ASSEMBLÉE NATIONALE | St-Louis Gate — Accusations mutuelles de  Cover-Up entre Boolell et le PM

Refusant de se rétracter sur le terme « lâche », le leader du MMM, Paul Bérenger, est « ordered out » de la Chambre, les échanges sur la PNQ prenant fin prématurément

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La Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Arvin Boolell, adressée au Premier ministre, Pravind Jugnauth, sur la St-Louis Gate, avec une bombe à retardement de Rs 700 millions, a pris fin prématurément, soit bien avant le temps réglementaire de 30 minutes. Juste avant, le leader du MMM, Paul Bérenger, avait été « ordered out » de l’hémicycle pour avoir refusé de se rétracter quant au terme « lâche » à l’encontre du Leader of the House. Sur ce, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, devait suspendre la séance mais à la reprise, l’opposition parlementaire ne devait pas reprendre place à l’intérieur de l’hémicycle, avec la PNQ prenant fin prématurément et l’élimination du Prime Minister’s Question Time en l’absence des parlementaires de l’opposition. Dans un premier temps, lors de la PNQ, le leader de l’opposition et le Premier ministre devaient s’accuser mutuellement de « Cover Up » au sujet du rapport de l’Office of Integrity and Anti-Corruption de la Banque africaine de développement (BAD) quant aux allégations de bribery au regard de l’octroi du contrat de Rs 4,5 milliards pour le redéveloppement de la centrale thermique de Saint-Louis.

Devant la prise de position officielle du Premier ministre de ne pas rendre publique la teneur du résumé transmis au Premier ministre par la BAD car « it is only for personal and confidential use », Arvin Boolell s’est insurgé contre le fait que « le Premier ministre a divulgué à l’ancien Deputy Prime Minister – qui est une des parties impliquées dans ce scandale – des détails de ce rapport confidentiel en évoquant le montant des bribes de Rs 250 millions et également des noms cités dans le document ».

De son côté, le Premier ministre a rappelé qu’il avait révoqué son adjoint à ce sujet vu que ce dernier ne voulait pas « step down ». « Je devais au moins dire à l’ex-Deputy Prime Minister les points qui lui sont reprochés dans cette affaire. Il parle de Cover-Up. Mais je constate qu’à aucun moment, il n’a fait mention du nom du membre de l’opposition, dont le nom est cité. Cà, c’est du Cover-Up ». À ce moment précis, la tension devait monter d’un cran au sein de l’hémicycle avec du brouhaha des deux côtés de la Chambre, et en cet instant-là le leader du MMM accusant le Premier ministre de « lâche ».

Speaker : Please withdraw the word…

Avec le refus de Paul Bérenger d’obtempérer, le Speaker devait l’expulser de l’hémicycle en suspendant la séance.

Au début de sa réponse, le Premier ministre a retracé la chronologie des événements depuis le communiqué de la Banque africaine de développement du 8 juin, avec la sanction de 21 mois de Disbarment contre la firme danoise Burmeister & Wain Scandinavian Contractor A/S pour des « sanctionable practices ». Il a rappelé que cette affaire de contrat de la centrale de St-Louis remonte à 2014/15. Et de faire état de plusieurs tentatives de la part du gouvernement pour accéder au document de la BAD. Dans un premier temps, le GM devait essuyer des refus jusqu’à ce que le président de la BAD soit approchée officiellement.

« Le 14 juin, nous avions fait état de notre Deep Concern au sujet de cette affaire, qui porte préjudice à la réputation de Maurice sur le plan international. Nous avons soutenu que Maurice a besoin d’avoir accès à ces informations en vue de prendre des mesures », a ajouté en substance Pravind Jugnauth, qui confirme que le résumé en question a été obtenu le 23.

« On 29th of June, we requested permission to quote the findings of the report of the Office of Integrity and Anti-Corruption in the National Assembly.  But the BAD stated that we are not allowed to quote any part. I cannot reveal any details thereof », soutient le Premier ministre, qui se dit respectueux des engagements pris auprès des institutions internationales. Il a réitéré l’engagement du gouvernement pour une zéro tolérance dans la lutte contre la fraude et la corruption.

Le leader de l’opposition a accusé le Premier ministre d’avoir enfreint cet engagement et de s’engager dans un Cover-Up. « N’a-t-il pas fait des révélations à l’ancien Deputy Prime Minister, Ivan Collendavelloo, qui est un potential Indictee dans toute cette enquête sur cette affaire?  Il lui a révélé des noms en faisant état d’un montant de Rs 250 millions comme bribe. The Prime minister should come clean and not cover-up », devait-il faire comprendre en substance.

« The report is strictly confidential. I’m not playing. You say that I should come clean. (Du brouhaha des deux côtés de la Chambre.) I’m coming clean », devait répondre le Premier ministre, tout en regrettant que le leader de l’opposition ait fait l’impasse sur le nom d’un autre parlementaire de l’opposition cité dans le rapport. « What do you want to cover-up? », devait-il lancer.

Le ton des échanges entre le leader de l’opposition et le Premier ministre devait gagner en intensité.

Jugnauth : Ki fer to eksite? I’ve asked the Deputy Speaker to step down. Soit, le temps d’une enquête. I have revoked the DPM. He has the cheek to say that I’m covering up. C’est le monde à l’envers. So far he has not mentioned the name of another Honourable member sitting next to him..

Le Speaker se met debout dans une vaine tentative de calmer les ardeurs.

Bérenger (à l’égard du PM) : Lâche…

Speaker : Withdraw the word…

Bérenger : Non..

Speaker (en suspendant la séance de PNQ) : So I order you to withdraw from the House…

PARLEMENT

L’opposition dénonce un « coup monté du gouvernement »

Bérenger réclame la publication de « sa bout papie-la »

Arvin Boolell et Xavier-Luc Duval, bien que solidaires du leader du MMM, participeront aux débats sur les amendements à l’AML/CFT Bill

Rencontrant la presse à son bureau en présence de membres de l’opposition, Arvin Boolell a affirmé que le gouvernement et le Speaker « ont voulu créer une situation pour pousser les parlementaires de l’opposition hors du parlement en ciblant Paul Bérenger ». Il poursuit : « Nous avons voulu manifester une solidarité sans faille avec Paul Bérenger en quittant l’hémicycle mais nous voulons faire notre travail en raison de l’importance du texte de loi qui sera débattu. Nous serons présents au Parlement. »

Paul Bérenger a condamné la campagne de « lâcheté » menée par le gouvernement. « Il est clair que ce qui s’est passé démontre une lâcheté totale et dégoûtante », a lancé le leader des Mauves, tout en remerciant les parlementaires qui l’ont soutenu. Et de demander que « sa bout papie-la, ki dir konfidansiel », soit rendu public.

Xavier-Luc Duval a lui aussi dénoncé ce qu’il qualifie de « complot » contre l’opposition parlementaire. Pour lui, « le problème est simple : il s’agit de rendre public tout le rapport, dont une partie seulement a été rendue publique ». Ce faisant, il condamne « l’attitude du Speaker », qui a expulsé Paul Bérenger « sans réfléchir », dit-il. Alors que Arvin Boolell entrait dans l’hémicycle pour écouter le discours du ministre Seeruttun, l’Attorney General, qui était dans les couloirs, lui a lancé : « Ah bon, to’nn retourne ! »

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