Atal Bihari Vajpayee et APJ Abdul Kalam, deux joyaux de l’Inde

KAVINIEN KARUPUDAYYAN

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La Bharat Ratna est la décoration civile la plus prestigieuse de l’Inde récompensant ceux ou celles qui ont accompli une réussite exemplaire dans leurs domaines respectifs. Un événement me vient à l’esprit après la disparition d’Atal Bihari Vajpayee (1924- 2018). Événement qui a pour protagonistes deux joyaux de l’Inde (Bharat Ratna), à savoir Atal Bihari Vajpayee et APJ Abdul Kalam. Le premier est ce fameux appel du 10 juin 2002. Abdul Kalam enseignait alors à l’Anna University, à Chennai.

Pendant qu’il marchait pour se rendre dans ses quartiers cet après-midi-là après les cours, le Vice-chancellor de l’université, le Prof. A. Kalanidhi l’approcha pour lui dire que quelqu’un essayait de le joindre durant toute la journée et n’arrêtait pas d’appeler à son bureau. Effectivement, lorsqu’il arriva en sa résidence, le téléphone sonnait. On l’informa que le Premier ministre Atal Bihari Vajpayee voulait lui parler et de bien vouloir patienter. En attendant Abdul Kalam reçut un appel de la part du ministre en chef de l’État d’Andra Pradesh, Chandrababu Naidu, sur son téléphone mobile pour lui dire de s’attendre à un appel du Premier ministre.

Il lui supplia de ne pas refuser une offre éventuelle venant de ce dernier. Pendant ce même moment, Atal Bihari Vajpayee était disponible sur la ligne. Il s’enquerrait auprès d’Abdul Kalam sur son parcours académique. Ensuite, il lui annonça qu’il revenait d’une réunion spéciale ayant réuni tous les dirigeants des partis de la coalition. (Atal Bihari Vajpayee était à la tête du National Democratic Alliance). Et qu’ils avaient décidé à l’unanimité que la nation avait besoin de lui comme Rashtrapati (président de la République). Atal Bihari Vajpayee souhaitait avoir une réponse d’Abdul Kalam avant d’annoncer ce choix à la population précisant qu’il voulait que ce soit une réponse affirmative. N’ayant pas eu le temps de s’asseoir, Abdul Kalam commença à avoir des visions de l’avenir. Dans la première, il était entouré d’étudiants et d’enseignants.

Et dans l’autre, il s’adressait au parlement lui faisant part de sa vision pour la nation. Remerciant le Premier ministre pour sa considération, Abdul Kalam demanda un temps de réflexion de deux heures et exprima le souhait d’avoir un consensus parmi tous les partis de la coalition quant à sa nomination au poste présidentiel. À quoi Atal Bihari Vajpayee lui répondit qu’il allait travailler pour que cela se fasse après qu’il a accepté le poste. Pendant les deux prochaines heures qui allaient suivre, Abdul Kalam fit une trentaine d’appels à ses proches amis dans le cercle académique, dans la fonction publique et ceux engagés dans la politique également.

Deux avis divergents émergeaient sur la question. Le premier est qu’il avait une vie académique bien établie et, de l’autre côté, il s’agissait d’une opportunité en or de faire avancer sa Vision Inde 2020 auprès de la nation et du parlement. Après ce temps de réflexion, Abdul Kalam annonça à Atal Bihari Vajpayee qu’il considérait son offre comme étant une mission très importante et émit son souhait d’être le candidat de tous les partis de la coalition. Ce que le Premier ministre Vajpayee promit de faire.

Il fit tout pour maintenir sa promesse et réussit à rassembler tous les partis sauf une frange de la gauche. L’histoire retiendra donc que c’est Atal Bihari Vajpayee qui aura été l’architecte derrière la proposition d’Abdul Kalam à la présidence. Ce dernier a été élu 11e président de l’Inde en 2002 avec presque 90% de voix. Et qu’au-delà des divergences de points de vue au niveau idéologique, Atal Bihari Vajpayee était un dirigeant qui pouvait réunir tout le monde autour de la même table. Ce qui lui avait valu le titre d’Ajatashatru (quelqu’un qui n’a pas d’ennemis).

Cet événement témoigne aussi d’une amitié profonde et sincère entre Atal Bihari Vajpayee et Abdul Kalam. Les deux étaient des visionnaires avec leurs imperfections, bien évidemment, mais ce qu’ils avaient en commun et qui les réunissait, c’est un grand amour pour leur pays et pour l’humanité.

Extrait d’un des poèmes d’Atal Bihari Vajpayee intitulé en hindi Maut se thunn gayee” qui peut se traduire par “A battle with death”.

Batailler contre la mort!

Quelle bataille ce sera!

Je n’avais pas de plans à la combattre,

Nous n’étions pas convenus de nous rencontrer à ce tournant,

Voilà qu’elle était là, me barrant la route,

Plus menaçante que la vie elle-même.

Combien de temps dure la mort? Un moment, peut-être deux…

La vie n’est qu’un enchaînement, au-delà d’hier et de demain.

J’ai vécu pleinement, je mourrai comme je voudrai, je renaîtrai, je ne crains pas de lâcher prise.

Ne viens pas discrètement pour me surprendre,

Viens, soumets-moi à l’épreuve, viens à ma rencontre.

Sans se soucier de la mort, ce voyage qu’est la vie se dévoile.

Des soirées empreintes de khôl, des nuits aussi douces que les notes de flûte.

Je ne dirai pas qu’il n’y a pas eu de la peine.

Il y a eu des tristesses, les miennes et celles du monde.

……….

Références

Turning Points : A Journey Through Challenges, APJ Abdul Kalam, Harper Collins Publishers, 2012

21 Poems by Atal Bihari Vajpayee, translated by Pavan K. Varma; Viking, Penguin-India, 2000

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