BOM : Renvoi Sine Die du Monetary Policy Committee

En cette fin de semaine, la Banque de Maurice a annoncé la décision du report Sine Die de la prochaine réunion du Monetary Policy Committee (MPC), fixée initialement pour le lundi 9 février. La raison officielle est que la présentation officielle du budget 2015 à l’Assemblée nationale a été fixée au 16 mars prochain. D’autre part, en une année, l’endettement du secteur privé auprès des banques commerciales s’est alourdi de quelque Rs 8 milliards pour atteindre le montant de Rs 312 milliards. En parallèle, le regard des opérateurs économiques reste cloué au tableau du taux de change de l’euro, qui a atteint le taux plancher de Rs 35.6951 à la vente à l’ouverture lundi avant de remonter au-dessus de la barre des Rs 36, soit exactement Rs 36.1143 aujourd’hui.
La première réunion du MPC présidé par Ramesh Basant Roi, qui a succédé à Rundheersing Bheenick à la Bank of Mauritius Tower il y a un mois, a été renvoyée et aucune autre date n’a été annoncée officiellement pour cette réunion. Un communiqué posté sur le site internet de la Banque de Maurice ce matin indique que cette décision a été entérinée vu que le ministre Lutchmeenaraidoo a prévu de procéder à la lecture du Budget Speech 2015 le 16 mars prochain.
De ce fait, il faudra attendre le budget et même après pour prendre connaissance des nouvelles orientations de la politique monétaire de la nouvelle équipe installée à la Banque de Maurice. Aucune confirmation également si la composition du MPC sera revue avant la prochaine réunion car les membres actuels avaient été nommés sous l’ancien gouvernement travailliste et depuis les élections générales du 10 décembre de l’année dernière, beaucoup d’eau est passée sous les ponts.
L’un des points fondamentaux sur lequel devaient se pencher les membres du MPC lors de la réunion prévue le 9 février était de revoir la possibilité de renverser la tendance du statu quo par rapport au Repo Rate, maintenu à 4,65 % depuis ces derniers mois en dépit des appels de l’ancien gouverneur de la Banque Centrale, Manou Bheenick.
Avec le report de la réunion du lundi 9 février, le secteur privé, en particulier les opérateurs économiques, qui craignaient un rajustement à la hausse des taux d’intérêt à l’emprunt, bénéficieront d’un sursis, qui pourrait durer jusqu’à la fin de mars. La prochaine réunion du comité de politique monétaire, susceptible de revoir la politique des taux d’intérêt, pourrait suivre la présentation du budget.
Entre-temps, les dernières données publiées officiellement ce matin par la Banque de Maurice confirment la progression de la dette du secteur privé auprès du secteur bancaire. À la fin de décembre, le montant de la dette était de Rs 312,1 milliards, soit Rs 8 milliards de plus que pour la période correspondante il y a un an.
L’un des secteurs économiques les plus endettés est la construction, qui se retrouve avec une ardoise de 80 milliards, représentant une détérioration de la situation de l’ordre de Rs 5 milliards en un an. De cette somme, Rs 70 milliards sont constituées d’emprunts consentis par les banques commerciales aux opérateurs dans le bâtiment avec Rs 5,6 milliards sous forme de découverts bancaires.
La crainte majeure est que depuis ces dernières années, la construction enregistre une décroissance subséquente et les perspectives de redressement dans les mois à venir sont peu reluisantes. D’ailleurs, dans le cadre d’une série de Prudential Measures, la Banque de Maurice a classé l’industrie du bâtiment comme un secteur à risques, nécessitant un tour de vis.
Contrairement à la construction, le tourisme, un autre gros client des banques, a contenu son endettement au cours de l’année écoulée. A fin décembre 2014, la dette du tourisme se montait à Rs 47,6 milliards, soit un milliard de moins qu’à la fin de décembre 2013, dû principalement à une baisse dans le montant des découverts bancaires obtenus, de Rs 5,2 milliards à Rs 3,8 milliards.
L’endettement des ménages est placé sous strict contrôle pour être bloqué sous la barre des Rs 30 milliards, soit Rs 29,6 milliards contre Rs 29 milliards il y a un an. La situation dans les autres secteurs est la suivante :
Commerce : Rs 31,5 milliards, en progression d’un peu plus de Rs 2 milliards ;
Manufacture : Rs 18,8 milliards, en baisse de quelque Rs 400 millions ;
Services financiers : Rs 24,9 milliards, en hausse de Rs 3 milliards ;
Agriculture : Rs 19,1 milliards, en hausse de quelque Rs 200 millions.

En parallèle, le taux de l’euro suscite de véritables inquiétudes dans le monde des affaires. Au cours de cette semaine, en deux occasions, le taux à la vente pour l’euro a touché le seuil psychologique de Rs 35, dont Rs 35.6951 lundi dernier avant de passer au-dessus de la barre des Rs 35 ce matin. Un euro à Rs 35 est considéré comme une véritable épée de Damoclès contre la création d’emplois avec des risques de dérapage dans le Cash-Flow dans l’industrie du tourisme et également le secteur manufacturier et les opérateurs dans le Business Process Outsourcing (BPO). Le taux de change de l’euro reste sous constante surveillance.

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