ASSEMBLÉE NATIONALE: De l’électricité dans l’air avec les turbines à gaz

Il y avait de l’électricité dans l’air avec l’interpellation parlementaire du back-bencher de la majorité Bashir Jahangeer sur le projet d’installation de turbines à gaz à la centrale thermique de Fort-George du Central Electricity Board (CEB). C’était vers la fin de la tranche des travaux parlementaires réservée au Question Time, qui s’était déroulée jusque-là dans une ambiance sereine même si des ministres, dont le vice-Premier ministre et ministre des Terres, Showkutally Soodhun, remplaçant son collègue des Services financiers, Roshi Bhadain, en mission officielle en Inde, ont connu des moments inconfortables face aux interpellations supplémentaires de l’opposition. La PQ de Bashir Jahangeer a fait monter la tension et le leader de l’opposition, Paul Bérenger, n’a pas hésité à ajouter sa voix au concert de dénonciations d’une « mafia à la tête du CEB spécialisée dans des Tailor-Made Specifications pour des contrats ». Le vice-Premier ministre et ministre des Services publics, Ivan Collendavelloo, a trouvé que dans la conjoncture le but recherché par l’opposition est de bloquer le développement au niveau des projets du CEB car jusqu’ici, ils ont misé sur un Black-Out dans le pays.
Toutefois, le Move du ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo, lors des débats sur le projet consacré au Disaster Management, aura surpris plus d’un au sein de la majorité alors que les députés de l’opposition ont effectué un Walk-Out. « Alle l’ICAC plito ! To ti bizin alle l’ICAC ! La honte to pa ena », devait lancer Rajesh Bhagwan comme pour marquer la désapprobation de l’opposition face à un ministre qui fait l’objet d’une Double-Barrelled Enquiry de l’Independent Commission Against Corruption. Vu que le mardi précédent, il avait été « outmanoeuvered » par le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, pour l’empêcher d’intervenir dans les débats, Vishnu Lutchmeenaraidoo avait préparé son coup, hier.
Le programme des interventions parlementaires agréé par le Chief Whip, Mahen Jhugroo, et le Whip de l’opposition, Rajesh Bhagwan, prévoyait que le ministre des Affaires étrangères serait l’avant-dernier orateur dans la soirée. Vers les 17 heures 30, de manière imprévue, il a pris la parole à la place du back-bencher Sudesh Rughoobur. Sur ce, les députés de l’opposition, notamment ceux du MMM, du Parti travailliste et du Muvman Patriotik ont quitté l’hémicycle avec des protestations et des invectives à l’encontre du ministre. Ce dernier est intervenu pendant sept minutes avant de quitter l’hémicycle en saluant le vice-Premier ministre et leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, tout en ne regardant personne d’autre après avoir réussi son coup parlementaire après l’échec du mardi précédent.
L’autre parlementaire de la majorité, l’ancien ministre de l’Environnement Raj Dayal, qui a eu mailles avec l’ICAC, a également été servi par un Walk-Out de l’opposition lors de son intervention sur ce même projet de loi.
Néanmoins, un autre membre de la majorité parlementaire devait littéralement mettre le feu aux poudres. Le député Jahangeer et le vice-Premier ministre et ministre des Services publics ont croisé le fer sur le projet de deux turbines à gaz d’une capacité entre 35 et 40 MW. Les députés de l’opposition, dont Paul Bérenger, n’ont pas raté l’occasion pour crever l’abcès en dénonçant « une mafia au CEB », dont la principale attribution est de favoriser des Vested Interests. Pourtant la teneur de la PQ était des plus sibyllines.
« Enn vie trik ?du métye sa »
Le député Jahangeer avait interpellé Ivan Collendavelloo sur l’exercice de pre-qualification pour le Design, Supply, Installation and Commissioning de deux turbines à gaz de 35 à 40 MW à la centrale thermique de Fort-George. Il était intéressé de savoir si ce projet avait déjà obtenu son EIA Licence. Sur ce et avec assurance, le vice-Premier ministre et ministre des Services publics a répondu que le CEB a initié des procédures pour le recrutement d’un consultant pour une étude en vue de l’EIA et une Risk Assessment Study. Mais la riposte du back-bencher ne devait pas se faire attendre.
Jahangeer : Le vice-Premier ministre est-il au courant que pour des turbines à gaz d’une capacité inférieure à 35 MW et également supérieure à 40 MW, des firmes au Japon et en Corée peuvent participer à l’exercice d’appels d’offres. Par contre avec des spécifications de 35 MW à 40 MW, ces sociétés sont mises hors de course car il n’y a que deux sociétés, soit Siemens et Alsthom, qui sont spécialisées dans le domaine, soit un avantage…
Collendavelloo : Some are qualified or others are not qualified…
Bérenger : Sa enn vie trik du métye sa !
Collendavelloo : La question est sur l’EIA. À chaque fois c’est la même chose. This is the same question coming from the Honourable Member and each time he is proved wrong…
Jahangeer : Le VPM peut-il confier qu’une des conditions obligatoires imposées pour les besoins d’appels d’offres que la société doit avoir une expérience préalable dans une petite île tropicale. Et cela seule la société Alsthom, qui se qualifie pour avoir installé les turbines de la station Nicolay…
Bhagwan : Sa énan anguille sou roches. Turbines à gaz…
La Speaker, Maya Hanoomanjee, tente d’intervenir pour éviter des dérapages. Le leader de l’opposition intervient avec de graves accusations contre le CEB.
Bérenger : This is no joke. There has been a mafia, not all but some at the CEB, preparing Tailor-Made Specifications. Le Central Procurement Board ne fait qu’avaler ces recommandations avec What has to happen happening. It is a very serious matter. Dans cette affaire, le vice-Premier ministre dispose des services de consultants à La Réunion et ailleurs en vue de vérifier si les conditions ne sont pas taillées sur mesure pour favoriser une ou deux sociétés ?
Collendavelloo : The last time with BWSC, I heard the same wachi-walla. Qu’ai-je fait ? J’ai demandé à la Banque Africaine de Développement de faire un rapport pour savoir si ces wachi-walla avaient raison face à mes Wi Wi Wi. ADB agreed withe the conditions. Que puis-je faire de plus ? Souvenez-vous du cas IMM, qui avait saisi l’Independent Review Panel avec une contestation et qui avait demandé une injonction de la Cour suprême. Mais à la dernière minute, cette société s’est désistée. Ils ont fait croire à la population qu’il y aura des Black-Out. Que font-ils maintenant, ils tentent de bloquer le développement au niveau du CEB pour créer les conditions de Black-Out. They have been proved wrong, wrong, wrong and I have been proved right, right, right.
« Pou blok Mafia »
La tension est déjà à son comble au sein de l’hémicycle avec des parlementaires de l’opposition prenant à contre-pied le vice-Premier ministre.
Mohamed : Even if the Vice Prime Minister says that he is right three times, je ne saisis pas l’allusion au wachi-walla. Il fait état des opinions de la BAD. Est-il en mesure de déposer sur la table de l’Assemblée nationale une copie de documents avec toutes les questions posées et les réponses reçues pour savoir qui a raison ou qui a tort ?
Collendavelloo : L’honorable membre n’avait pas suivi les réponses à une précédente PNQ. J’avais parlé d’un e-mail au lieu de yap yap yap…
Mohamed : He is not replying, he is barking…
Bhagwan : Le vice-Premier ministre se rappelle-t-il d’un Select Committee sur les turbines à gaz de la station de Nicolay avec le ministre de tutelle ayant à soumettre sa démission. The minister was a back-bencher of the opposition. He must remember. The same mafia is operating at the CEB…
« Cover-Up »
Collendavelloo : S’il y a un problème, ceux qui se disent victimes de préjudice peuvent chercher recours devant les tribunaux. Ils parlent de mafia pour empêcher le développement…
Bhagwan : Pou empesse kokin. Pou blok mafia…
Speaker : Honourable Bhagwan.
Uteem : Le vice-Premier ministre peut-il confirmer qui a rédigé ces conditions, le CEB ou des experts hors de cet organisme ?
Collendavelloo : At last an intelligent question…
Bhagwan : To tusel intelligent…
Collendavelloo : Je dis que la question de l’honorable Uteem est intelligente…
Bérenger : Et ta ti clown…
Collendavelloo : (sortant des rangs avec des gestes de sa main en direction des membres) : Mo ine manz are zotte tout dans éleksyon.
Bhaghwan : To pa fer mwa per toi. Mo pa per twa…
Le leader de l’opposition répond au ministre de manière sarcastique en répétant « ti clown ».
Collendavelloo (revenant à l’interpellation supplémentaire de Reza Uteem) : I don’t have the answer right now. Je la communiquerai en temps et lieu.
La PQ subséquente au sujet du Request for Expression of Interest pour l’installation de Renewable Technologies devait donner lieu à une autre passe d’armes entre Bashir Jahangeer et Ivan Collendavelloo. Mais elle fut de courte durée avec le back-bencher de la majorité rappelant au VPM que la possession du terrain est obligatoire pour ce projet. Ivan Collendavelloo s’est cantonné à la formule magique « Come with a substantive question » pour éviter tout échange.
L’attitude du vice-Premier ministre et ministre des Terres, Showkutally Soodhun, lors des interpellations portant sur les conditions de services des membres du management de la National Property Fund Ltd et des avoirs de cette même société incorporée avec l’écroulement de l’empire Rawat et la vente de Britam Kenya et d’Apollo Bramwell devait irriter l’opposition. En réponse à l’interpellation du député Aadil Ameer Meea sur les membres du staff, leurs salaires et conditions de service de même que la composition du board et leurs allocations, Showkutally Soodhun devait le renvoyer au rapport annuel à être déposé au Registrar General à la fin de chaque exercice financier.
Les parlementaires de l’opposition, dont Paul Bérenger et Shakeel Mohamed, se sont relayés pour tenter de faire changer le vice-Premier ministre de position. Le ministre suppléant à l’absence de Roshi Bhadain devait ressortir la même chansonnette du rapport déposé au Registrar General le 31 décembre. Ils devaient souligner que les informations recherchées ne figurent pas dans le rapport annuel. Showkutally Soodhun ne devait rien comprendre, poussant le leader de l’opposition à parler de Cover-Up.
Uteem : Un des volets de la PQ est axé sur les Assets and Liabilities de cette société vu qu’à la fin de juin, soit dans deux mois, elle devra trouver des milliards et non des millions pour honorer les engagements pris. Cette entité a-t-elle les ressources financières nécessaires à cet effet ?
Soodhun : Registrar of Companies…
Bérenger : Of course !
Mohamed (prenant Madam la Speaker à témoin) : C’est vrai que vous n’avez aucun contrôle sur la réponse d’un ministre. But if the Honourable Minister is grossly misguided by people sending bits of paper or sitting by his side, I plead you to put him on the right track.
Speaker : I don’t have any control on the answer of the minister…
Mohamed : You can advise…
Speaker : I can’t advise.
Non-Disclosure Clause
Le même scénario s’est reproduit avec la PQ de Reza Uteem sur la vente des avoirs du conglomérat démantelé de BAI, dont Britam et Apollo-Bramwell. Cette fois-ci, la trouvaille de Showkutally Soodhun pour éviter de répondre aux supplémentaires est une Non-Disclosure Clause dans des accords signés. Rien à faire même si le député Uteem a cité des extraits des interventions du ministre Bhadain répondant à des supplémentaires à ce même sujet à l’Assemblée nationale le 29 mars dernier.
Un autre ministre, Mahen Seeruttun, qui assure la suppléance au ministère des PME, remplaçant le ministre Bholah, n’a pas eu la partie facile face à l’opposition. Il fut acculé par un barrage d’interpellations supplémentaires vu qu’en dépit des Rs 2 milliards annoncées dans le budget 2015/16, seul un montant de Rs 74 millions a été identifié et non-déboursé en faveur des PME.
Le leader de l’opposition se fit un point d’honneur de mettre en exergue ce manque d’égard en faveur des petits entrepreneurs. « I heard the minister said that Rs 74 million had been earmarked. Can he confirm whether a single cent had been disbursed ? », s’est-il appesanti au sujet de l’échec de la mise à exécution de cette mesure budgétaire.
Pour les députés de l’opposition Alan Ganoo et Reza Uteem, la principale raison derrière cette situation est que les petits entrepreneurs font face à des contraintes majeures au niveau des procédures et des critères d’éligibilité.
En fin de séance, le ministre du Travail et des Relations industrielles, Sudesh Callichurn, qui remplaçait le ministre Prem Koonjoo, n’a pas eu la partie facile face à la série d’interpellations supplémentaires du député Aadil Ameer Meea sur la piste d’Agalega.
De son côté, le Whip de l’opposition a fait feu de tout bois sur les contrats des Legal Advisers de la Road Development Authority (RDA) en ciblant Me S. Trilochun, qui n’est autre que le beau-frère du ministre des Infrastructures publiques. À ce jour il a bénéficié de fees pour un montant de Rs 57 500 en assistant Me Subhas Lallah lors des procédures de mise à pied des deux ingénieurs de la RDA, responsable du problème sur la route Terre-Rouge/Verdun.
Le ministre Bodha devait également ajouter que « I am further informed that, in December 2015, the RDA invited bids from five Chambers for the provision of legal services. However, the only bid received was from Trilochun Chambers. Consequently, the Board of the Road Development Authority, at its meeting on 29 January 2016, approved the appointment of Trilochun Chambers as Legal Adviser for a monthly fee of Rs 40, 000 + VAT (including Attorney fees) for a period of three years, as from February 2016. The rates of the present Legal Adviser are practically the same as the former Legal Adviser of RDA, that is, M. S Lallah. As at date, Trilochun Chambers has assisted the RDA in the following cases K J Bheenick v/s Sate of Mauritius, H G Nubheebucus v/s RDA, Independent Review Panel Case. No claim has been put so far, therefore, no payment has been effected to Trilochun Chambers till date ».

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