Un procès qui restera dans les annales avec la sentence du juge Luchmyparsad Aujayeb prononcée à 23h45 hier
Le jury scelle à l’unanimité le sort de Sachin Tetree pour une accusation de meurtre
Sachin Tetree a été condamné à la perpétuité pour avoir assassiné le petit Ritesh Gobin (11 ans) en l’égorgeant et en abandonnant son corps dans un champ de cannes à Gros-Cailloux le 29 octobre 2018 sous les yeux de sa petite sœur (8 ans). Un procès dont l’épilogue aura été haletant, le jury finissant de délibérer dans la soirée pour finir avec la sentence finale du juge Luchmyparsad Aujayeb, qui condamne Sachin Tetree à la prison à vie.
Le verdict était attendu avec impatience hier devant les Assises de la nouvelle Cour suprême, où il est finalement tombé en présence des proches de la victime et de Sachin Tetree. Le juge a ainsi clôturé son “summing-up” en expliquant la responsabilité du jury, soit d’analyser les faits et de rendre un verdict, vers 19h hier, pour ensuite laisser le champ libre aux neuf jurés, soit six femmes et trois hommes, le temps de délibérer. Ces derniers auront finalement pris près de trois heures pour décider du sort de Sachin Tetree.
À leur retour en cour, vers 21h45, la décision est sans appel : un verdict unanime pour confirmer la culpabilité du quadragénaire sous une accusation de meurtre. Sachin Tetree, appelé à la barre par la suite dans le cadre des plaidoiries avant que la sentence soit prononcée, a tenu à s’excuser auprès de la famille de la victime et de la société. « Mo dimann pardon lakour ek popilasyon. Mo dimann osi pardon mama sa garson-la. Mo kone li difisil me exkiz mwa pou seki monn fer ! » a-t-il lancé.
Me Mooneeapillay, avocat de Sachin Tetree, devait, lui, avancer que son client est père de famille et qu’il a agi « par amour pour son fils, qui s’était fait passer à tabac par la victime à l’école et saigne toujours du nez à cause de cela ». La défense réclamait ainsi une sentence « proportionnelle » au délit mais avec une possibilité de réhabilitation. Toutefois, Me Azam Neerooa, Senior Assistant DPP, qui représente la poursuite, devait, lui, rappeler les circonstances dramatiques entourant ce crime commis sur un mineur, ajoutant que pour un meurtre, « soit le délit le plus grave, la sanction la plus sévère doit être imposée ». Et de rappeler que d’avoir consommé de l’alcool n’est pas une circonstance atténuante et que l’accusé ne pouvait être excusé du fait qu’il aurait agi en réaction à une attaque contre son fils, en 2016.
Une peine moins sévère « non envisageable »
Après les plaidoiries. Le juge Luchmyparsad Aujayeb s’est retiré pendant quelques minutes pour préparer la sentence. Après quoi il s’est montré lui aussi catégorique : « Vu la gravité du délit et le fait qu’un enfant sans défense a été égorgé, une peine moins sévère n’est pas envisageable. » Aussi a-t-il condamné Sachin Tetree à la prison à vie.
Plus tôt, dans son discours de clôture à l’adresse du jury, Me Azam Neerooa a rappelé que tous les éléments nécessaires pour prouver le crime commis par Sachin Tetree, selon la loi, ont été présentés sans avoir été remis en cause. Et de rappeler que les aveux de l’accusé, filmés et visionnés en cour dans le cadre de ce procès, « are the best evidence in the law of evidence ». Tentant de s’immiscer dans la tête de l’accusé avant de commettre l’irréparable, Me Neerooa a estimé que, selon le déroulement des événements avant le meurtre, Sachin Tetree s’était déjà promis d’en finir avec le petit Ritesh Gobin en achetant un cutter dans une boutique avant d’emmener la victime et sa sœur sur un terrain vague. « Penser à ce que l’on va faire avant de commettre un acte porte un nom : préméditation ! » a précisé Me Neerooa.
Il est également revenu sur les preuves scientifiques, à commencer par le rapport d’autopsie, venu confirmer que la victime est décédée d’un “slash wound to the neck”. Le médecin légiste de la police, le Dr Maxwell Monvoisin, avait d’ailleurs indiqué en cour que le petit est mort rapidement du fait de cette agression violente, la victime ayant en effet été égorgée « d’un trait », l’arme tranchant ainsi les veines jugulaires, ce qui a été fatal.
L’avocat de la poursuite a ainsi estimé qu’il s’agissait d’un meurtre « commis de sang-froid », ne laissant aucune chance de survie au petit garçon. Il rappelle également que l’ADN de la victime a été retrouvé dans la cour de la mère de l’accusé, où l’accusé a avoué s’être nettoyé les mains sous un robinet et avoir changé de vêtements. Ainsi, pour Me Neerooa, « il s’agit de l’exemple clair d’une affaire où il y a eu préméditation ». Avant d’ajouter : « L’accusé avait bien calculé son plan. Il savait ce qu’il voulait faire ! (…) Aucun doute ne subsiste : c’est lui le tueur ! ».
Le jury, dit-il, « ne peut trouver de difficultés à rendre un verdict de culpabilité pour meurtre », car « l’acte de tuer, l’intention de tuer et la préméditation ont été prouvés ». Par ailleurs, concernant les zones d’ombre avancées par la défense, Me Neerooa a tenu à toutes les balayer, rappelant qu’il n’a pas été démontré que l’accusé était suffisamment ivre que pour ne pas savoir ce qu’il faisait. D’autant que la mère de l’accusé est elle-même venue expliquer qu’après le drame, elle avait accompagné son fils en marchant sur une longue distance vers le poste de police de Petite-Rivière.
Me Erickson Mooneeapillay, avocat de Sachin Tetree, devait, lui, faire part d’une série d’erreurs commises lors de l’enquête policière ayant déteint sur la poursuite dans son analyse des faits. Me Mooneeapillay a ainsi évoqué des « questions restées sans réponses », notamment sur le fait que l’accusé avait fait des aveux filmés sans être représenté par un homme de loi, que des pièces à conviction se trouvaient en dehors de la scène de crime sous cordon policier ou encore que des documents de la police – comme le “crime scene log book” ou le “police notebook” d’un policier présent sur les lieux – « aient disparu ». Autant d’inexactitudes dans l’enquête, selon Me Mooneeapillay, qui l’amène à dire que « l’enquête a été menée dans l’à-peu-près », basée uniquement sur des aveux allégués de l’accusé, à qui il n’aurait pas été expliqué ses droits d’avoir recours à un avocat.
En raison de ces inexactitudes, selon la défense, le jury « ne peut se laisser porter par les cris de la foule, qui souhaite un jugement avant d’exposer les faits », et ce, afin d’éviter « une erreur judiciaire ». La défense avait en effet affirmé que l’accusé n’avait pour intention que de blesser la victime et aucunement de la tuer. Sauf que la conséquence aura été la mort du jeune garçon.
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Me Azam Neerooa : « La vérité a triomphé »
Je remercie mon équipe, présente avec moi tout le long. Je remercie le juge pour le bon déroulement du procès. Le jury aussi pour sa patience, et pour avoir trouvé la vérité. Que l’âme du petit Ritesh repose en paix ! La vérité a triomphé !
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Me Erickson Mooneeapillay : « Le jury a pris sa décision »
Nous avons fait notre travail en tant qu’avocats de la défense. Notre but était de plaider pour une réduction de la charge mais le jury en a décidé autrement avec cette accusation de meurtre avec préméditation. La décision du jury est suprême et le jury a décidé. Nous verrons désormais en temps et lieu s’il y a matière à faire appel. Je réitère mes sympathies à la famille de la victime, car un enfant est mort dans des circonstances dramatiques. Ce qu’il faut toutefois, c’est un meilleur système pénal, car une personne ne peut être interrogée par la police pour un tel crime sans avocat.
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Khusboo Gobin (mère de la victime) : « Mo pa pou regayn mo zanfan »
Mo remersie ziz pou sa kondanasyon avi, me monn perdi mo zanfan e li pa pou revini. Mem si misie Tetree inn demann mwa exkiz an fas, mo pa pou kapav pardonn li parski monn perdi mo zanfan e pas pou regayn li.