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ASSEMBLÉE NATIONALE—PRIVATE MEMBERS’ MOTION: Ganoo plaide pour un maximum de deux mandats au PM

Dans le cadre de la présentation de sa motion privée sur le rapatriement de notre Constitution, le député et leader du Mouvement Patriotique, Alan Ganoo, a longuement parlé de la limitation à deux mandats pour le poste de Premier ministre. Parmi ses autres propositions, il a évoqué : l’introduction de mesures anti-transfuge; la parité homme-femme; des pouvoirs accrus à l’Electoral Boundary Commission par rapport à une délimitation « plus équitable » des circonscriptions; un mécanisme pour sanctionner les parlementaires pour leurs manquements en tant que députés; l’introduction de droits environnementaux et de développement; ainsi qu’une amélioration du processus de nomination des présidents d’institutions tombant sous la Constitution.  
« Il est nécessaire de limiter les mandats de Premier ministre à deux, qu’ils soient consécutifs ou non. Cette pratique permettra d’ouvrir le système à l’émergence de nouveaux leaders politiques, même si ces leaders viennent du même parti », a expliqué Alan Ganoo. Selon lui, imposer une durée maximum par rapport au mandat de Premier ministre est « une tendance gagnant du terrain dans les pays en développement ». Ainsi, en Afrique, « 34 des 53 pays ont jusqu’ici limité le mandat de leur Premier ministre, leur imposant un maximum de deux mandats de cinq ans ».
Selon l’orateur, cette proposition a de multiples avantages, dont le renouvellement des dirigeants au sommet de l’État, le fait de « redynamiser la démocratie » au niveau des partis politiques et de permettre à l’occupant de la fonction « à travailler plus sereinement dans l’intérêt du pays » sans pression électorale. « Avec un mandat limité, un président ou un Premier ministre aura des pouvoirs limités avec des comptes à rendre à court terme. Ils se sentiront aussi moins tentés par la corruption », a-t-il ajouté. Il s’est aussi dit « étonné » d’apprendre qu’un sondage d’Afrobarometer avait démontré que 68% des personnes sondées à Maurice et à Rodrigues sont d’accord de limiter les mandats du Premier ministre à un maximum de deux.
Sur un autre volet, il estime qu’introduire des provisions anti-transfuge dans la Constitution permettra au pays « d’éviter les méfaits du “crossing of the floor” », ajoutant que « le “crossing of the floor” fausse la représentativité des partis politiques à l’Assemblée nationale, faussant par conséquent la démocratie ». Et de rappeler que l’Inde a adopté une loi anti-transfuge en 1985. « L’Inde avait tout simplement adopté un nouveau “Schedule” sous la Constitution », a-t-il expliqué, avant de plaider pour une meilleure représentativité des femmes à l’Assemblée « une fois pour toutes » en amendant la Constitution. « Le présent gouvernement a toujours lié cette meilleure représentativité des femmes au Parlement avec la réforme électorale ! » a-t-il déploré.
Par rapport à l’octroi de pouvoirs accrus à l’Electoral Boundary Commission par rapport à une délimitation « plus équitable » des circonscriptions, Alan Ganoo a expliqué qu’il est « grand temps » d’avoir « a fresh look » en la matière. Et de citer plusieurs fonctions de cette commission qui doivent être revues. « Et son rapport soumis tous les dix ans à l’Assemblée nationale », a-t-il ajouté.
Alan Ganoo a aussi proposé un mécanisme par lequel les mandants pourraient interpeller leurs députés à travers des pétitions. « Cela peut paraître improbable, mais pourquoi les mandants ne pourraient-ils pas destituer leur député ? », s’est-il demandé. L’orateur a enfin proposé l’introduction d’amendements constitutionnels relatifs aux droits environnementaux et aux droits au développement. « Un nombre grandissant de membres des Nations Unies reconnaissent ces droits ! » a-t-il estimé.
Au début de son intervention, le député du MP avait expliqué que toutes ses propositions « se situent dans le cadre du rapatriement de notre Constitution dans le sillage de la célébration du 25e anniversaire de la République de Maurice et de nos 50 ans d’indépendance ». Il poursuit : « Le concept de rapatriement équivaut à l’adoption de notre Constitution, notre loi suprême, par notre Assemblée nationale, la plus haute institution de notre République. Comme notre présente Constitution nous a été octroyée par la Grande-Bretagne, puissance impériale et coloniale d’alors, et ce sans débats, il s’agit maintenant de faire nôtre le document le plus important pour l’exercice de notre démocratie. » Et d’inviter ensuite les parlementaires à voter pour sa motion privée.
Prenant la parole à son tour, le député de la majorité, Ravi Rutna, a observé que la motion présentée par le député Ganoo est « très importante ». Toutefois, il estime qu’il aurait dû être cohérent dans son approche en affirmant que « lorsque le député est dans le gouvernement, il tient un langage différent que lorsqu’il est dans l’opposition ». Abordant la proposition du député Ganoo pour l’accord d’un mandat de deux ans au Premier ministre, il demande pourquoi cela ne s’appliquerait « seulement qu’au Premier ministre, et non à tous les députés ? ». Il cite ainsi un certain nombre de députés, majoritairement de l’opposition, qui se sont présentés aux élections générales successives, qui ont été élus et qui ont siégé au parlement « pendant toutes ces années ». Il souhaite de fait que ces derniers « se retirent et laissent la place aux jeunes », afin que ces derniers puissent « faire leurs preuves » et « pour apporter des changements constitutionnels ». Il prend l’exemple de « sir Anerood Jugnauth, le ministre mentor, qui s’est retiré pour laisser la place à la jeune génération ».
Le parlement a été ajourné à 19h hier suite à une proposition du vice-Premier ministre et ministre des Terre et du Logement, Showkutally Soodhun, au 19 juillet à 10h.

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