Avenging Kistnen !

L’action entreprise ces derniers jours par le panel des avocats, les Avengers locaux, ne doit pas passer inaperçue. Ces avocats, pour rappel, ont décidé de faire cause commune depuis l’an dernier avec l’intention sincère de faire la lumière sur les circonstances ayant causé le décès de Soopramanien Kistnen. Aussi connu comme Kaya Kistnen, cet agent du MSM était, comme on l’a appris dans le sillage de l’enquête judiciaire instruite suivant l’action des Avengers justement, l’homme fort de l’ancien ministre du Commerce Yogida Sawmynaden dans la circonscription de Quartier-Militaire/Moka (No 8). Poste qu’il occupait jusqu’à ce que son corps partiellement calciné et sans vie soit retrouvé dans un champ de cannes à Telfair, Moka, le 18 octobre 2020. Sa mort, dont les circonstances sont encore très floues jusqu’ici, avait dans un premier temps été imputée à un… suicide.

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Et c’est cette thèse qui allait clore l’énigme autour du décès de cet ex-agent de la maison Orange. Mais la veuve du défunt, Simla Kistnen, a heureusement eu l’audace et le courage de ne pas se taire. Ce qui a attiré vers elle le panel d’avocats, surnommé les Avengers, et leur combat qui, depuis, est quasiment suivie par toute l’île Maurice via les médias. Un combat soutenu par une enquête judiciaire qui a permis d’ouvrir une boîte de Pandore sur une foule de transactions financières, notamment l’octroi de contrats juteux, en plein premier confinement de 2020, à l’égard de quelques petits copains (et copines, bien sûr) de personnes très proches du pouvoir, et qui ont décroché le jackpot, surfant sur la vague de la crise sanitaire de Covid-19.

Cette semaine, pour pas que Soopramanien Kistnen ne sombre dans les poubelles de l’histoire de notre pays justement, les Avengers ont donc mis au point ce calendrier d’activités (prière, dépôt de gerbe, rassemblement populaire) pour marquer le triste sort qui attendait le chef agent Orange. Ne serait-ce que par humanité envers une femme qui a perdu son époux et un fils qui a perdu son point de gravité, il nous semble bien que l’action des Avengers mérite pleinement le soutien de tout un chacun. Du moins, ceux qui récusent des pratiques propres au despotisme et au népotisme. Les partis de l’opposition ont compris cela, heureusement. Pourvu qu’ils ne voient pas là qu’un gain purement politique !
On peut imaginer que ni Simla ni Hansley Kistnen, respectivement l’épouse et le fils du défunt, n’ont jamais imaginé que leur vie basculerait de la manière qu’elle l’a été depuis octobre 2020. Des incidents, des bagarres, des disputes, des prises de bec, parfois même des morts d’homme, dans l’arène politique, localement, ne sont heureusement pas légion. Vingt-cinq ans après, on a en effet toujours du mal à oublier l’affaire Gorah Issac, avec les coups de feux qui avaient fait trois morts (Babal Joomun, Zulfikhar Bheeky et Yousouf Moorad) à la veille des municipales de cette année-là. Et quand Soopramanien Kistnen, un élément intrinsèquement lié aux régnants du jour, perd la vie aussi mystérieusement, des questions légitimes se posent.

Verra-t-on au final clair dans la mort de l’ancien agent du MSM ? Prions que oui ! Et souhaitons surtout que justice soit rendue, au nom de Simla et Hansley Kistnen, les plus grands perdants dans cette affaire. Car cette famille a été brisée à vie, portant un trauma qui ne pourra quasiment jamais se cicatriser. Le fils adolescent de Soopramanien Kistnen est marqué pour toujours. Non pas uniquement par les circonstances de la mort de son père, mais également par tous les scandales qui ont émaillé l’enquête destinée à faire la lumière sur cette disparition brutale, subite et inattendue.

Dans un autre ordre d’idées, la publication du rapport du PRB, une des carottes électorales des dernières législatives, a aussi marqué cette semaine. Une fois de plus, l’argument ultra-éculé de « diminuer l’écart entre les gros et les petits salaires » a été brandi. Mais à bien y voir, c’est encore et toujours les mêmes qui s’en mettent plein les poches. Et cela, en pleine crise économique, avec, comment dit-on déjà, « un pays à genoux »…

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