(Budget 2019/2020) Polémique : Rs 18 Mds de la BoM pour éponger la dette publique

  • Controverse autour du recours du GM à la clause 47 de la Bank of Mauritius Act pour ramener la Public Sector Debt sous la barre de 60% du PIB au 30 juin 2021
  • Pierre Dinan au Budget Forum de l’ACCA : « La Banque centrale, elle-même, a besoin de liquidités pour protéger la roupie »
  • Anthony Leung Shing, Senior Partner de PwC : « Our concern is that such an approach may have broader implications on the country’s monetary policy »

Les Rs 18 milliards puisées de la Special Reserve de la Banque de Maurice pour éponger la Public Sector Debt suscitent controverse et passions. Sur le plan politique, le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, est monté au créneau contre cette décision en approfondissant les points initialement évoqués par Arvin Boolell, juste après la lecture du budget, en début de soirée, jeudi.

- Publicité -

Tout semble indiquer que cette mesure budgétaire devrait constituer la rampe de la contre-offensive dans les rangs de l’opposition avec notamment Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger, faisant part de leur approbation au recours à la clause de la Bank of Mauritius Act pour respecter l’engagement de descendre la Public Sector Debt sous la barre des 60% du Produit intérieur brut au 30 juin 2021.

Au sein de la communauté des spécialistes en comptabilité, les réactions et commentaire sont légion, avec notamment Anthony Leung Shing, Senior Country Partner chez PwC, lançant le débat dans le PwC Budget Brief, et Pierre Dinan, ancien membre du Board of Governors de la Banque de Maurice, donnant de la voix lors du Budget Forum de l’ACCA d’hier après-midi.

Financial Plan.

En tout cas, l’Early Repayment of Debt, dont fait mention Pravind Jugnauth dans son Budget Speech, ne fait nullement partie de la gamme de mesures à effets d’annonce.

Le gouvernement a précisé ses  intentions en incluant dans les Budget Estimates un montant de Rs 18 milliards à l’item de l’Amortisation of External Loans à la page 384 du document sous le chapitre de Financing Plan.

Ces Rs 18 milliards en provenance du Special Reserve Fund de la Banque de Maurice devront servir pour l’Early Repayment of Debt pour un montant de Rs 15,7 milliards et de Scheduled Repayment of Debt de Rs 2,4 milliards.

Avec cette démarche, l’hôtel du gouvernement se dit confiant de pouvoir ramener la Public Sector Debt à 59,8% du PIB au 30 juin 2021, regagnant ainsi les rangs de « bons élèves du FMI », qui s’était montré intraitable sur cette question lors des Article IV Consultations de janvier dernier.

Avec ce recours à la clause 47 de la Bank of Mauritius Act, mettant en péril l’indépendance de la Banque centrale pour ceux qui sont opposés à cette mesure, le débat sur la gestion de la dette publique est relancé sur de nouvelles bases.

Rs 322,6 Mld.

Toujours en s’appuyant sur les chiffres contenus dans les documents du budget, au  30 juin prochain, la dette publique atteindra Rs 322,6 milliards, représentant 65% du PIB, soit l’une des pointes jamais atteintes.

Le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a annoncé que les Public Sector Borrowing Requirements pour 2019/20 seront de Rs 19,2 milliards. D’ici 30 juin 2022, la Public Sector Debt est projetée à Rs 356,3 milliards, la dette locale franchissant pour la première fois la barre des Rs 300 milliards. Toutefois, en termes de ratio par rapport au PIB, le budget prévoit que cet indicateur sera légèrement sous la barre des 60% au 30 juin 2021.

Même si au sein de Lakwizinn du PMO, l’on affirme détenir la recette pour répondre aux critiques de l’opposition, les objections ne cessent de s’accumuler dans d’autres secteurs.

Ainsi, dans le Budget Brief, avec les détails dans l’édition du Mauricien d’hier, Anthony Leung Shing de PwC relève que « our concern is that such an approach may have broader implications on the country’s monetary policy, ability to manage its foreign exchange risk or reliance on more domestic debt funding in the short-term ».

D’autre part, intervenant lors du Budget Forum de l’ACCA, Pierre Dinan brosse un tableau de la dette en ajoutant que « public debt is expected to reach 62,8% for june 2019 and 60,0% in June 2021. But it is projected to go down to 59,3% in June 2022. »

Il a toutefois émis des réserves s’agissant de l’utilisation des réserves accumulées à la Banque de Maurice pour rembourser la dette. « The BOM legislation will be modified and we are seeing a sort of coming together of the fiscal situation with the monetary situation. » Une chose que l’économiste ne voit pas d’un très bon œil…

Comparant cela avec la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande notamment, où l’on insiste pour une séparation entre la Banque centrale et la politique fiscale, Pierre Dinan a souligné que « this is best practice ».

Il explique que bien que la Banque de Maurice ait encouru des pertes depuis deux ans, ce n’est pas forcément une mauvaise chose en soi, puisque « son job est de protéger la roupie », ajoutant que « la banque elle-même a besoin de liquidités pour effectuer cette tâche ».

Le débat est lancé avec la BoM Tower dans l’œil du cyclone politique.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -