Averses et controverses

Après avoir connu un des mois de décembre le plus sec des annales météorologiques et avoir regardé avec inquiétude le niveau d’eau dans les réservoirs baisser dramatiquement, il est difficile de se plaindre de l’abondance des pluies qui tombent sur l’île depuis jeudi. On ne peut que se réjouir d’avoir eu de la pluie, malgré ses inconvénients, sans des vents cycloniques, qui auraient pu causer des dégâts plus graves.

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Madagascar a été plus malchanceuse. Le bilan du passage de Cheneso sur l’île est conséquent : pas moins de 16 morts, 19 disparus et quelque 55 000 sinistrés, sans compter les dégâts causés aux infrastructures.

Maurice a connu des pointes de 250 à 300 mm de pluies dans certaines régions de l’île et sur le plateau central, comme cela a été le cas à Wooton. Des inondations ont été observées dans plusieurs régions et les drains construits ces derniers temps dans les régions sensibles ont été mis à rude épreuve. Il est bon que les centres d’évacuation aient été ouverts dans la matinée de vendredi; ils ont accueilli un total de 760 réfugiés, en attendant que la situation climatique s’améliore.

Concernant l’agriculture, la Chambre de commerce indiquait hier qu’à première vue, les pluies ont été bénéfiques aux plantations cannières, mais que les légumes sensibles vont souffrir. Et une hausse des prix de légumes est attendue dans les prochains jours. Il semble donc que la décision des autorités de déclarer une alerte de pluies torrentielles a été bénéfique et aura permis de maintenir la population en sécurité après un chaos complet dans la journée de jeudi. Personne n’a compris pourquoi les services météorologiques, qui depuis plusieurs jours avaient mis en garde la population contre les risques d’une détérioration du temps jeudi, ont subitement décidé de lever l’alerte de grosses pluies dans la matinée… Pourquoi ont-ils pris le risque de livrer la population estudiantine aux risques des intempéries en appliquant à la lettre et sans intelligence un protocole ?

Si l’on se fie aux explications données par les météorologues ce jour-là, il aurait fallu attendre que les grosses pluies commencent pour déclencher un avis de grosses pluies. Or, les gens n’ont pas besoin de la météo pour voir que les grosses pluies ont commencé à tomber. Le minimum qu’ils attendent des prévisionnistes, qui disposent de tous les équipements nécessaires, dont un radar Doppler, est qu’ils prévoient qu’il y aura un risque de grosses pluies dans un délai raisonnable. La question qui se pose est de savoir si les prévisionnistes, qui sont des professionnels, ont l’entière liberté concernant la prise de décision d’émettre un avis de grosses pluies, qui implique la fermeture des institutions scolaires, ou faut-il qu’ils attendent le feu vert d’une autorité supérieure. Espérons que chacun a appris ses leçons afin d’éviter des erreurs similaires durant la saison cyclonique, qui devrait durer jusqu’au mois d’avril. D’ailleurs, les services météorologiques ont déjà annoncé que les risques d’inondations, de flash flood et de cyclones violents seront présents jusqu’à la fin de la présente saison cyclonique.

Si les appels aux précautions de la part de la population sont nécessaires afin de décourager les plus téméraires à prendre des risques inutiles, beaucoup pensent que la décision d’interdire les gens de quitter leur maison, ce qui équivaut à un “lockdown”, est exagérée. À notre connaissance, une telle mesure n’a jamais été introduite même pendant le passage d’un cyclone. Elles ne sont que des prétextes pour permettre à la police de prendre des contraventions, comme cela a été le cas pendant la période de Covid. Ce que la population veut à tout prix oublier.

Il est heureux que les différents réservoirs de l’île aient refait en grande partie le plein en eau. Tenant compte du changement climatique et ne sachant ce que le temps nous réserve dans les prochaines semaines et les prochains mois, nous espérons que les autorités n’attendront pas que les réservoirs soient à niveau presque vides pour commencer à gérer nos réserves en eau. Une campagne contre toutes les formes de gaspillage est nécessaire. Les autorités devraient non seulement s’engager dans une gestion scrupuleuse des réserves existantes, mais aussi construire de nouveaux réservoirs.

 

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