad ? », se demande-t-il.
D’emblée, il fait ressortir que la Fédération des Créoles Mauriciens (FCM), qui regroupe une trentaine d’organisations créoles ne s’inscrit pas dans une logique de confrontation. « Nous oeuvrons pour la minorité. Celle-ci englobe toutes les personnes qui souffrent, qui n’arrivent pas à se faire une place au soleil, indépendamment de leur communauté. »
Il ajoute que les seuls ennemis de la FCM sont « la pauvreté, l’injustice et la discrimination et non pas l’État, l’Église, le secteur privé ou les autres communautés ». Il affirme également son désir de « rester prêtre jusqu’à la mort », mais se dit sensible à ce qui se passe actuellement dans la société.
Selon lui, plusieurs institutions du pays sont malades. Il cite en exemple le ministère de l’Intégration sociale, le judiciaire, l’éducation, notamment. « Nous ne ciblons pas les gens, mais les institutions. »
Soutenant son point de vue, il cite l’exemple de l’intégration sociale : « Comment peut-on lutter contre la pauvreté en donnant des maisons style bwat zalimet aux gens ? » Parlant de la police, il a salué son rôle pour maintenir l’ordre dans le pays, mais l’invite à faire son travail avec discernement. « De nos jours, quand vous dénoncez quelque chose, vous risquez de vous retrouver au banc des accusés. Cela fait peur. »
Au niveau de l’éducation, il a parlé du travail de sensibilisation auprès de la communauté créole. « Mais par la suite, quand l’enfant a fait d’énormes sacrifices et obtient son diplôme de l’université, il n’y a pas d’emploi pour lui. »
Dans le même souffle, le père Grégoire s’est interrogé sur le recrutement pour le nouveau terminal de l’aéroport. « Tous les jours je rencontre des gens de Mahébourg, de L’Escalier, de Plaine-Magnien, qui ont postulé pour un emploi ou pour opérer un taxi à l’aéroport, mais n’ont pas eu leur chance. Si les gens de la région n’ont pas été recrutés, d’où viennent ceux qui travaillent à l’aéroport ? », se demande-t-il.
Il réclame ainsi la publication de la liste des personnes ayant été recrutées pour travailler au nouveau terminal dans un souci de transparence.
Parlant de la réforme électorale, le père Grégoire est d’avis que celle-ci ne sera possible qu’en revoyant le découpage des circonscriptions. « Comment peut-on parler de mauricianisme quand le découpage de 10 circonscriptions ont été fait de manière à privilégier une seule communauté ? »
S’arrêtant sur Rodrigues, il a déploré les récents commentaires de certains ministres à son égard. « Le Rodriguais est un citoyen mauricien. Il faut mettre en place un bureau pour les accueillir et les aider à s’intégrer ici. »
Le président de la FCM a également déploré l’absence d’enfants Creole parmi les lauréats, en dépit des bourses additionnelles sur les critères sociaux. Il s’est dit une nouvelle fois en faveur d’une politique de « positive discrimination » pour permettre à ceux ayant du retard de se rattraper.
Parlant de la mise en place de l’Equal Opportunities Commission, qui a été son cheval de bataille depuis longtemps, Jocelyn Grégoire dit attendre que celle-ci fasse ses preuves. « Je suis peut-être naïf, mais je crois dans la raison d’être d’une telle commission. Sauf que ce n’est que tout récemment que les membres du tribunal ont été nommés. La commission, elle, ne peut qu’enquêter. Je donne donc un peu de temps à cette institution et j’attends à ce qu’elle fasse ses preuves. »
Jocelyn Grégoire prévient également que le rassemblement du 3 novembre n’est « qu’un début ». Il ajoute qu’il y aura d’autres actions à venir très bientôt.

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