ART CONTEMPORAIN: Une renaissance est-elle possible ?

L’exposition Renaissance organisée par l’Institut Français de Maurice (IFM) ouvre dès demain ses portes au public, en dévoilant les travaux que ce thème positif a inspiré à dix artistes mauriciens. La plupart d’entre eux avaient participé à la première étape de cette collaboration avec le centre culturel français, qui s’intitulait alors Tabula Rasa, table rase en latin. Elle prenait place dans les anciens bâtiments se trouvant sur le site qui abrite aujourd’hui l’Institut Français de Maurice (IFM). Cette fois-ci, il s’agit moins de marquer l’existence d’un nouveau centre culturel inauguré depuis plus d’un an, que de réfléchir sur le concept de renaissance en ce début de XXIe siècle.
L’époque de la Renaissance occidentale a vu les artistes retrouver la forme humaine selon des canons esthétiques plus proches de la réalité, réinventer la représentation de la lumière et de la perspective. Cette période a apporté un nouveau souffle dans la création qui s’harmonisait parfaitement à l’histoire en marche, profondément marquée par le renouveau philosophique, politique et social. Les organisateurs de l’exposition La Renaissance postulent que nous vivons aussi actuellement une période de changement et de mutation, qui nous permet de nous interroger sur l’évolution de la création contemporaine. Ils ont fait appel, pour réagir à ces questions, à des artistes mauriciens qui travaillent selon les cas, la peinture, la vidéo, la photographie, l’installation ou encore les techniques de reproductions telles que la gravure.
Pouvons-nous attendre une renaissance de notre époque ? Quels en seraient alors les fondements ? Les participants qui ont tenté de répondre à ces questions sont Mala Chummun, Gérard Foy, Ismet Ganti, Sultana Haukim, Nirmal Hurry, Michaël Lalljee, Alix Lejuge, Krishna Luchoomun, Nirmala Luckeenarain et Raja Sooranah, leurs oeuvres ayant pris place dans tous les espaces plus ou moins vastes du centre culturel depuis hier. La directrice du Fonds Régional d’Art Contemporain de la Réunion (FRAC Réunion), Nathalie Gonthier, se propose de tenter d’apporter quelques réponses et arguments, lors d’une conférence qu’elle donne demain matin, samedi 15 octobre, à 10 h à l’IFM.
Émergence indo-océanique
Originaire de l’Île soeur, cette spécialiste de l’histoire de l’art et de la médiation culturelle a dirigé la programmation culturelle de Saint Denis de 2003 à 2008, avant d’assurer en 2009 le commissariat de la biennale de l’image Photoquai organisée par le musée du Quai Branly à Paris, pour l’océan Indien, l’Afrique du Sud et l’Australie. Son intervention de samedi s’intitulera « La création contemporaine en territoires d’Outre-mer et ses conditions d’émergence ». Elle se demande quelles sont les conditions de l’émergence d’une création spécifique aux territoires du Sud dans le cadre d’un système de légitimation occidental… Elle analysera cette problématique à partir de la situation des territoires français d’outremer, mais nous devrions y trouver des points communs avec Maurice tant notre pays est traversé par les influences extérieures qui se fondent plus ou moins dans l’expression propre à notre identité.
Le FRAC a créé un nouveau projet artistique et culturel, en 2009, sous le titre « Pratiques contemporaines, à la croisée du paysage, des migrations et du territoire ». Revendiquant des pratiques contemporaines métissées et transdisciplinaires, ce fonds d’achats publics entend ici témoigner « de la propension des artistes d’aujourd’hui à réinterpréter les traditions, les usages, à réinventer un autre monde en privilégiant des interventions éphémères ou nomades où le lieu et l’oeuvre interagissent. » Ce projet est ouvert, au-delà de la Réunion, sur le territoire indo-océanique, africain et asiatique. Initialement, la vocation du FRAC est de constituer un fonds d’art contemporain à la Réunion et de veiller au développement et à la valorisation de la création réunionnaise. L’exposition Renaissance donne aussi lieu à des ateliers de gravure animés par Krishna Luchoomun et Nirmala Luckeenarain, auxquels il est encore possible de s’inscrire. La première session se tiendra samedi 22 octobre de 13 à 17 h pour les adultes et les adolescents, tandis que la deuxième session sera réservée aux enfants le samedi 29 octobre, de 13 à 16 h.

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