BUDGET 2022-23 : Les signes avant-coureurs de la faillite sri-lankaise !

PADMA UTCHANAH

- Publicité -

Présidente du Ralliement citoyen pour la Patrie

Le (prétendu) Mozart mauricien de l’économie et de la Finance, Renganaden Padayachy nous a sorti le grand jeu du musicien du Titanic. Sa litanie budgétaire 2022-23 sonne comme la monotonie d’un bateau à la dérive. Le budget présenté par Padayachy n’est qu’un décor bollywoodien. C’est l’arbre qui cache la forêt. Le budget du Gouvernement de Pravind Jugnauth explose le compteur avec des dépenses de l’ordre de Rs 172 milliards.

Alors que beaucoup vont s’atteler à décortiquer la forme et les multiples mesurettes du budget, je préfère me pencher sur la genèse du problème : la provenance des recettes.

La cherté du coût de la vie n’est pas uniquement la conséquence de la situation internationale, comme veut le faire croire Pravind Jugnauth. Elle résulte surtout de la mauvaise notation des institutions financières internationales. Notre politique monétaire entraîne une dépréciation vertigineuse de la roupie locale. L’injection des liquidités, des devises par la Banque centrale est une solution ultime de redressement, de lutte contre l’inflation mais, elle ne peut être une mesure continuelle. C’est comme une piqûre pour traiter rapidement une infection. On ne peut se faire injecter constamment !

La vie chère nous frappe durement parce que nous importons beaucoup, surtout la nourriture alors que nous avons tout pour produire localement et de meilleure qualité.

Où le ministre des Finances va-t-il trouver l’argent ? Qui va rembourser la dette et par quel moyen ?

La dette publique de Maurice grimpe pour atteindre 101 % du PIB selon le chiffre de la Banque mondiale défini au mois de décembre dernier. Alors que notre ministre ne retient que le chiffre de l’agence Moody’s évalué à 87 % du PIB.  Or, on sait qu’en économie, l’endettement d’un pays ne doit pas dépasser un tiers (30%) de son PIB. Le « precautionary ratio » a triplé pour un si petit pays comme le nôtre. Cette mesure de précaution a été mise en place afin d’instaurer un « safe side », autrement dit, s’il n’y a pas cette barrière et si les vannes sont ouvertes, cela déstabilise l’économie de tout un pays, voire l’équilibre mondial. C’est un gage de solvabilité.

L’argent de l’État n’est pas un argent magique. C’est à travers les taxes que nous payons les services à la dette. L’augmentation des taxes sera hélas inévitable. En d’autres mots, ce sont les contribuables qui vont devoir mettre la main au porte-monnaie pour rembourser les gabegies, le manque de vision et la mauvaise gestion économique du Gouvernement.

Souvent le ministre des Finances et les membres du Gouvernement de Pravind Jugnauth adorent se cacher derrière d’autres pays comme la France avec son endettement de 116.3 % du PIB en avril 2022, celui du Japon qui avoisine entre 238%  et 250% du PIB en 2021. Pour Maurice, il faut recontextualiser et comparer ce qui est comparable. La France est bien vue par les agences de notation et arbore un double A, ce qui est loin d’être le cas pour Maurice.

Comment expliquer cette notation alors que la France est à 116 % de son PIB ?

Les banques prêtent volontiers car depuis des décennies ces deux pays, France et Japon, jouissent d’une bonne réputation. Cette aura leur donne un avis favorable car les créanciers savent que ces deux pays sont de bons payeurs. Ils sont « creditworthy ». Leur crédibilité est sérieuse et bien qu’ils soient largement endettés, la notation reste plus ou moins stable. La France jongle entre un double A et un triple A ; ce sont des puissances économiques qui sont crédibles sur le marché. La France produit des avions, des trains, des voitures, etc…

En tout état de cause, ce sont les « grands pays » qui fixent les règles en matière d’équilibre économique. Pas Maurice.

Et Maurice que produit-elle concrètement ?

Le Premier ministre peut-il nous donner la garantie que notre pays va générer autant de richesse afin de rembourser cette dette pharaonique ?

D’où viennent les recettes des dépenses ?

Pravind Jugnauth s’est-il endetté davantage avec l’Inde pour le grand Oral ?

Y-a-t-il l’ombre d’une Modi…fication sur le budget 2022-23 ?

Le surendettement mène inexorablement à la faillite ! C’est malheureusement la politique conduite par Pravind Jugnauth… Pas besoin de rappeler ce qui se passe actuellement au Sri-Lanka. Nous avons tous compris que nous pourrions nous retrouver dans la même situation. Une dette publique écrasante qui va nous anéantir et il appartient alors à un pays tiers de nous prendre en charge avec une soumission incommensurable.

Pravind Jugnauth fait de Maurice un chantier avec des infrastructures flambant neuves qui se multiplient. S’il est indéniable que chaque citoyen aime voir son pays progresser, il nous faut toutefois faire preuve de pragmatisme. Il nous incombe de ne pas vivre au-dessus de nos moyens. Le progrès oui, mais dans la mesure du raisonnable.

Notre dette envers l’Inde est colossale. L’Inde ne nous fera jamais de cadeaux. L’Inde nous prête de l’argent. C’est notre banquier. Et en retour, nous sommes en train d’hypothéquer le pays, nos territoires… On emprunte à l’Inde pour rembourser l’Inde… cherchez l’erreur !

Est-ce que nous avons donné à Pravind Jugnauth et son Gouvernement carte blanche pour surendetter notre pays en son nom ?

Avons-nous donné au Premier ministre la procuration de nous étrangler avec le surendettement ?

Comment peut-on faire des dépenses éléphantesques alors que nous sommes au bord de la faillite ?

Au début, avec l’endettement, on paraît riche. On mène un train de vie superficiel et on dilapide les fonds, comme celui-là qui s’est endetté pour faire un super beau mariage. Une fois les festivités terminées, la réalité revient au galop et les lendemains déchantent. Nous sommes dans cette situation. Le poids de l’endettement nous écrase déjà. Bientôt l’Inde, notre créancier, va montrer ses griffes !

Alors que tous les voyants sont au rouge et que les caisses de l’État sont vraisemblablement vides ou en phase de le devenir, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy propose un budget qui est loin d’arrêter l’hémorragie abyssale de la dette publique. Il n’a donc tiré aucune leçon du drame économique et social qui se déroule au Sri Lanka. Un Gouvernement responsable ne devrait pas contracter des dettes au-delà de ses capacités car il sait que le Peuple va suffoquer sous leur poids.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -