Assemblée | Fait du jour de la séance-Angus Road Saga : les non-dits parlants de la PNQ avortée !

  • Pour un deal de Rs 7 M en 2002, Pravind Jugnauth paie en cash rubis sur l’ongle plus de Rs 4 M à Bel-Air-Sugar Estate et le flou sur les Rs 3 M restantes
  • Les 4 membres de l’opposition de l’ICAC Parliamentary Committee réclament une réunion d’urgence pour discuter du délit de blanchiment reproché au PM
  • À l’Hôtel du GM, les apparatchiks tentent de se démêler cet écheveau avec pour parade la proclamation de la FIAMLA le 10 juin 2002, avec deux paiements de Rs 1 M et de Rs 500 000 après cette date fatidique
  • XLD dénonce l’arnaque des COVID-19 Emergency Procedures du 3 avril dernier au vu des 50 Ventilators de Rs 476 M de Pack & Blister pas encore opérationnels à ce jour

L’opération Caesar’s Wife Above Suspicion dans l’Angus Road Saga est passée à l’étape supérieure. Le boulet, que traîne le Premier ministre et leader de L’Alliance Morisien, Pravind Jugnauth, avec ces acquisitions immobilières de plus de Rs 27 millions, y compris le transfert de Rs 20 millions d’Alan Govinden à Londres sur le compte de Patrick Rountree, selon les actes notariés, à Vacoas, de Bel-Air Sugar Estate à partir de 2002, devient de plus en plus compromettant sur le plan politique. Ainsi, les non-dits découlant de la Private Notice Question (PNQ) avortée du leader de l’opposition, Arvin Boolell, hier, notamment des paiements de Rs 4 millions en liquide, de plus de Rs 350 000, contrairement aux dispositions de la loi luttant contre le Money Laundering, acculent le Premier ministre. Même s’il n’a pas été en mesure de développer son argumentaire pendant la dizaine de minutes de sa PNQ avant sa suspension, Arvin Boolell a brandi cinq reçus, portant les Nos 812 à 816 émis par Bel-Air Sugar Estate de février 2002 à septembre 2002, confirmant des paiements en espèces, dont les montants varient de Rs 500 000 à Rs 1 million. Ce qui en soi est en infraction flagrante et indéfendable sous la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA).

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Pour ce qui est de la séance du Question Time, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, continue à se poser en bouclier entre l’opposition et les bancs du gouvernement, coupant court à des interpellations supplémentaires avec un potentiel de rebondissements. Parmi les parlementaires, qui en ont fait les frais, le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, lorsqu’il a voulu dénoncer l’arnaque des 50 Ventilators de Pack & Blister sous les COVID-19 Emergency Procedures au coût de Rs 476 millions mais pas encore mis en opération à ce jour. Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a également été soumis à un véritable barrage de questions sur la pandémie du Coronavirus.

Même si dans le Hansard, la PNQ d’hier sera consignée comme un Non-Event parlementaire, les retombées sur le plan politique seront sujettes à rebondissements. Dans un premier temps, les quatre parlementaires de l’opposition, Patrick Assirvaden, Kushal Lobine, Ritesh Ramful et Farhad Aumeer, réclament une réunion d’urgence du Parliamentary Committee de l’Independent Commission Against Corruption pour aborder les dessous de l’Angus Road Saga, Pravind Jugnauth ayant fait l’acquisition d’une série de propriétés immobilières à partir de 2002 et surtout avec les détails qui ont fait l’objet de révélation hier.

« We are very much concerned with the allocation of resources and financial management of investigations that date back to several years », soulignent ces parlementaires dans la correspondance pour réclamer la convocation de cette réunion avec le directeur général de l’ICAC, Navin Beekarry, devant répondre par rapport à ces éléments potentiellement incriminants n’ayant fait l’objet d’aucune enquête que ce soit sur le plan de la FIAMLA ou encore de la Prevention of Corruption Act.

Dans les rangs de l’opposition, en particulier avec Arvin Boolell aux premiers rangs, les révélations accablantes sous forme de cinq reçus de Bel-Air Sugar Estate de 2002 seraient autant d’Evidence Beyond Reasonable Doubt pour que l’ICAC se décide à convoquer Pravind Jugnauth Under Warning avec ses séquelles sur le plan politique. Le montant de tous les paiements, de Rs 500 000 à Rs 1 million, est au-dessus de la limite des Rs 350 000 autorisée à cette époque, donc en infraction flagrante avec la loi contre le blanchiment.

Dans une première tentative de riposte, Lakwizinn du PMO avance que Pravind Jugnauth dispose des explications, dont qu’au moment de ces transactions d’un montant de Rs 4 millions pour un deal foncier de Rs 7 millions et le flou sur les Rs 3 millions restants, la FIAMLA n’était pas encore en vigueur. Mais très vite, le Premier ministre sera rattrapé car les deux derniers paiements, soit de Rs 1 million du 26 août 2002 (reçu No 815) et Rs 500 000 du 28 novembre 2002 (reçu No 816), sont intervenus après le 10 juin 2002, date de la publication de la proclamation 31 de 2002.

Et voilà pour les non-dits de la PNQ du 10 novembre, qui sont venus davantage hanter les couloirs du Prime Minister’s Office et ébranler l’équation avec d’autres rebondissements potentiels sur l’échiquier politique.

Pour ce qui est de l’autre tranche du Question Time, les affaires relevant de la pandémie de COVID-19 ont retenu l’attention, ne reléguant nullement au second plan le couperet du Speaker lors des interpellations supplémentaires de l’opposition. Toutefois, le leader du PMSD a arraché un aveu de taille du ministre de la Santé au sujet des COVID-19 Emergency Procedures, en particulier le contrat des 50 Ventilators de Rs 476 millions décroché par Pack & Blister avec pour genèse un échange de courriels engageant M. COVID-19 du PMO, Zouberr Joomaye.

Le ministre Jagutpal a confirmé que les 50 Ventilators fournis par cette société, basée à Madrid, ne sont pas encore opérationnels car ce ne sera que demain, 12 novembre, que deux techniciens venant de Turquie sont attendus quant à l’installation de ces équipements en vue de leur Commissioning, dont le contrat avait été alloué le 3 avril dernier. Il a ajouté que ces équipements médicaux avaient été reçus le 31 juillet dernier. Pack & Blister, qui avait initialement une période de Warranty d’un an, a vu celle-ci être étendue à trois ans.

XLD : Comment le ministre peut-il expliquer l’empressement d’allouer ce contrat sous des Emergency Procedures avec pour conséquences qu’à ce jour, ces Ventilators ne sont pas encore opérationnels dans les services de Santé publique ?

Jagutpal : Cette décision remonte à la période de COVID-19 à Maurice. C’était sur la base du Worst Case Scenario dressé par l’OMS. Mais aujourd’hui, Maurice est un COVID-Free Country. Nous disposons de ces équipements. Toutefois, une trentaine de Ventilators en service dans les hôpitaux deviendront inutilisables dans un à deux ans.

XLD : Peut-il révéler le nom du représentant local de Pack & Blister car il y aura des pièces de rechange à fournir de même que l’entretien de ces équipements ?

Jagutpal : Les techniciens, qui sont attendus le 12, procèderont à l’installation des équipements, à leur commissioning de même qu’à la formation des techniciens du ministère pour le servicing.

À ce stade, le Speaker devait permettre à Shakeel Mohamed de confirmer que Pack & Blister n’a pas de représentation à Maurice. Après une série d’interpellations supplémentaires d’autres députés de l’opposition, Xavier-Luc Duval tentera de revenir à la charge avec une supplémentaire. Mais il se heurtera à une objection formelle du Speaker, qui avait décidé qu’il ne devait pas y avoir d’autres échanges.

XLD : This is an arnaque. They are stealing money…

Speaker : Next Question.

La chance a voulu que la PQ suivante soit inscrite au nom de Xavier-Luc Duval et porte sur les Ventilators dans les hôpitaux, soit 116 installés et 105 en opération. Le leader du PMSD a pu revenir à loisir et faire son point pour dénoncer le traitement royal accordé par le gouvernement à une Overseas Absentee Firm with no local representative qu’est Pack & Blister et surtout que cette dernière sera payée alors que le maintenance sera assuré par des techniciens de la Santé.

Mais dans le match entre le Speaker et le leader du PMSD, le premier a soutenu à l’égard de ce dernier que « you don’t have the right to comment on a reply ».

De son côté, auparavant, le député Eshan Juman, n’avait pas eu plus de chance aux mains de Sooroojdev Phokeer. Il avait obtenu du ministre de la Santé les conditions de service de Catherine Gaud, soit des salaires de Rs 120 000 par mois et des allocations de Rs 20 000 pour un contrat d’une année renouvelable avec deux mois de salaires supplémentaires à l’expiration de douze mois.

Mais le plus important est que le député travailliste a obtenu de la bouche du ministre que la Dr Gaud n’est pas encore enregistrée en tant que médecin pratiquant auprès du Medical Council. Toutefois, il fut interrompu de manière abrupte par le Speaker quand il s’était mis à dénoncer Catherine Gaud comme courtier dans des cas d’importation de médicaments de La Réunion, avec documents à l’appui.

Speaker (sur un ton péremptoire) : I disallow this question. We move to the next question.

D’autre part, le non-respect du protocole sanitaire par des membres du personnel navigant d’Air Mauritius a fait l’objet de deux questions de Karen Foo Kune-Bacha et de Richard Duval. Le ministre de la Santé a expliqué que l’auto-isolement demeure l’option privilégiée pour ceux qui retournent de voyage et que de toute façon, les Cabin Crews sont bien protégés puisqu’ils travaillent avec des combinaisons. Le ministre s’est appesanti sur les dispositions du protocole sanitaire pour les membres du personnel navigant de la compagnie aérienne nationale.

À la demande de l’Air Mauritius Cabin Crew Association, le protocole a été revu, pour permettre au personnel de la Santé, de se rendre au domicile des membres du personnel navigant pour des tests PCR, au septième jour de leur isolement. Par la suite, ils pouvaient reprendre leurs activités, si le test était négatif. Le 31 octobre dernier, le ministre dit avoir pris connaissance d’un cas où un membre du personnel navigant n’a pas respecté le protocole après le retour d’un vol international.

Il avait accompagné ses enfants à l’école et s’est rendu à l’hôpital de Flacq. Après son retour d’un autre vol, il a été placé dans un hôtel pour quarantaine. Il a subi un test PCR et le résultat s’est avéré négatif. L’affaire a été par la suite référée à la police.

Foo Kune : L’Information Letter du 26 octobre mentionne que le ministère de la Santé a fait état de plusieurs cas où le protocole n’a pas été respecté et que les membres concernés n’étaient pas joignables à leurs domiciles. Peut-on savoir le nombre de membres concernés et quelles ont été les sanctions ?

Jagutpal : Quand un membre du Cabin Crew doit faire son test, on le contacte d’abord. S’il n’est pas joignable, on informe la direction de MK. Les tests doivent être faits dans un délai de deux heures. Nous avons simplement demandé de faciliter notre tâche. Ce qui a été fait.

Duval : Pourquoi le membre du personnel navigant de MK, quand il est à Paris, doit-il voyager dans le même bus que le personnel des autres lignes aériennes, où il n’y a pas de distanciation sociale ?

Jagutpal : Les membres du personnel navigant peuvent voyager dans le même autobus car ils sont bien protégés. Cela ne pose pas de problème. Ils doivent garder leurs combinaisons jusqu’à ce qu’ils arrivent à leurs hôtels.

Uteem : Le ministre vient de dire que le test se fait une fois par semaine. Pourquoi ne pas faire des Spot Checks pour s’assurer que le protocole soit respecté ?

Jagutpal : Le ministère a envisagé les Spot Checks, surtout après avoir appris que certains ne respectaient pas le protocole. On fait également des appels téléphoniques et on sensibilise les membres de la famille à la nécessité de respecter le protocole.

Doolub : Le ministre a indiqué qu’une dérogation a été faite pour le personnel navigant. Pourquoi la période d’isolement est-elle limitée à sept jours, alors que la période de quarantaine est de 14 jours ?

Jagutpal : Il a été décidé que ce sera sept jours au lieu de 14 car, comme je l’ai dit, le personnel navigant travaille avec des équipements de protection ; il a une combinaison complète qu’il garde jusqu’à l’hôtel. Donc, les risques sont moindres. Sans compter qu’ils font aussi le test après sept jours. Cette période est normale.

Foo Kune : À la suite des difficultés des membres du personnel navigant à respecter l’auto-isolement et afin d’assurer la santé de la population, le ministre considère-t-il de les loger dans des centres après des vols internationaux ?

Jagutpal : Je pense que cela doit être discuté avec les représentants d’Air Mauritius et cela concerne également les relations industrielles. Je ne peux répondre à une telle question sur cette plateforme.

XLD : Je n’ai pas entendu le ministre parler des mesures de protection, prévues dans le protocole, pour les membres de la famille des Cabin Crews à domicile. N’y a-t-il pas de risques de contamination ?

Jagutpal : Nous avons parlé de self-isolation, cela veut dire que le personnel navigant se doit de se tenir à l’écart des autres membres de sa famille. S’il ne peut le faire, il doit alors être placé dans un hôtel, avec des facilités de quarantaine.


Passe d’armes entre Juman et le Speaker

Le ton est monté une nouvelle fois avec l’interpellation du député travailliste Eshan Juman lors d’une PQ adressée au Premier ministre, Pravind Jugnauth. Il voulait savoir si c’était une pratique courante de la police de laisser des victimes être transportées à l’hôpital par leurs proches en cas de manque de véhicules au poste de police. Il interpellait Pravind Jugnauth sur le cas d’un enfant mineur de 8 ans dont les parents avaient rapporté au poste de police de Pamplemousses un cas de « causing harm to a child » le samedi 10 octobre dernier.

 « La victime semblait en état de choc. Les deux véhicules affectés au poste de police de Pamplemousses étant déjà engagés dans d’autres fonctions officielles et à la demande de la famille, une voiture privée appartenant à un proche a été utilisée pour conduire la victime à hôpital pour examen médical », a laissé entendre le Premier ministre.

Juman : Can the Honourable Prime Minister inform the House, how many police vehicles are attached to Pamplemousses police station and how many of them were in working order on that day?

PM : From information that I have, there are two police vans.  Both in working order.

Juman : Monsieur le Premier ministre qui est aussi ministre de la Défense, ministre de l’Intérieur et également responsable de la force policière, peut-il nous dire si c’est une pratique courante de la police de renvoyer une victime, dans ce cas précis un enfant de 8 ans qui a été kidnappé, séquestré et abusé, à la maison, en raison d’un manque de transport, et d’appeler plus tard au poste de police pour faire la requête s’il peut conduire l’officier de police et la victime à l’hôpital…

Speaker : Put your question !

Juman : Mr Speaker, please let me finish. I am putting my question.

Speaker : You already put your question ? You have taken so much time. Now only one minute to put your question.

Juman :  I will take the time that it needs.

Speaker : I regulate Parliament. I am ruling. Put your question. I give you one minute.

Juman :  Cette fois-ci, c’est l’officier de la brigade des mineurs.

Speaker :  No !

Juman : Ekoute do. Ekoute!!

Speaker : When you are challenging the Chair, you are doing harm to yourself.

Juman : I don’t know why it is harming you that much.

Speaker : I disallow this question. Next question.


Les envolées parlementaires qui collent

« I cannot put a question which is not mine » (Le leader de l’opposition répondant aux injonctions du Speaker lors de la PNQ avortée)

« I will take the time which it will need » (Eshan Juman au Speaker)

“I welcome the advice tendered by the learned gentleman” (Le DPM Obeegadoo au député Osman Mahomed)

“This is an adjournment matter… Now you are exaggerating. I give a last chance to ask a question” (Le Speaker au même député Osman Mahomed)

“Is she (Dr Gaud) acting as courtier for the Ministry of Health for medical equipment from Réunion…?” (Eshan Juman)

“You don’t have the right to use this language” (Le Speaker interrompant le député Juman)

“Is the minister aware that warehouses at Sunray with Rs 1,2 billion of medical supplies do not have a fire certificate for the last six years?” (Eshan Juman)

“This is an arnaque. They are stealing money” (Xavier-Luc Duval sur les Ventilators de Pack & Blister)

“The suppliers are not the manufacturers of the ventilators” (Le ministre Jagutpal sur Pack & Blister)

“I don’t understand the situation of 20%. Is it one dose required… Why are we waiting for 100% effectiveness while with the flu vaccine it’s only 50%” (Le leader du PMSD sur les vaccins anti-COVID-19)

“We stand guided by the World Health Organisation” (Le ministre de la Santé sur les vaccins et un dépôt de $ 416 000 déjà versé pour des 260 000 doses de vaccin en faveur de 20% de la population, notamment les vieux et les obèses)

« My duty as Minister of Agro-Industry is to protect the wildlife and to wipe a tear from the eyes of the farmer » (Le ministre Gobin au sujet de l’abattage de 10% de la population de 106 218 chauves-souris à l’année dernière)

« If Dr Tatayah contacts me, I’ll give him the minutes of proceedings » (Le ministre de l’Agro-Industrie répondant à Joanna Bérenger sur les chauves-souris)

« We don’t have any control on the claims made by the contractor » (Le ministre Hurreeram sur les travaux d’infrastructure en cours)

“We are one of the six or seven countries in the world which are COVID-Free” (Le DPM Obeegadoo)

« I won’t accept this in my Parliament » (Le Speaker)

« Si to ena kouraz al dir sa deor. O mwin Bérenger inn gayn kouraz pou fer sa li »

Réplique de Boolell: »To pe kasiet. To pa gayn kouraz reponn » (Pravind Jugnauth à Arvin Boolell)

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