Au sommet de l’État : Jubilé d’or sous haute tension

  • Froid palpable entre le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et la présidente de la république, Ameenah Gurib-Fakim
  • Par contre, le leader du MSM aperçu, pendant plusieurs minutes, échangeant des propos avec son allié, le DPM et leader du ML, Ivan Collendavelloo
  • Consigne du PMO : aucun ministre à la Garden-Party dans les jardins de la State House cet après-midi

L’élan populaire pour marquer le 50e anniversaire de l’indépendance et le 26e de la république lors des célébrations nationales au Champ-de-Mars, hier après-midi, n’a aucunement atténué la tension entre le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et la présidente de la république, Ameenah Gurib-Fakim. Le froid entre les deux plus importantes personnalités du pays était des plus palpable pendant tout le déroulement de la cérémonie protocolaire. Ce sentiment est encore plus exacerbé par le contraste de la chaleur de l’échange entre le Chief Guest et président de la république de l’Inde, Shri Ram Nath Kovind, et Ameenah Gurib-Fakim, à l’arrivée du premier nommé au Champ-de-Mars.

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Les observateurs auront remarqué que quasiment à aucun moment le Premier ministre et la présidente de la république n’auront engagé la conversation, ne serait-ce que pour échanger quelques bribes. Tout cela est signe que la crise au plus haut sommet de l’État, avec la carte d’Alvaro Sobrinho, le confident de la présidente de la république, comme décor, est encore dans sa phase active avec les prochaines 24 heures considérées comme étant déterminantes pour la suite des événements.

En tout cas, dans les deux camps, que ce soit celui d’Ameenah Gurib-Fakim ou de celui de Pravind Jugnauth, l’on a durci le ton depuis la soirée de vendredi. Le mot d’ordre du Premier ministre est qu’aucun ministre ne se rendra dans les jardins de la State House pour la Garden-Party du jubilé d’or de l’indépendance. Pour sa part, l’intention signifiée de la présidente de la République est qu’elle ne compte pas partir de la State House sans aucune enquête.

Dans les cercles proches de Lakwizinn, l’on faisait comprendre ce matin que « we hope that Her Excellency the President of the Republic will stand by her word » par rapport à sa décision de démissionner de son propre gré de la présidence de la République au plus tard le jeudi 15 mars. Ces sources retracent volontiers les principales étapes intervenues depuis jeudi après-midi avec la demande d’un sursis de la présidente de la République, le temps des célébrations de la fête nationale.

À l’hôtel du gouvernement, même si dans l’immédiat, l’accent est mis sur les célébrations du jubilé d’or de l’indépendance avec la présence du Chief Guest, le président indien, l’on continue à « monitor » les échos de la State House. « Au cas où les conjectures sur la résistance venant du Réduit se confirment, le gouvernement n’aura d’autre choix que de faire ce qu’il faut faire », ajoute-t-on en rappelant que le Notice pour l’adoption d’une motion de l’importance d’une Impeachment Motion par l’Assemblée doit se faire un délai de cinq jours.

En tout cas, pas une seule conversation entre les deux plus hautes personnalités de l’État hier lors de la cérémonie protocolaire de levée du quadricolore mauricien marquant les 50 ans d’indépendance du pays. Un événement solennel qui a aussi été l’occasion pour ceux présents d’analyser le body language du Premier ministre, Pravind Jugnauth et de la présidente de la République « In Office », Ameenah Gurib-Fakim. Surtout avec la nature conflictuelle des relations entre la State House et la Government House depuis la controverse suscitée autour des cartes de crédit utilisées par la présidente, émanant de la fondation du multimilliardaire angolais Alvaro Sobrinho.

Arrivés en premier sur les lieux, Pravind et Kobita Jugnauth ont dû, selon le protocole établi, attendre l’arrivée de la présidente de la République. Ameenah Gurib-Fakim, descendue de sa berline, n’a échangé qu’une poignée de main avec le Premier ministre et son épouse ainsi qu’avec les VIPs présents à l’entrée. La présidente a joué le jeu devant les photographes de presse présents, avant d’accueillir, avec le couple Jugnauth, l’arrivée du couple présidentiel indien, Shri Ram Nath Kovind et son épouse. Pravind Jugnauth et Ameenah Gurib-Fakim n’échangent aucun regard en allant jusqu’à l’estrade aménagée pour la cérémonie de levée du drapeau, fixée à 18 heures.

Regagnant leurs sièges respectifs, les deux se retrouvent séparés, avec le président de la République de l’Inde assis entre eux. Les minutes défilent et les deux protagonistes ne se parlent pas, hormis des discussions de temps en temps avec Shri Ram Nath Kovind. Ameenah Gurib-Fakim semble se concentrer uniquement sur le spectacle alors que Pravind Jugnauth se lance lui dans une conversation avec son Deputy Prime Minister, Ivan Collendavelloo. La communication est vraisemblablement coupée entre les deux de par leur comportement public hier après-midi. À l’heure des rafraîchissements, au beau milieu du spectacle, personne n’osera demander à Ameenah Gurib-Fakim si elle a besoin de quelque chose, sauf son garde du corps.

Pendant ce temps, le PM se livre à de grands échanges avec son adjoint, le leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, qui est rentré au pays hier en cours de journée avant de venir au Champ-de-Mars. Ce froid allait se maintenir jusqu’à la fin du spectacle, tous deux restant fixés sur les différentes prestations de la force policière et des artistes, allant même jusqu’à applaudir plusieurs d’entre eux. Le mood allait rester le même à l’heure du départ. Ayant raccompagné Shri Ram Nath Kovind et son épouse à leur voiture, Ameenah Gurib-Fakim allait encore une fois saluer Pravind et Kobita Jugnauth, à travers une poignée de main digne d’un au revoir, avant de prendre sa voiture et quitter les lieux, laissant à ceux présents de commenter ce froid palpable installé entre les deux, qui sera très suivi d’ailleurs dans les heures qui viennent.

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