Aster-la, zenes pou leve ziska nou fitir pran kont !

KEYLA KAUPPAYMUTHOO (19 ans)

Peur, colère, impuissance et frustration.
C’est ce que les jeunes générations de Maurice et du monde entier ressentent face à la crise climatique qui les guette. Devant les paroles vides d’intention et les actions malheureusement insuffisantes pour sauver notre avenir, l’angoisse nous gagne, d’une manière ou d’une autre.
Je fais partie de ces jeunes qui militent pour leur futur, et je témoigne que c’est apeurant de vivre dans un monde incertain de son avenir.
Pourtant, nous avons les solutions et il n’est pas encore trop tard pour agir. Alors qu’attendons-nous pour enfin changer les choses?
Nous le savons tous. Si nous continuons sur ce chemin de destruction de notre environnement, il n’y aura pas de futur. Nous n’aurons pas les conditions nécessaires à notre survie, et on nous aura légué un monde dépourvu d’espoir de guérison.
Comme nous pouvons tous le voir, les conséquences du changement climatique ravagent déjà notre île et le monde entier. À Maurice, 75% de nos coraux sont blanchis, presque toutes nos plages sont victimes d’érosion côtière, nos écosystèmes vitaux sont gravement affaiblis. Les catastrophes naturelles comme les cyclones, sécheresses et pluies diluviennes déjà puissantes, se font de plus en plus fréquentes, intenses et violentes.
Pendant ce temps, les pollutions plastique et chimique envahissent notre environnement et le fragilisent, le développement et la “bétonnisation” des espaces verts s’accentuent, et le taux d’émission de gaz à effet de serre ne cesse d’augmenter parce qu’on continue d’investir dans les combustibles fossiles et qu’on brûle encore de l’huile lourde et du charbon pour notre production d’électricité, tout cela malgré l’engagement de Maurice dans l’Accord de Paris.
Il est temps d’ouvrir les yeux. Il est temps de se rendre compte à quel point la situation est critique. Beaucoup pensent que les conséquences de nos actions néfastes sur l’environnement sont minimes ou demeurent éloignées. C’est faux! Les résultats sont bien présents et si nous ne faisons rien maintenant, c’est une condamnation de la vie sur Terre que nous aurons choisie. D’autres préfèrent se cacher derrière le fait que Maurice n’a aucun impact à l’échelle planétaire, ce qui est une grossière erreur. Nous devons mener l’exemple et être cohérents avec les promesses de nos dirigeants pour une île prospère. Or, la prospérité d’un pays ne se gagne pas sans le bien-être de son environnement.
D’autre part, d’après l’International Panel on Climate Change Report de 2017, nous avons moins de 10 ans pour agir avant qu’il ne soit trop tard. Nous sommes à un point critique, là où nous avons encore le choix de prendre la bonne ou la mauvaise décision. Là où nous pouvons choisir de faire un pas de plus qui anéantira toute chance d’un avenir pour notre espèce, ou un pas novateur qui redéfinira la nature humaine et offrira un futur rempli d’opportunités.
J’ai 19 ans et je fais partie des générations qui subiront le plus les conséquences de l’inaction d’aujourd’hui. C’est pourquoi j’ai décidé de lever ma voix et d’écrire ce mot pour vous. Vous qui lisez ce texte, vous qui êtes un acteur de la société, vous avez un impact… Ne pensez pas le contraire. Car que vous soyez agriculteur, scientifique, pêcheur, avocat ou professeur, vous détenez un pouvoir inouï, celui d’avoir le choix d’une influence positive ou négative sur notre monde. Et c’est seulement lorsque tous les Mauriciens se rendront compte de cette possibilité et que nous arrêterons de dire “ki pou fer?”, que l’évolution se fera enfin. Le changement ne vient qu’en le provoquant.
De ce fait, en tant que jeunes, il est de notre responsabilité tout comme les adultes d’adapter nos habitudes de vie à la situation environnementale. Boycottons le plastique en utilisant des alternatives simples, utilisons notre pouvoir d’achat en encourageant le biologique, le local et le naturel, prenons des moyens de transport en commun ou à zéro émission, mangeons moins de viande, réutilisons le plus possible et achetons le moins que nous pouvons. Et surtout, levons notre voix pour exiger des actions concrètes de la part du gouvernement et du secteur privé, car nous ne sommes pas les seuls à devoir accomplir notre rôle.
En tant qu’adultes, beaucoup possèdent un pouvoir de décision à plus grande échelle. Vous avez la main sur la production, la consommation, l’éducation, les lois, les politiques, les autorités, la mode…
Représentants du gouvernement et travailleurs du secteur privé, vous aussi êtes des parents aspirant à un avenir gorgé d’opportunités pour vos enfants. Alors montrez votre engagement pour leur futur !
Arrêtez d’investir dans les combustibles fossiles, utilisez les énergies renouvelables, renoncez à produire et à promouvoir le plastique, les matériels et les produits toxiques et utilisez des alternatives, protégez et instaurez des écosystèmes et des espaces verts, créez des lois renforcées, et priorisez l’éducation.
Beaucoup de domaines se rencontrent dans les solutions, et c’est pourquoi dans chaque action il est important de travailler ensemble et de collaborer avec tous les secteurs: du gouvernement, jusqu’au secteur privé, jusqu’à la société civile et jusqu’aux Mauriciens de toutes les générations.
C’est pourquoi nous avons besoin de tout le monde, car le changement ne se fera pas sans l’engagement de chacun d’entre nous dans notre travail comme dans notre vie individuelle. Nou bizin travai ansam pou ki nou kapav fer fas! Toutes origines, couleurs, religions et communautés confondues.
Pour conclure, faire confiance aux adultes est notre dernier espoir. Il est plus que temps d’agir en conséquence de la crise climatique à laquelle nous faisons face. Il faut prendre action maintenant! Pas demain, pas dans un mois, pas dans 5 ans. Aster-la, zenes pou leve ziska nou fitir pran kont.
Nous savons les problèmes et nous avons les solutions. Il ne nous reste plus qu’à les mettre en oeuvre, tous ensemble.

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