BETAMAX : Avantage à l’aile pro-résiliation

L’aile pro-résiliation du contrat jackpot de plus de Rs 10 milliards de Betamax pour le fret pétrolier a remporté une manche cruciale en cette fin de semaine. La réunion du conseil des ministres de ce matin, avec la présentation d’un Position Paper sur l’état des négociations avec la direction générale de Betamax et un prochain rendez-vous entre les deux parties, est suivie avec un intérêt redoublé portant sur une éventuelle rupture de contrat signé en une seule journée un 27 novembre 2009 sur des instructions émanant du gouvernement de Navin Ramgoolam. La possibilité que le Central CID soit appelé à initier une enquête au pénal sur la signature et les conditions du contrat avec Betamax n’est pas à écarter sur la base des pressions exercées par des membres du gouvernement.
Des sources bien renseignées à l’hôtel du gouvernement indiquent que contrairement à la première réunion du conseil des ministres de cette année où une aile minoritaire avait fait objection à des procédures de résiliation du contrat Betamax, dorénavant, ce même camp ne devrait nullement avoir la partie facile pour faire prévaloir ses points de vue. Le dossier compilé contre Betamax du groupe Bhunjun contiendrait des Damning Evidence que des conditions proposées par le gouvernement d’alors ne sont nullement dans l’intérêt du pays que ce soit sur le plan économique ou même stratégique.
La tentative de management of public opinion du groupe Betamax, initiée le week-end dernier, a « backfired » avec les membres du comité ministériel sur ce dossier faisant clairement comprendre aux représentants de ce conglomérat que « ce communiqué est de très mauvais goût et contient des détails erronés ». Justifiant sa démarche, Betamax affirme n’avoir pas voulu contrer les positions du gouvernement sur le dossier des conditions d’affrètement du MT Red Eagle mais tout simplement remettre en perspective les débats suite à « des dérapages de certains spécialistes dans le domaine ».
Dans son analyse de la teneur du communiqué de Betamax, le gouvernement s’est appesanti sur un point fondamental. Le groupe Bhunjun se défend que « si nous comparons le prix du fret à la tonne proposé par Betamax à ceux pratiqués sur le marché aujourd’hui, il s’avère que le prix de Betamax est moins élevé. » Il récuse également la thèse que « le pays paie le fret deux fois plus cher à travers Betamax ».
De son côté, lors des discussions d’hier et chiffres à l’appui, le gouvernement est venu de l’avant pour faire la démonstration que « le pays est worse-off avec les coûts payés pour le fret pétrolier après la signature du contrat en novembre 2009 qu’avant cette dernière date. » Les détails qui ont transpiré confirment que pour la première année du contrat, la State Trading Corporation a déboursé la somme de 33 millions de dollars US (Rs 1 milliard) pour les rotations du MT Red Eagle entre l’Inde et Maurice, 34 millions pour la deuxième année et 34,5 millions pour la troisième année, soit 101,5 millions de dollars, montant nettement supérieur aux investissements initiaux de 65 millions de dollars pour l’acquisition du MT Red Eagle.
Pourtant dans son communiqué du week-end Betamax persiste et signe en affirmant que ce n’est nullement le cas. En réponse à la question si le groupe Bhunjun a déjà couvert tous ses investissements, Betamax répond : « Non, loin de là. Notre projet s’inscrit dans la durée, et le recouvrement des investissements se fera lui aussi dans la durée. » Néanmoins, le débat sur le chiffre se complique davantage pour Betamax.
Ainsi, le comité ministériel est également en présence d’autres données irréfutables pour dénoncer les coûts exorbitants payés à Betamax aux termes du contrat. Les dépenses annuelles variant de 34 à 34,5 millions de dollars avec la mise en opération du MT Red Eagle pour le transport d’un million de tonnes de produits pétroliers sont nettement supérieures au budget encouru précédemment par la STC au titre du fret pétrolier. Avant le contrat avec Betamax, les dépenses annuelles pour le fret étaient de l’ordre de 24 millions de dollars US.
Toutefois, Betamax se retrouve « hoisted with its own petard ». En effet, entre la signature du contrat jackpot du 27 novembre 2009 et la livraison du MT Red Eagle, Betamax avait affrété des pétroliers pour l’approvisionnement en produits pétroliers. Les réclamations de dépenses logées officiellement à la STC pour une année étaient de 22 millions de dollars, soit 12 millions de dollars de moins.
Dans le camp de ceux qui sont en faveur de la rupture de contrat, l’on se dit confiant de pouvoir balayer d’un revers de la main l’argument des ministres privilégiant la prudence par rapport au taux de compensation à être versée à Betamax en s’appuyant sur le rapport de BDO, commandité par le comité ministériel institué par le gouvernement Ramgoolam en 2009. La position de cette aile au sein du gouvernement pourrait devenir intenable à l’avenir vu que la possibilité d’une enquête confiée au Central CID pour établir de manière formelle les maldonnes est de plus en plus évoquée.
Le conseil des ministres du jour pourrait être appelé à donner au comité ministériel un mandat après une évaluation des nouvelles données du dossier compte tenu des positions quasi irréconciliables des deux parties…

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