Bon appétit, monsieur !

L’approche des élections législatives, prévues pour 2015 selon la Constitution, aura décuplé l’obsession sécuritaire chez nos politiciens soucieux de ne pas disparaître de la scène. Les protestations répétées faites par Rezistans ek Alternativ et Blok 104 concernant l’obligation d’inscrire son appartenance ethnique lors de l’acte de candidature aura été le déclencheur de prises de position aussi soudaines qu’inattendues.
Les dirigeants des deux principaux partis, après s’être adressé des compliments et s’être félicités d’avoir pu préparer le « Livre blanc » sur la réforme électorale se sont, sans grande surprise, séparés sur une mauvaise note. Alternant le froid et le chaud, le chef du gouvernement qui avait parlé d’une grande attirance pour le chef de l’opposition fanfaronne maintenant qu’il ira seul aux élections, confiant d’obtenir comme le leader nationaliste du BJP, la majorité absolue. Boulimique de la politique, il va jusqu’à dire qu’il se sent d’appétit à manger le gâteau seul. Qu’entend-il par le mot « gâteau » ? En tant que chef du gouvernement il devrait mieux choisir ses comparaisons et son vocabulaire et éviter de faire étalage de gourmandise… Nous lui souhaitons tout de même bon appétit.
Loin de vrais débats sur les problèmes urgents auxquels le pays doit faire face, l’obsession de conclure une alliance pour sauver sa peau prime chez nos politiciens. Dans ce milieu politique où paroles blessantes, provocations, reniements et trahisons ont libre cours, peut-on encore parler d’honnêteté intellectuelle ou alors de l’art de l’hypocrisie ? Comment ne pas s’offusquer en constatant que ceux qui nous font sans cesse de la morale en nous parlant de probité et d’éthique adoptent un tel comportement ?
Il est permis de penser que cette fameuse proposition de réforme électorale pourrait bien ne jamais obtenir la majorité nécessaire à son adoption. Le projet est loin de faire l’unanimité et il se pourrait que la dissidence à l’intérieur des différents partis soit bien plus grande qu’on ne l’estime. Comme l’inconnu fait peur à l’homme, ceux qui ne souhaiteraient guère se retrouver sur la touche avec une nouvelle donne réclament un seuil de représentativité de 7.5% (MSM), 5 % (PMSD) ou alors le maintien du Best Loser System dans sa forme actuelle. On les comprend. De surcroît de par l’appel logé en cour on n’est vraiment pas sorti de l’auberge.
Bien que le coup d’épaule de Paul soit essentiel à l’aboutissement de cette réforme, on ne lui pardonnerait certainement pas pour autant de brader, pour une alliance qui ne survivrait pas le lendemain, des années de militantisme, un électorat acquis et l’espoir des jours meilleurs que le
MMM avait fait naître et entretenu des années durant chez bon nombre de Mauriciens. Cela
équivaudrait à vouloir saborder son parti et se suicider politiquement. Parler d’une alliance dans l’intérêt supérieur du pays n’est que pure stratégie politique car une entente sincère et durable entre nos politiciens relève de l’utopie. Nous verrons bien qui aura été, au bout du compte, le plus rusé des deux compères…
Tant qu’à Xavier-Luc Duval le conseil qu’on lui donnerait est bien, sans jeu de mots, de prendre le large. Lui qui a hérité d’un parti qui jadis pouvait rivaliser avec les rouges se trouve maintenant à leur merci. Bien qu’il ait fait preuve de potentiel et de sérieux au sein de cette alliance rouge-bleu, il ne
récolte aujourd’hui que de l’ingratitude. Il a, certes, des cartes à abattre et un électorat à reconquérir. Il doit sans plus tarder s’employer à le faire, s’il veut se donner quelque chance de réussite. En prenant ses distances du marionnettiste, il sauverait son honneur et ce qu’il reste du PMSD. Un grand nombre de partisans, demeurés fidèles aux idéaux de SGD dont les réalisations sont incontestables, le souhaitent.
Je me souviens de m’être exercée à taper, bien des années de cela, utilisant cette fameuse citation de Charles E. Weller et qui se lit ainsi dans sa forme originale « Now is the time for all good men to come to the aid of their country ». Je la trouve très appropriée à la situation de notre pays qui traverse actuellement une des périodes les plus troublées de son histoire.

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