Assemblée nationale : Expulsion du député Assirvaden pour clore le Question Time

Ganoo s’en remet au Road Commissioner et à l’OPSG pour une éventuelle révision de la formule de bus gratuit pour les étudiants et le troisième âge

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COVID-19 : Voilà Bagatelle transformé depuis jeudi dernier en centre de quarantaine payant pour des touristes sud-africains

La ministre Fazila Jeewa-Daureeawoo prend la mouche devant le délai de cinq ans dans les préparatifs du Disability Bill

Encore que trois interpellations pour la tranche du Prime Minister’s Question Time

Les séances de l’Assemblée nationale se suivent et se ressemblent, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, ne lésinant pas sur la sanction suprême de l’expulsion de l’hémicycle. Et hier, c’est le président du parti Travailliste et député de l’opposition, Patrick Assirvaden, qui en a fait les frais. C’était à l’extrême limite du Question Time que le député de l’opposition s’est fait expulser. Il avait osé rappeler au président de séance qu’il avait tenté de chercher en vain de « catch his eyes » pour une intervention sur le scandale que représente la filiale CEB Fibernet Ltd, avec des investissements de quelque Rs 800 millions et ce, sans un sou de Return sur des placements. Pourtant, jusque-là, le Question Time s’était déroulé dans une ambiance bon enfant, des jeunes parlementaires de l’opposition, dont Joanna Bérenger, Karen Foo Kune, Farhad Aumeer et Fabrice David, entre autres, montant en première ligne pour interpeller les ministres. Certes, il y a eu le cas de la ministre Fazila Jeewa-Daureeawoo, qui avait pris la mouche en donnant de la voix quand elle avait été reprise à rebrousse-poil par le député du PMSD, Patrice Armance, au sujet du retard de cinq ans accusé dans les préparatifs pour le Disability Bill. En termes de Recurrent Feature, qui semble prendre racine, est le fait que pour la tranche du Prime Minister’s Question que trois interpellations, comme pour la précédente séance, ont fait l’objet d’une réponse par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, laissant les autres parlementaires sur leur faim au sujet de leurs PQS.

La séance questions-réponses tirait à sa fin, le Speaker attribuant la dernière des dernières supplémentaires. Patrick Assirdaven, qui avait tenté en vain d’attirer l’attention de Sooroojdev Phokeer sur le dossier de la filiale de CEB Fibernet Ltd, ne put se retenir. À peine s’était-il mis à protester contre le fait qu’il n’avait pu proposer de supplémentaire que le Speaker allait couper court à son élan.

Speaker (répondant à Patrick Assirvaden de manière péremptoire) : The catching of the eyes rests with the Speaker. It is unquestionable.

Le député Assirvaden avait tenté de placer un mot et voilà qu’il fut de nouveau interrompu par Soroojdev Phokeer.

Speaker : You are questioning my ruling. I order you out.

Cette décision de la présidence de l’Assemblée nationale devait provoquer des protestations des travées de l’opposition. Mais le tour était joué, Patrick Assirvaden ramassant ses documents pour évacuer l’hémicycle. En l’absence du Leader of the House, qui était parti rendre visite au ministre Bobby Hurreeram, admis à l’Intensive Care Unit (ICU) du Princess Margaret Orthopaedic Centre en raison de graves ennuis de santé, le Deputy Prime Minister et ministre des Terres, Steven Obeegadoo, devait proposer la motion pour la nouvelle Night Sitting en perspective pour clore les débats sur le Finance (Miscellaneous Provisions) Bill et la reprise de la motion de censure contre le Speaker.

Répondant à une interpellation du député du MMM, Adil Ameer Meea, le ministre du Transport, Alan Ganoo, devait évoquer la mise sur pied d’un Technical Committee sous la présidence du Road Commissioner de la National Road Traffic Licensing Authority et de l’Office of Public Sector Governance (OPSG) revisité en vue de revoir toute la formule de Free Transport Scheme en faveur des étudiants et des membres du troisième âge.

Ce développement est la confirmation que le rapport de PwC de l’Inde, brandi durant cinq ans par le prédécesseur d’Alan Ganoo, le ministre Nando Bodha, comme la formule magique en vue d’injecter une dose d’efficience dans ces dépenses annuelles de Rs 1,2 milliard dans le transport en commun, est désormais classé.

L’actuel ministre a confirmé que depuis la formule élaborée en 2005 pour le Free Transport Scheme n’a pas été revue, alors que le député du MMM est d’avis que « the system is not effective and is not cost-efficient ». Il devait aussi faire comprendre que cette enveloppe de Rs 1,2 milliard ne couvre que le bus gratuit pour les étudiants et les personnes du troisième âge et « it does not include the Metro ».

D’autre part, la gestion des Pas Géométriques a retenu l’attention de deux jeunes députés de l’opposition, Joanna Bérenger et Fabrice David. Répondant à une PQ de Joanna Bérenger, le Deputy Prime Minister et ministre des Terres a révélé que Maurice compte 5 290 arpents de Pas Géométriques, dont 3 800 arpents sont actuellement loués à bail. Néanmoins, elle devait avoir moins de chance avec son interpellation supplémentaire au sujet du nombre de cas de Non-Compliance des conditions de bail ; Steven Obeegadoo demandant à la parlementaire de venir une prochaine fois avec une Substantive Question.

Le vétéran de l’opposition, Reza Uteem, a essuyé une réponse similaire du Deputy Prime Minister quand il avait voulu savoir si le gouvernement allait adopter la formule de Public Auction pour toute allocation de Pas Géométriques.

De son côté, le député travailliste Fabrice David est revenu sur le dossier des Pas Géométriques alloués à la société Clear Ocean Hotel & Resort à Pomponette. Ce projet d’hôtel avait bénéficié en août 2017 de 30 arpents de Pas Géométriques, dont une superficie de 16,5 arpents de plage publique ‘déproclamée’. « The site is still earmarked for hotel development. There is an on-going case before the Supreme Court », devait répondre le Deputy Prime Minister à la question de Fabrice David au sujet d’un éventuel recouvrement de cette plage publique avec une opération « kraz baraz » pour faciliter l’accès à la plage publique. Il devait faire un plaidoyer en faveur des veloutiers verts et argentés du batatran et pour la préservation de la plage de Pomponette contre l’érosion.

Reprenant Steven Obeegadoo au sujet de sa déclaration par rapport à ce site étant réservé aux projets hôteliers, le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, s’est demandé si dans la conjoncture, le gouvernement ne serait pas mieux avisé de décréter un gel dans la construction d’hôtel.

La parlementaire du MMM, Joanna Bérenger, s’est encore livrée à un combat mano à mano avec la ministre Kalpana Koonjoo-Shah sur les droits des enfants vivant sur des Squatted Lands. Une trentaine d’enfants sont dans cette situation « vivant dans le froid glacial alors que nous nous sommes bien au chaud sous nos couettes ». Et ce, depuis deux mois déjà.

Pour sa part, Kalpana Koonjoo-Shah a trouvé comme parade que « the officers of my ministry went there to meet the parents, who showed a hostile attitude. Nous ne pouvons imposer des services sur des gens qui n’en veulent pas ».

Par ailleurs, le député du PMSD Patrice Armance a dû se reprendre en deux temps pour obtenir confirmation que l’hôtel Voilà Bagatelle a été transformé en centre payant de quarantaine pour des étrangers ayant débarqué à Maurice, notamment des Sud-Africains. D’abord, il n’allait pas avoir de chance lors de ses échanges avec le Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme à la suite de la Parliamentary Question au nom de la parlementaire du MMM, Karen Foo Kune.

Steven Obeegadoo a avancé que la liste des hôtels ayant servi de centres de quarantaine, soit 19 au total, est en voie de compilation. Il a cité l’urgence de la situation avec la pandémie de Coronavirus à compter du 19 mars dernier. « We are making use of all hotels available », s’est-il contenté de répondre aux interpellations supplémentaires.

Par contre, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a confirmé qu’au 23 juillet dernier, la Mauritius Tourism Authority a payé la somme de Rs 74 326 781 à 18 hôtels pour les besoins de quarantaine.

Armance : Que les ministres se mettent d’accord sur le nombre d’hôtels ! L’un dit 18. L’autre 19 et j’ai en ma possession un document où il est mentionné 17. Peut-il confirmer que depuis jeudi dernier, l’hôtel Voilà Bagatelle accueille des étrangers en quarantaine ?

Jagutpal : 18 hôtels sont concernés par la quarantaine de COVID-19. Ces étrangers encourent les frais de ce séjour en quarantaine.

Le député Salim Abbas Mamode devait se joindre aux échanges pour soutenir que ce sont des ressortissants sud-africains qui sont en quarantaine à Voilà Bagatelle. Pressé d’interpellations supplémentaires, le ministre de la Santé devait demander au député de revenir avec une Substantive Question en vue d’autres précisions.

De son côté, la ministre de la Sécurité sociale est sortie de ses gonds quand elle a été acculée pour le retard dans les préparatifs du Disability Bill à la suite d’une PQ du député Fabrice David. Elle n’a pas apprécié le point de l’opposition que pendant cinq ans il n’y a eu aucun développement à ce sujet.

« I don’t want to be nasty. Vous dîtes que rien n’a été fait pendant cinq ans. Between 2012 and 2014, I have been through the file, not a single line has been drafted. I’m not saying this just for the sake of an eye for an eye. Peut-être que le précédent gouvernement avait fait face au même problème. The same challenges. You have to be patient. We are doing the needful », a déclaré Fazila Jeewa-Daureeawoo d’un air quelque peu agacé. Auparavant, elle avait fait mention des mesures prises par le gouvernement en matière d’accès à des immeubles et dans le domaine de l’éducation. Elle devait ajouter que des amendements à la Constitution seront nécessaires en marge de l’adoption du Disability Bill.

PMQT

Le PM : « La patiente malgache accueillie sur une base humanitaire »

La patiente malgache, arrivée en jet privé pour traitement à la clinique Wellkin, a fait l’objet d’une question de Deven Nagalingum, adressée au Premier ministre, Pravind Jugnauth. Celui-ci a répondu que l’autorisation a été accordée sur une base humanitaire, étant donné que les soins nécessaires n’étaient pas disponibles à Madagascar. À une autre question d’Eshan Juman, concernant trois hommes d’affaires indiens qui seraient arrivés à Maurice sur un vol d’Air Mauritius en juillet, le Premier ministre a indiqué qu’il n’avait pas les informations nécessaires et a demandé au député de revenir avec la question une prochaine fois.

À une demande de l’ambassade de Madagascar, permission a été accordée à un jet privé transportant une malade et ses deux proches d’atterrir à Maurice le 12 juillet dernier. En conformité avec le protocole appliqué depuis la fermeture des frontières le 19 mars dernier, les passagers ont effectué un test PCR cinq jours plus tôt. Test qui avait indiqué que les trois étaient négatifs à la COVID-19. Cependant, une fois arrivés à Maurice, ils ont passé un autre test qui a révélé que la patiente était en fait positive, alors que ses deux proches ne l’étaient pas.

Le Premier ministre a précisé que la décision de permettre à la patiente de venir à Maurice a été prise sur une base humanitaire étant donné qu’elle nécessitait des soins non-disponibles à Madagascar. Toutes les précautions ont été prises, a-t-il ajouté, afin qu’elle soit prise en charge en respectant les règles sanitaires par rapport à la COVID-19. Ses proches ont également été placés en quarantaine à la clinique Wellkin. Suivant son test positif, la patiente a été transférée à l’hôpital ENT pour des soins.

À une question du député Ashley Ittoo, Pravind Jugnauth a précisé que 14 personnes qui avaient été en contact avec la malade ont été placées en isolement. Toutefois, leurs tests ont été négatifs et elles ont pu reprendre le travail. Kenny Dhunnoo a, lui, demandé combien de temps le jet privé est resté à Maurice et où a résidé l’équipage. Le Premier ministre a répondu que l’avion est reparti le même jour et que l’équipage ainsi qu’un médecin accompagnateur sont restés à bord.

Deven Nagalingum a alors demandé, pourquoi le même protocole n’avait pas été appliqué pour les membres d’équipage d’un bateau de croisière, dont les tests étaient négatifs et qui voulaient rentrer au pays. Le Premier ministre a insisté sur le fait que le cas de la Malgache relevait d’une question de santé et que c’était différent des « seafarers ».

Une autre question, celle d’Eshan Juman, a été adressée au Premier ministre concernant les arrivées et les départs, du 1er mars 2020 à ce jour. Dans sa réponse, le Premier ministre Pravind Jugnauth a indiqué qu’il y a eu 85 237 arrivées à Maurice et 113 498 départs pour cette période. Ces chiffrent incluent les passagers de Rodrigues ainsi que ceux en transit. Parmi eux, on comptait dans les arrivées, 17 081 Mauriciens, 49 556 touristes et 6 544 étrangers détenant un permis de résidence ou de travail.

Pour les départs, il y avait 9 562 Mauriciens, 84 796 touristes et 6 728 étrangers. Telle est la réponse donnée par le Premier ministre au député Eshan Juman. Par la même occasion, il a précisé que Maurice n’accorde pas de permissions spéciales pour quitter le pays. La loi, a-t-il poursuivi, ne permet pas d’empêcher quelqu’un de quitter le pays.

Le député travailliste a également demandé au Premier ministre, quelle était la procédure concernant le « clearance » permettant aux avions privés d’atterrir à Plaisance. Pravind Jugnauth a indiqué que cette responsabilité incombe au directeur de l’aviation civile. Pendant la pandémie de COVID-19, ce dernier doit également consulter les ministères de la Santé et des Affaires étrangères, ainsi que le National COVID-19 Committee.

Juman : Le 22 juillet, trois hommes d’affaires indiens sont rentrés à Maurice sur le vol MK 111, avec un business visa. Comment se fait-il qu’ils aient été privilégiés au détriment de nombreux Mauriciens, toujours en détresse dans la Grande Péninsule ?

Jugnauth : J’ai une longue liste de passagers et ce serait difficile pour moi d’aller faire un relevé pour identifier les personnes en question.

Juman : J’ai déjà donné la date, le vol et les noms des passagers…

Jugnauth : Si l’honorable membre revient avec une question spécifique à ce sujet la prochaine fois, j’y répondrai.

Juman : Y a-t-il des critères spécifiques permettant aux étrangers d’entrer à Maurice ? Existe-t-il un protocole général ou est-ce au cas par cas ?

Jugnauth : Cela dépend de la demande et des justifications. Pour ce qui est du rapatriement des Mauriciens, le ministre des Affaires étrangères a déjà répondu longuement à ce sujet. On procède par priorité, car on ne peut permettre d’aller au-delà de notre capacité de quarantaine. Cela mettrait trop de pressions sur notre personnel de santé et autre, pour faire le suivi de la situation. C’est pour cela que nous sommes aujourd’hui, un des rares pays au monde à être COVID-Free. Avant d’embarquer, les passagers doivent procéder à un test PCR cinq jours auparavant. Il y a eu quelques cas qui étaient positifs à leur arrivée à Maurice, mais nous avons pris toutes les précautions nécessaires pour qu’ils soient admis à l’hôpital pour traitement. Si les personnes dont vous parlez sont venues à Maurice, elles doivent être passées par la quarantaine également.

Eshan Juman : Combien de Mauriciens sont toujours en détresse à l’étranger ?

Pravind Jugnauth :  Je l’ai dit, le ministre des Affaires étrangères a déjà répondu longuement à ce sujet. Il y a un certain nombre de personnes dans différentes régions du monde. Nous faisons de notre mieux pour les rapatrier, en ordre de priorité.

 

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