Débats sur le discours-programme : interventions des députés

Tania Diolle : « Développement humain avant indicateurs économiques »

- Publicité -

Pour son “maiden speech”, la Parliamentary Private Secretary Tania Diolle s’est attardée sur son parcours et ses expériences personnelles qui l’ont menée à la vie politique. Elle n’a pas manqué d’adopter un ton persifleur contre l’opposition parlementaire et extra-parlementaire avec des allusions à peine voilées. Elle a souligné que si, par le passé, en tant que membre de l’opposition extraparlementaire, elle avait émis des critiques sur certains sujets, elle est « ravie » aujourd’hui de constater que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, « a été réceptif et a pris des mesures » en conséquence. C’est notamment le cas, selon elle, en ce qui concerne la violence domestique. « La vision du gouvernement est de mettre le bien-être de la population avant les indicateurs économiques. »

Citant tour à tour Michelle Obama, Rihanna et Rabindranath Tagore, Tania Diolle a parlé de ses convictions, précisant qu’elle ne se « considère pas comme une personne parfaite » et que ce sont ses imperfections qui l’aident à progresser. Elle est revenue sur son parcours, partant de ses engagements en tant qu’étudiante jusqu’à son entrée en politique, pour justifier sa présence dans l’hémicycle. Tania Diolle a également été très critique envers l’opposition pour leur boycott du discours-programme, allant même jusqu’à dire qu’il s’agit d’une « opposition sénile souffrant d’une maladie profonde ».

Elle a ainsi appelé l’opposition à s’engager de manière « plus constructive », ajoutant que lorsque Alan Ganoo et elle-même étaient dans l’opposition, ils faisaient des propositions et ne se contentaient pas de critiquer. « J’avais formulé des critiques contre le Protection Order. Une semaine après, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a réagi. Il a mis un comité ministériel sur pied pour se pencher sur la question. Aujourd’hui, la violence domestique est “high on the agenda”. » Citant les mesures proposées dans le discours-programme, elle a émis le souhait que le terme « féminicide » soit ajouté au cadre légal, comme c’est le cas dans d’autres pays, ainsi que le “duty to report”.

Elle est également revenue sur les différentes mesures sociales prises par le gouvernement, allant du salaire minimum à la Workers’ Rights Act. « Ces mesures montrent que le gouvernement privilégie le développement humain, le bien-être de la population, au lieu de se focaliser sur les indicateurs économiques. » Insistant sur le “social safety net”, elle s’est permis d’ajouter une touche de “culture pop” à son discours en reprenant les paroles de la chanson Umbrella de Rihanna (« Now that it’s raining more than ever / Know that we still have each other / You can stand under my umbrella… »), faisant ainsi référence à l’attention du gouvernement envers la population.


Mahend Gungapersad souhaite un changement pour l’éducation

Le député de l’opposition du No 6, Mahend Gungapersad, s’est démarqué lors de son intervention sur le discours-programme, principalement sur le secteur de l’éducation, dans lequel il compte une longue expérience. Il a aussi formulé des suggestions au gouvernement.

Pour le député, « le capital humain se développe à travers un système éducatif qui répond aux normes ». A ce sujet, il avance que d’autres pays ont apporté des réformes dans le secteur de l’éducation à travers des consultations, ce qui aurait dû se faire à Maurice, selon lui. Mahend Gungapersad regrette en outre que la compétition dans le secteur n’a pu être réduite et que « rien n’a pu être fait pour relever un système éducatif qui souffre ». Pour lui, « il est nécessaire que nous nous inspirons des pays étrangers », citant en exemples des pays tels la Malaisie ou le Danemark, « qui ont introduit des cours sur la joie, l’amour ou l’égalité ».

Il fait également ressortir que d’autres pays mettent l’accent sur la technologie et la science, créant ainsi un engouement des élèves pour ces domaines. « Où en sommes-nous ? » demande-t-il à la majorité. Lors de son discours, le député a demandé à la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun, d’augmenter le soutien financier aux Ong travaillant avec les enfants ayant des besoins spéciaux. Par ailleurs, le député estime que les méthodes utilisées pour l’apprentissage et l’enseignement doivent être revus, ce qui est important, selon Mahend Gungapersad, « compte tenu de la manière dont les langues sont apprises » à l’école. Il demande également que les recteurs de collèges aient « plus d’autonomie » ainsi que la révision du National Curriculum Framework pour le primaire. Autre suggestion : l’introduction du concept de “differentiated teaching” dans les classes.

Mahend Gungapersad a aussi répondu aux critiques des membres du gouvernement à l’égard de l’opposition, mais a surtout donné une leçon d’humilité à Ismaël Rawoo. En effet, pour le député, « la sagesse demande de ne pas jamais lancer de pierres si on vit dans une maison de verre ». Et de poursuivre en direction d’Ismaël Rawoo : « Rien ne dure à jamais. Nous ne devons pas être fiers. Il faut être humble dans la victoire, et non avoir des paroles blessantes. » Avec pour effet de voir le principal intéressé esquisser un sourire déconcerté.


Khushal Lobine appelle à la réforme constitutionnelle

Un appel urgent pour des réformes constitutionnelles majeures. C’est ce qu’a demandé le député de l’opposition et membre du PMSD Khushal Lobine lors de son intervention sur le discours-programme. Ces réformes, selon lui, « sont essentielles pour assurer une meilleure démocratie » dans le pays.

« Il est plus que nécessaire d’apporter des réformes majeures à notre Constitution, car il nous faut cette démocratie constitutionnelle », estime le député. S’il ne demande pas une Cour constitutionnelle, ces réformes, en revanche, s’avèrent selon lui « nécessaire pour le bien de notre démocratie ». En tant que nouveau député, il avance qu’il ne peut s’écarter de ses « deux obligations », soit « d’assurer le bon fonctionnement de la démocratie » et de « travailler pour le peuple ». Et de soutenir que, « pour que cela se produise, il faut que nos compatriotes aient le droit de parler et de critiquer nos politiques ». Cependant, pour arriver à une société inclusive, « il faut qu’il y ait des réformes constitutionnelles pour répondre aux attentes » de la population.

Pour le député, le discours-programme « n’est pas en ligne avec la vision de l’ancien gouvernement ». Il regrette ainsi que le document ne fasse pas état de la Freedom of Information Act, et ce alors que l’ancien gouvernement voulait adopter cette loi. Idem concernant la clause de confidentialité au sujet de gros projets valant plusieurs milliards de roupies, absente elle aussi, dit-il. Quant au plan Marshall, il n’a pas non plus été évoqué dans le programme, dit-il, alors qu’il permettrait « de sortir les gens de la pauvreté ».
Sur le plan environnemental, Khushal Lobine est revenu avec le projet Maurice Île Durable qui, dit-il, « contenait toutes les mesures pour un pays durable ». Aussi regrette-t-il aussi l’absence dans le discours-programme de l’item “green jobs”. Enfin, il n’a pas manqué d’égratigner le gouvernement sur le choix du président de la République, « qui aurait dû plutôt revenir au peuple ».


Anjiv Ramdhany : « Un PM 4.0 ou un leader de l’opposition 2.0 ? »

Anjiv Ramdhany, député de la majorité (No 6) a d’emblée estimé que « tout le monde à Maurice mérite d’avoir des soins de santé de qualité ». Raison, dit-il, pour laquelle « de nombreux projets » dans le secteur sont en train de voir le jour. Ainsi, selon lui, la décision d’augmenter l’assistance financière à Rs 1 million pour les patients souhaitant se faire opérer à l’étranger « est une mesure fort louable », estimant que l’ancien gouvernement « n’avait rien fait pour les membres des familles souhaitant accompagner leur proche » à l’étranger.

Il a tenu aussi à remercier la ministre de l’Education quant à la mesure visant à augmenter le nombre de crédit pour accéder au Higher School Certificate. « What do you want ? A Prime minister 4.0 or a leader of the opposition 2.0 ? I let the public decide. Vladimir Putin stated that artificial intelligence is the future for all the human kind. » Parlant ensuite du changement climatique, il dit apprécier les divers projets de restauration de drains afin de lutter contre les inondations. À Fond-du-Sac, rappelle-t-il, le “cut off drain” fonctionne d’ailleurs « à 100% ».

S’en prenant à l’opposition, il a estimé que cette dernière « fait de la comédie en s’étant absentée du discours-programme ». Et de « rassurer la population » à l’effet que le pays « est entre de bonnes mains » avec Pravind Jugnauth comme Premier ministre, ce dernier étant prêt, selon lui, « à améliorer la qualité de vie de la population ». Il poursuit : « Dans la mythologie hindoue, le Dieu Shiva boit du poison pour empêcher la destruction du monde. Ici, à Maurice, nous avons un chef du gouvernement dont nous devons être fiers. Allons réaliser nos rêves ! Allons montrer au monde que nous sommes une grande nation. »


Karen Fook Yune : « Mon rôle est de servir, non pas de “se” servir »

« Je travaillerai dans l’ intérêt de la nation pour servir, non pas pour “se” servir. » C’est ce qu’a déclaré la députée Karen Fook Yune. « Je travaillerai pour les femmes, les enfants et les jeunes », a-t-elle souligné. Elle estime que le discours-programme contient « quelques points positifs », mais qu’il y a aussi « un manque de cohérence » dans ce projet de société. Son rôle, dit-elle, c’est de s’assurer que les intentions du gouvernement se traduisent dans la réalité pour qu’il y ait « plus de protection sociale et moins d’inégalité ».
À ce titre, Karen Fook Yune entend jouer le rôle « de chien de garde » au Parlement. La députée du No 20 a souligné qu’elle a sillonné cette circonscription pour écouter les revendications des citadins et « c’est pourquoi je compte défendre mes mandants bec et ongles pour combattre l’injustice, la corruption et le népotisme ».

Parlant de la réforme électorale, elle a souligné l’intention du gouvernement de proposer un système de quota « pour améliorer la représentativité féminine au Parlement ». Toutefois, dit-elle, « là n’est pas la question ». Elle ajoute : « Il faut plutôt créer des conditions pour que plus les femmes s’intéressent à la politique. »

Au chapitre de la violence domestique, Karen Fook Yune trouve que, très souvent, c’est la femme qui est appelée à quitter le domicile pour aller chercher refuge dans une maison d’accueil. « Pourquoi une telle pratique ne s’applique pas aux hommes ? » se demande la députée. Concernant les jeunes, elle dit constater que « beaucoup de diplômés sont sans emploi actuellement ». Elle poursuit : « Un jeune sur quatre se trouve dans cette catégorie. En raison de cette situation, ils sont incapables de réaliser un projet de vie. Pire encore, avec l’avènement des cinq “credits”, 70% des jeunes ont échoué aux examens du School Certificate. Ils sont fragilisés. C’est pourquoi je propose un Master Plan pour le secteur éducatif. » De plus, les jeunes, dit-elle, détestent le népotisme. « Imaginez un peu si des protégés des politiciens avaient participé aux récents Jeux des îles de l’océan Indien. Les résultats auraient été catastrophiques. La même politique devrait s’appliquer dans notre société », estime-t-elle.

Par ailleurs, parlant de la protection de l’environnement, Karen Fook Yune devait souligner la nécessité de bannir l’usage du plastique. « Pourquoi ne pas commencer avec l’emballage des boissons ? » se demande-t-elle. En tant qu’ancienne sportive, elle souligne que « le gouvernement devrait songer à accorder une importance particulière aux sportifs de haut niveau qui ont pris leur retraite ». Elle ajoute : « Très souvent, ces derniers sombrent dans la dépression, car ils ont consacré toute leur vie au sport de haut niveau et, après la retraite, ils sont livrés à eux-mêmes. » Parlant de sa circonscription, elle souligne qu’il y a « un manque aigu » de loisirs, particulièrement à La Valette.


Fabrice David préoccupé par la montagne de la dette publique

Comment le gouvernement financera-t-il toutes les mesures annoncées dans ce budget alors que nos dettes publiques dépassent les Rs 300 milliards ? C’est ce que demande le député Fabrice David. « Maurice importe la majorité de ses produits de consommation, ce qui fait qu’elle enregistre un déficit commercial conséquent. En sus de cela, l’investissement privé est stagnant. Le pays ne produit pas assez pour soutenir la croissance économique et se fie ainsi à la consommation. Le taux de croissance économique a été révisé à la baisse, passant de 3,8% à 3,3% », a fait ressortir le député.
Il a tenu à rappeler que ce n’est pas une question de joindre les pays à forts revenus. « Pour que cela soit possible, il faut que Maurice soit soutenue par la technologie de pointe dans le secteur manufacturier, l’énergie verte et l’économie de l’océan et la technologie informatique. Il faut que le concept de “Ease of doing business” soit traduit dans des emplois à haut revenu. Le secteur manufacturier de pointe a une grosse possibilité de création d’emploi, favorisant la croissance économique », a-t-il indiqué.

Le député a de même rappelé qu’un pays, comme le Rwanda, a démarré la production de Smart Phones et de voitures. « Maurice doit s’inspirer de cette approche pour se frayer un passage au-devant de la scène. C’est à travers des Joint-Ventures qu’on aura le transfert du savoir-faire. L’économie bleue a le potentiel de transformer le pays à travers la création d’emplois, l’exploitation de la profondeur marine pour fabriquer l’air conditionné, la fabrication des produits pharmaceutiques, la thalassothérapie, etc. », dit-il.

En ce qui concerne l’énergie renouvelable, Fabrice David estime que Maurice « doit être en mesure d’atteindre 100% de la production de l’énergie renouvelable ». Plusieurs, dit-il, ont déjà atteint ce seuil. « L’Uruguay est presque arrivé à ce résultat en moins de dix ans et Maurice doit augmenter sa part de production dans l’énergie éolienne », dit-il. Dans le secteur de l’ICT, il explique que la Cybercité d’Ébene doit être transformée en un “dynamic tech hub”. « J’ai l’impression qu’on dépend un peu trop des “call centres” à présent. Il faut créer un nouveau modèle économique pour la création d’un “software and hardware centre” qui favorisera l’apprentissage », a-t-il dit.

Parlant du secteur des petites et moyennes entreprises, Fabrice David a demandé au gouvernement « d’accorder une importance particulière aux effets de l’introduction du salaire minimum sur ces entreprises ». Il ajoute : « On ne peut ignorer le fait que des petits entrepreneurs ont licencié leurs employés pour survivre, comme c’est le cas dans ma circonscription. Il est vrai qu’il est important d’accorder une importance particulière aux démunis, mais ce qui est alarmant, c’est l’absence d’un plan cohérent pour financer des mesures sociales. »

De plus, il estime que l’utilisation des fonds du Special Reserve Fund de la Banque de Maurice est un “wake up call” sur la nécessité de trouver d’autres moyens de générer des revenus. « Il faut établir un nouveau modèle économique. Nous voyons là le défi de réconcilier l’aspect économique et social de notre développement auquel se rajoute l’obligation de préserver notre environnement. En tant que jeune socialiste convaincu, je soutiendrai dans cette assemblée toute mesure qui vise à redonner un dynamisme à nos plus démunis, à intégrer ceux qui se sentent exclus et à corriger les inégalités », a déclaré Fabrice David.

Derrière la pauvreté, dit-il, il y a des drames humains. « Des hommes et des femmes désespérés. Je prends bonne note de l’intention du gouvernement d’intensifier la mise en œuvre du Plan Marshall. Toutefois, je déplore que, dans le discours-programme, pas une ligne ne soit consacrée à la transformation de la vie des handicapés. Nos bâtiments publics se présentent pour la plupart avec des marches sans rampe d’accès. Il faut réviser nos lois pour donner une meilleure accessibilité aux personnes autrement capables », a-t-il déclaré. Il souligne, par ailleurs, qu’il a hâte de découvrir les mesures du Climate Change Bill. « Malgré nos divergences, malgré nos différences, j’ai envie de croire que ce qui rassemble est beaucoup plus grand que ce qui nous divise. L’intérêt de notre population doit constamment être notre priorité et encore plus dans ce contexte d’urgence économique et écologique. Soyons donc nous-mêmes le changement que nous voulons voir », dit-il.


Kalpana Koonjoo-Shah : « La définition de la violence domestique a été étendue »

D’emblée, la ministre de l’Égalité des Genres, Kalpana Koonjoo-Shah, a fait remarquer qu’elle a été élue au No 7, qui a toujours été représenté au Parlement par un géant de la politique, en l’occurrence sir Anerood Jugnauth. Elle a tenu à remercier le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui a eu « le courage » de choisir de nouveaux visages pour former son gouvernement.

« Nous continuons à parler de manque de représentativité féminine au sein du Parlement, mais regardons un peu autour de nous. Nous avons dix parlementaires femmes au sein du Parlement de notre côté et, de l’autre, il y en a quatre », a-t-elle déclaré. Ce programme du gouvernement, dit-elle, est « le vœux du Premier ministre d’accéder à un nouveau palier de développement pour le pays ». Elle dit « ne pas comprendre pourquoi l’opposition a choisi de boycotter le discours présidentiel ». « Je pense que c’est un déshonneur au choix démocratique de la population. Je pense toute la population ne comprend pas la logique de l’opposition. Elle démontre que “common sens is not that common” », souligne-t-elle.

Elle dit de plus noter que l’ambiance au sein de l’hémicycle est « calme » et qu’il n’y a pas de “walk out”. « De toute façon, en faisant un “walk out”, on ne peut influencer le déroulement des travaux parlementaires. Je souhaite que le nouveau leader de l’opposition agisse autrement », a-t-elle déclaré. Elle ajoute : « Il reste très peu de politiciens des années 70 au Parlement de nos jours. Parmi, on compte Paul Bérenger qui nous a impressionnés par ses prestations. »

Kalpana Koonjoo-Shah a souligné « la nécessité de briser le “gender gap” » dans notre société. Un Gender Equality Bill, dit-elle, sera bientôt présenté au Parlement pour éliminer les discriminations à l’égard des deux sexes. « Le temps où les femmes “cleaners” touchaient un salaire de Rs 1 500 par mois est révolu grâce à Pravind Jugnauth. Les statistiques démontrent qu’au 1er juillet 2018, sur 212 000 personnes âgées, 15% étaient des femmes. Il est indéniable que celles-ci vivent plus longtemps que les hommes, ce qui fait qu’il y a plus de femmes âgées dans le pays. C’est pour cette raison que mon ministère présentera un projet pilote pour favoriser l’interaction des femmes âgées », explique-t-elle.

En outre, un livre blanc sera aussi publié « pour aider les femmes à se lancer dans des microprojets ». En ce qui concerne la protection des enfants, elle devait annoncer qu’un Children’s Bill « audacieux » sera présenté au Parlement pour la mise sur pied d’une Children’s Court afin de protéger les enfants de la violence criminelle. La ministre devait aussi annoncer la mise sur pied d’un National Familly Council. « Quelque 1 760 cas de violences domestiques sont rapportés annuellement et le coût économique est estimé à Rs 2 milliards par an », indique-t-elle.

Elle a de même profité de l’occasion pour présenter ses condoléances à la famille qui a récemment perdu une mère par le biais de la violence domestique. « La violence à l’égard des femmes est la priorité des priorités de ce gouvernement. Un comité de haute instance est d’ailleurs présidé par le Premier ministre. Au fait, la définition de la violence domestique a été étendue pour inclure le viol, la violence domestique, le “marital rape”, l’abus des enfants, l’infanticide féminine, le harcèlement émotionnel et sexuel, la prostitution, la pornographie et la violence politique », explique-t-elle. La Domestic Violence Act, soutient-elle, sera modifiée pour inclure la réhabilitation des auteurs d’actes de violence domestique. « Un “model shelter” pour les victimes de “Gender Base violence” sera aussi mis sur pied », dit-elle.


Subashnee Mahadao-Luchmun Roy : « L’absence de l’opposition au discours programme pas honorable »

L’absence des parlementaires de l’opposition lors de la présentation du discours-programme ne leur fait pas honneur ni même à leurs mandants, qui ont voté pour eux. C’est ce qu’a soutenu la députée Subashnee Mahadao-Luchmun Roy lors de son intervention sur le discours-programme. « Cette auguste assemblée est le résultat des votes exprimés par le peuple. Les membres de l’opposition n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes pour leur absence », a-t-elle dit. Au tout début de son discours, elle a tenu à remercier le Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour avoir porté son choix sur sa candidature.

Parlant du discours-programme, la députée souligne que le gouvernement « accorde de l’importance à la consolidation de l’État providence, à la justice sociale, à l’Empowerment des jeunes et au développement économique, entre autres ». Le Premier ministre, dit-elle, a démontré qu’il est « un homme de parole qui trace l’avenir du pays ». Elle ajoute : « Avec l’application du Plan Marshall et l’accès à un logement décent, ce gouvernement démontre qu’il tient à cœur le sort de la population. »

Par contre, dit-elle, « la violence à l’égard des femmes est inacceptable, de même que l’abus de la drogue chez les jeunes ». Elle poursuit en soulignant que « ce gouvernement compte transformer le pays pour qu’il n’y ait pas de différence entre les villes et les villages ». Par ailleurs, elle ajoute qu’avec le changement climatique et les inondations, « plusieurs endroits dans sa circonscription ont besoin d’une attention particulière ». Elle devait citer, entre autres, Cité La Cure, Le Hochet et Vallée-des-Prêtres.


Mahend Gungapersad souhaite un changement pour l’éducation

Le député de l’opposition du No 6, Mahend Gungapersad, s’est démarqué lors de son intervention sur le discours-programme, principalement sur le secteur de l’éducation, dans lequel il compte une longue expérience. Il a aussi formulé des suggestions au gouvernement.

Pour le député, « le capital humain se développe à travers un système éducatif qui répond aux normes ». A ce sujet, il avance que d’autres pays ont apporté des réformes dans le secteur de l’éducation à travers des consultations, ce qui aurait dû se faire à Maurice, selon lui. Mahend Gungapersad regrette en outre que la compétition dans le secteur n’a pu être réduite et que « rien n’a pu être fait pour relever un système éducatif qui souffre ». Pour lui, « il est nécessaire que nous nous inspirons des pays étrangers », citant en exemples des pays tels la Malaisie ou le Danemark, « qui ont introduit des cours sur la joie, l’amour ou l’égalité ».

Il fait également ressortir que d’autres pays mettent l’accent sur la technologie et la science, créant ainsi un engouement des élèves pour ces domaines. « Où en sommes-nous ? » demande-t-il à la majorité. Lors de son discours, le député a demandé à la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun, d’augmenter le soutien financier aux Ong travaillant avec les enfants ayant des besoins spéciaux. Par ailleurs, le député estime que les méthodes utilisées pour l’apprentissage et l’enseignement doivent être revus, ce qui est important, selon Mahend Gungapersad, « compte tenu de la manière dont les langues sont apprises » à l’école. Il demande également que les recteurs de collèges aient « plus d’autonomie » ainsi que la révision du National Curriculum Framework pour le primaire. Autre suggestion : l’introduction du concept de “differentiated teaching” dans les classes.

Mahend Gungapersad a aussi répondu aux critiques des membres du gouvernement à l’égard de l’opposition, mais a surtout donné une leçon d’humilité à Ismaël Rawoo. En effet, pour le député, « la sagesse demande de ne pas jamais lancer de pierres si on vit dans une maison de verre ». Et de poursuivre en direction d’Ismaël Rawoo : « Rien ne dure à jamais. Nous ne devons pas être fiers. Il faut être humble dans la victoire, et non avoir des paroles blessantes. » Avec pour effet de voir le principal intéressé esquisser un sourire déconcerté.


Kenny Dhunoo : « Le peuple a fait le choix de la continuité »

Kenny Dhunoo, back-bencher de la majorité du No 17, s’est appuyé sur les engagements de l’Alliance Morisien pour les cinq prochaines années. « Le peuple a fait le choix de la continuité », dit-il.

Selon lui, ce choix trouve son origine dans les projets socio-économiques entrepris par le gouvernement précédent « pour améliorer la vie » des Mauriciens. Dans ce contexte, il cite les mesures du précédent gouvernement et ajoute qu’une « base est déjà posée pour que le nouveau gouvernement continue à consolider » ce qui a déjà été établi. Pour lui, le programme du gouvernement « mise beaucoup sur les jeunes et n’oublie pas les personnes âgées », rappelant notamment l’augmentation de la pension de vieillesse.

Le député a également évoqué la technologie et l’innovation. « L’innovation est essentielle si nous voulons devenir un pays développé », mentionne-t-il. Selon lui, le gouvernement a investi dans le secteur de la recherche et du développement, et cette transition vers la technologie, pour lui, « sera apportée par le pouvoir » en place.

D’autre part, le député estime que la population a « travaillé durement » pour le progrès du pays, et ce aux dépens de moments de loisirs. Or, selon lui, des mesures sont présentes dans le programme du gouvernement afin d’accorder plus de temps de loisirs aux travailleurs. Et de conclure son discours en critiquant l’opposition, à qui il demande « d’arrêter avec leurs “petty politics” ».


Ismaël Rawoo : « Le gouvernement est ferme pour réaliser ses projets »

Le député du gouvernement du No 13, Ismaël Rawoo, a fait part du souhait du gouvernement pour les cinq ans qui viennent. « Le gouvernement est ferme pour réaliser ses projets. Nous avons l’intention de mettre nos mots en action », soutient ce député, estimant que le gouvernement « ne vend pas de rêves, mais fait un travail continu » pour que les projets annoncés soient réalisés. En ce sens, il mentionne le combat contre le chômage en créant de l’emploi dans de nouveaux secteurs. Mais aussi la lutte pour « sortir de la pauvreté ceux qui sont marginalisés ».

Comparant l’actuelle équipe gouvernementale au gouvernement de Navin Ramgoolam, il affirme que ce dernier « avait promis de changer la vie des Mauriciens en 100 jours, mais n’a pas pu le faire ». Et d’ajouter que le gouvernement actuel « ne promet pas de changer la vie des Mauriciens, mais plutôt de changer les mentalités pour arriver à réaliser les objectifs fixés ».

Ismaël Rawoo s’est aussi montré très critique envers les membres de l’opposition qui, dit-il, n’ont pas encore accepté la défaite lors des législatives. Pour lui, l’opposition « tombe dans la bassesse » et est constituée de « mauvais perdants ».


Vikram Hurdoyal réclame de nouvelles technologies dans le service public

Le secteur public est appelé à se transformer à travers la technologie, a estimé le ministre de la Fonction publique, Vikram Hurdoyal. Intervenant sur le discours-programme hier soir, ce dernier exprime son souhait que les services offerts au public soient « efficients ». Dans ce contexte, il annonce le lancement d’une plateforme de services de messagerie pour les fonctionnaires dès le mois prochain. Ce service enverra des messages aux fonctionnaires pour qu’ils soient au courant des événements dans le pays. Un laboratoire dédié à l’innovation sera de plus créé en vue de redynamiser le secteur public.

Vikram Hurdoyal avance que son ministère « fait des efforts pour rehausser » le niveau du secteur public. Le but, selon lui, est de faire en sorte que le secteur public mauricien soit de niveau mondial. « Et nous sommes sur la voie du succès », dit-il, ajoutant que l’objectif est de « mettre le citoyen et les entreprises au centre des services offerts ». Il n’a pas non plus manqué de souligner les mesures prises par l’ancien gouvernement et les projets réalisés, citant notamment le métro. « Parole donnée est parole sacrée », dit-il, estimant qu’il existe un « “feel good factor” dans le pays ». Et de regretter enfin l’absence de l’opposition lors du discours-programme, ce qui « n’est pas bon pour ceux qui trouvent en ces membres leur “role model” ».


Anjiv Ramdhany : « Un PM 4.0 ou un leader de l’opposition 2.0 ? »

Anjiv Ramdhany, député de la majorité (No 6) a d’emblée estimé que « tout le monde à Maurice mérite d’avoir des soins de santé de qualité ». Raison, dit-il, pour laquelle « de nombreux projets » dans le secteur sont en train de voir le jour. Ainsi, selon lui, la décision d’augmenter l’assistance financière à Rs 1 million pour les patients souhaitant se faire opérer à l’étranger « est une mesure fort louable », estimant que l’ancien gouvernement « n’avait rien fait pour les membres des familles souhaitant accompagner leur proche » à l’étranger.

Il a tenu aussi à remercier la ministre de l’Education quant à la mesure visant à augmenter le nombre de crédit pour accéder au Higher School Certificate. « What do you want ? A Prime minister 4.0 or a leader of the opposition 2.0 ? I let the public decide. Vladimir Putin stated that artificial intelligence is the future for all the human kind. » Parlant ensuite du changement climatique, il dit apprécier les divers projets de restauration de drains afin de lutter contre les inondations. À Fond-du-Sac, rappelle-t-il, le “cut off drain” fonctionne d’ailleurs « à 100% ».

S’en prenant à l’opposition, il a estimé que cette dernière « fait de la comédie en s’étant absentée du discours-programme ». Et de « rassurer la population » à l’effet que le pays « est entre de bonnes mains » avec Pravind Jugnauth comme Premier ministre, ce dernier étant prêt, selon lui, « à améliorer la qualité de vie de la population ». Il poursuit : « Dans la mythologie hindoue, le Dieu Shiva boit du poison pour empêcher la destruction du monde. Ici, à Maurice, nous avons un chef du gouvernement dont nous devons être fiers. Allons réaliser nos rêves ! Allons montrer au monde que nous sommes une grande nation. »


Callichurn tire à boulets rouges sur l’opposition

Il n’a pas mâché ses mots à l’égard de l’opposition lors de son intervention sur le discours-programme lundi soir. Soodesh Callichurn, ministre du Travail, dernier intervenant de la soirée avant que le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, ne demande l’ajournement des travaux, a fustigé la manière de procéder de l’opposition depuis les dernières élections générales.

« Ils ne réussiront pas avec leur “petty politics” », a déclaré le ministre face à une opposition quasi tranquille. Selon lui, la population a connu les manigances de l’opposition et c’est la raison pour laquelle ses membres se trouvent de l’autre côté. « Nous parlons de développement et ils parlent de politique », a-t-il souligné.

Pour lui, les élections ont été remportées grâce au travail de l’ancien gouvernement. Et d’ajouter que le pays avait connu des élections générales tranquilles. Maintenant que le pouvoir est entre les mains de l’Alliance Morisien, il avance que le travail continuera pour que la population vive mieux. Soodesh Callichurn estime que le travail accompli par le précédent gouvernement témoigne de l’engagement du Premier ministre à développer le pays. Il fait ressortir que le Premier ministre qu’on appelait « premie minis linpos » est entré par la grande porte avec toute son équipe.

Le ministre du Travail est aussi revenu sur les pétitions électorales de l’opposition. Selon lui, ceux qui sont contre les résultats doivent prendre congé étant donné que le cas est en Cour.

Pour Soodesh Callichurn, le gouvernement a un « mandat clair » pour le pays et en vue d’assurer le bien-être de la population. Il laisse entendre que le gouvernement ne déviera pas de ses engagements et fait ressortir que la victoire aux élections générales démontre que l’ancien gouvernement a oeuvré pour le pays, d’où la confiance de la population placée dans l’Alliance Morisien. Le ministre n’a pas manqué d’évoquer des mesures pour protéger les travailleurs. Il a aussi cité l’introduction du salaire minimal qui a amélioré la vie de plusieurs travailleurs.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -