ReA : « Que l’histoire de l’esclavage soit reconnue dans la Constitution ! »

Reconnaître l’histoire de l’esclavage dans la Constitution. C’est ce que réclament divers intervenants lors d’un rassemblement organisé par Rezistans ek Alternativ (ReA) au Bassin des Esclaves, à Pamplemousses, dans le cadre de la commémoration de l’Abolition de l’esclavage. Le président de la General Workers Federation (GWF), Clency Bibi, a estimé « qu’un peuple qui ne connaît pas son histoire est un peuple sans âme ».

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Pour lui, il faut « aller plus loin en créant “La route des esclaves” pour retracer le parcours des esclaves à Maurice ». Ce qui, dit-il, permettra aux jeunes de mieux connaître l’histoire de leur pays.

Devanand Ramjuttun, un des porte-parole du Joint Negotiating Panel (JNP), explique, lui, que le Bassin des Esclaves a été choisi comme lieu de rassemblement, « parce qu’il est symbolique, car c’est là que les esclaves prenaient leur bain avant d’être vendus aux colons ». Il a ensuite dressé un parallèle avec certains faits bien contemporains.
« Au Bassin des Esclaves, c’était la foire des esclaves. Cette mentalité de colon n’a cependant pas changé dans l’industrie sucrière. Lorsque nous sommes à la table des négociations, ils nous regardent comme des esclaves. L’Apartheid des classes existe par ailleurs toujours à Maurice. Ils disent qu’ils détiennent l’économie du pays, alors que les décideurs politiques, eux, ne savent toujours pas sur quel pied danser. Ils doivent reconnaître qu’ils sont des descendants d’esclaves et ne pas venir de l’avant au Parlement avec des lois anti-travailleur. C’est une honte de prendre ce genre de décisions », dit-il.

« Vous devez vous révolter ! Réclamez vos droits et faites acte de rébellion en cas d’injustice. À l’époque de l’esclavage, il y avait une unité parmi les esclaves. Mais aujourd’hui, il n’y a plus d’unité entre les travailleurs. Les jeunes et les générations à venir doivent connaître l’histoire de l’esclavage, car les esclaves sont à la base du développement du pays. Il faut avoir de la reconnaissance pour eux », exhorte-t-il.
De son côté, David Sauvage, représentant d’Eco-Sud, a dressé le parallèle entre le modèle économique de l’époque coloniale et celui d’aujourd’hui, qui « n’est pas l’œuvre d’une main invisible. » Il prend ainsi exemple sur le ministère de l’Environnement, qui vient de publier une Road Map sur l’environnement.

« Pendant que la nature et les terrains marécageux s’amenuisent, cette Road Map ne préconise pas de mesures pour atténuer la situation. C’est une Road Map concoctée par les bourgeois de l’environnement en l’absence des pêcheurs et des laboureurs. Ce rapport ne parle pas de justice écologique », poursuit-il. Ainsi, la Road Map de 2030 ne s’intéresse pas à la consommation de plastique, nuisible à la santé des Mauriciens.

Ashok Subron, dirigeant de ReA, a évoqué « la première action de liberté dirigée par une femme », en l’occurrence Anna de Bengal, qui avait mis le feu à la caserne hollandaise, où se trouve désormais le Musée Frederik Hendrik de Vieux-Grand-Port. « Il y a une méconnaissance totale de l’histoire de l’esclave, et c’est en train d’empoissonner le pays, car 13% de la population des esclaves n’était pas des descendants d’Africains au moment de l’abolition. C’est pourquoi je dis que nous avons une histoire en commun. Il n’y a pas lieu de parler de couleur de peau, de vêtements ou de type de chevelure. Nous avons tous la même couleur de sang », affirme Ashok Subron.

Concernant le Bassin des Esclaves, il poursuit : « J’ai été agréablement surpris, car l’endroit sera décrété monument historique. Mais hier, sur le site du gouvernement, nous avons vu des photos d’une commémoration de politiciens du gouvernement. Ils ont signifié leur intention de mettre à cet endroit deux effigies d’esclaves soumis. De grâce M. le ministre de la Culture, ne défigurez pas ce lieu. Nous sommes en train de célébrer la liberté à Pamplemousses. »

Ashok Subron a également rappelé que « Maurice a été fondée sur le sang des esclaves ». Il poursuit : « C’est pour cela qu’il ne faut pas sektarize l’Histoire du pays. Il faut reconnaître Anna de Bengal comme la première personne à avoir levé le flambeau de la liberté et il faut mettre un terme au racisme, qui perdure toujours dans la société. An injury to one is an injury to all. »

Dany Marie, représentante du Centre for Alternative Research and Studies, a dit son regret que « l’histoire du pays ne soit pas réellement enseignée dans les écoles ».

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