Budget 22/23 – Les mesures : une aide authentique aux PME ?

Parmi la série de mesures annoncées dans le dernier exercice budgétaire à l’intention des Petites et moyennes entreprises (PME), figure un fonds de Rs 5 milliards, géré par la DBM et une autre somme de Rs 5 milliards par la MIC sous forme de Venture Capital Fund. On note, par ailleurs, une nouvelle définition des PME, les entreprises brassant jusqu’à Rs 100 millions de chiffre d’affaires désormais considérées comme des moyennes entreprises pour pouvoir bénéficier du soutien du gouvernement. Que valent toutes ces mesures ? Quel poids pèsent-elles dans la balance de l’aide aux PME ? Est-ce que toutes pourront y trouver leur compte ?

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Si Jean-Luc Rancier, entrepreneur, reconnaît dans ce budget un effort socialiste, il n’y voit, par contre, pas « un tableau rassurant pour les PME pour les mois à venir ». La préoccupation principale des entrepreneurs, insiste-t-il, demeure l’accessibilité aux fonds et services. Or, « les critères établis pour que les PME aient accès aux services sont très complexes », regrette-t-il. Les start-up et les entreprises brassant entre Rs 3 millions et Rs 10 millions par an sont, « perdantes d’avance car ces fonds seront davantage pour les moyennes entreprises, soit celles brassant entre Rs 10 M et Rs 50 M ».

Il regrette ne rien voir pour les plus petits entrepreneurs alors que « ce sont eux qui génèrent plus en termes de création d’emplois et qui font tourner l’économie ». Il martèle que le mentoring est primordial. « L’entrepreneur doit être en constante formation, ce qui manque à Maurice. »

Kwang Poon, également entrepreneur et président de l’Africa-Europe-Asia Business Council, trouve que les mesures vont dans le sens de l’équité économique. « Ce budget donne une bulle d’oxygène aux PME. Le seuil pour être qualifié de PME a été rehaussé. Beaucoup de programmes de soutien sont maintenant accessibles à un plus grand nombre d’entrepreneurs. Les petits contrats de gouvernement sont aussi réservés aux PME. » Il voit dans l’abolissement des frais d’enregistrement des compagnies un signal fort et clair que le « gouvernement voudrait faire émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs qui pourront non seulement servir sur le marché local mais qui pourront à terme se développer pour s’aventurer dans la région, en Afrique et au-delà ».
Takesh Luckho, docteur en économie et chercheur indépendant, a le sentiment qu’« on est resté sur sa faim » concernant les mesures pour les PME. « On a parlé de soutien en matière de financement mais cela existait déjà dans le précédent budget. Il y a eu un “renaming of schemes” mais rien en plus à proprement parler. » Il explique pourquoi les PME n’ont pu accéder à l’aide du MIC Fund. Pour lui, ce budget ne donne pas de plan directionnel en termes macroéconomique et n’ouvre pas la voie vers les secteurs d’avenir. « Il y a davantage de mesures populistes que de relance. » Le chercheur fait ressortir que l’information mais aussi une bonne étude du marché font défaut chez nombre d’entrepreneurs. « Il y a un manque d’encadrement. »

JEAN-LUC RANCIER (ENTREPRENEUR) : « Notre préoccupation principale : l’accès aux fonds et services »

Comment accueillez-vous les mesures budgétaires pour les PME ?
Dans l’ensemble, je trouve que c’est un budget socialiste mais qui ne dresse pas un tableau rassurant pour les PME pour les mois à venir. Notre préoccupation principale demeure l’accessibilité aux fonds et services. Les critères établis pour que les PME aient accès aux services sont très complexes, à l’exemple des critères demandés par la MIC.

Parmi les mesures de soutien à la disposition des PME, dans ce budget, figurent une somme de Rs 5 milliards par la DBM et un Venture Capital Fund de Rs 5 milliards qui sera monté par la MIC. Ce n’est pas pour autant, semble-t-il, que les entrepreneurs se sentent rassurés…
En effet, si on annonce Rs 5 milliards, il faudrait une certaine accessibilité à ce service. On est premier en Afrique en termes d’annonces. Le problème, c’est la mise en œuvre. On annonce Rs 5 milliards à la disposition des PME. Mais encore faut-il savoir avec la nouvelle classification des PME qui seront les PME qui en bénéficieront. Prenons la nouvelle catégorisation des start-up et des entreprises brassant entre Rs 3 millions et Rs 10 millions par an. Elles sont perdantes d’avance car ces fonds seront davantage pour les moyennes entreprises, soit celles brassant entre Rs 10 millions et Rs 50 millions.

Avez-vous l’impression que les plus grosses entreprises ont davantage à gagner dans ce budget ?
Oui, il n’y a pas à se voiler la face à ce propos. Personnellement, je ne vois rien pour les plus petits entrepreneurs. Or, ce sont eux qui génèrent plus en termes de création d’emplois et qui font tourner l’économie.

Prenons les chantiers de construction. Il y a une brochette d’entrepreneurs autour : le marchand de rotis, de jus, de sandwich, de thé ; celui qui transporte les matériaux de construction, etc. Ces métiers font vivre beaucoup de familles. Alors que des entreprises un peu plus haut de gamme ont un nombre restreint d’employés. Elles sont limitées en termes de recrutement alors que dans le premier exemple, le recrutement est dans la création.

Qu’attendiez-vous donc comme mesures ?
Il y aurait dû y avoir des mesures dans la continuité comme annoncées dans le précédent budget. Prenons le SME Covid-19 Special Support : on aurait attendu un moratoire de six mois additionnels. En effet, quand on bénéficie de ce fonds, celui-ci n’est pas décaissé à 100% dès le départ. Beaucoup de PME n’ont pas voulu aller directement vers l’obtention de ce fonds à 100%. Elles ont commencé à prendre Rs 500 000 pour injecter et voir si avec ce fonds, l’entreprise arrive à se relever comme ils le souhaiteraient sur les six premiers mois. Si cela fonctionne, à ce moment, elles prennent les Rs 500 000 restantes.

Beaucoup de petites entreprises ont effectivement eu un peu de mal à voir un retour sur les premières Rs 500 000 injectées. D’où le fait qu’on aurait dû proposer une possibilité d’extension pour que ces entreprises puissent commencer déjà à repayer. Deuxièmement, ce qu’on peut se demander, c’est qu’a-t-on mis sur pied depuis ces 12 derniers mois par rapport à l’encadrement de ces PME ? Les instances qui s’occupent de la promotion et de la gestion de l’entrepreneuriat, qu’ont-elles mis en place pour pouvoir vraiment gérer ? Il faut comprendre que cette crise n’en est pas une qui se situe uniquement sur le plan de la productivité. C’est une crise qui se situe aussi au niveau moral.

Il y a des entreprises qui ont à peine commencé, certaines ont à peine cinq ans et se mettaient à peine à s’épanouir quand elles se sont retrouvées en pleine difficulté avec le confinement. Il y aurait dû y avoir un certain encadrement, une plateforme dédiée à divers services et produits. Ces instances ont-elles une base de données à jour de ces petites entreprises en difficulté ? Je doute fort.

Outre l’accès au financement, l’encadrement est donc essentiel ?
Tout à fait. Le Mentoring est primordial. On peut avoir de l’argent mais pas d’idées et vice-versa. Avant de donner de l’argent, il faut pouvoir conscientiser sur le fait que l’entrepreneuriat doit être pris au sérieux dès le départ. Les échecs existent mais donnent la maturité pour avancer. L’entrepreneur doit être en constante formation, ce qui manque à Maurice.

Que pensez-vous de l’amendement à la SME Act pour revoir la définition des PME ?
Je pense que cela permettra une meilleure visibilité sur le long terme. Encore faut-il que cette nouvelle définition encourage les institutions financières à développer des produits adaptés à ce genre de classification. Il y aurait dû y avoir des taux d’intérêt différents. On ne peut proposer un même taux à une très petite entreprise et à celle qui brasse un chiffre d’affaires de Rs 50 millions. Je souhaiterai des emprunts avec différents taux d’intérêt, selon la taille des entreprises.

Quelles répercussions le Wage Relativity Adjustment aura-t-il sur les PME ?
Personnellement, je pense que cette nouvelle loi qui sera en vigueur en juillet freinera l’ambition d’une personne à se lancer dans l’entrepreneuriat. Outre le fait qu’elles contribuaient au levy, au NPS, au NSF, les PME ont fait face à la CSG. Après cela, il y a eu le PRGF. Maintenant qu’il leur faudra s’adapter avec le nouveau NRB, les PME se retrouveront davantage en difficulté, surtout les start-up qui se sont lancées ces 24 derniers mois. Une entreprise n’a une bonne visibilité que sur les 36 premiers mois. Ce n’est que sur la troisième année qu’on peut voir si l’entreprise pourra avancer ou drop.
J’aurais suggéré que cette loi soit en vigueur pour les PME en 2025 ou alors que le gouvernement donne une allocation aux PME sous forme de Negative Income Tax. Cela aurait favorisé l’avancement. Il faut arrêter avec des mesures populaires. Il faut des mesures apportant des résultats positifs sur les cinq à dix prochaines années.

Le mot de la fin…
Que le gouvernement soit davantage à l’écoute de la réalité actuelle des PME et qu’il y ait un échange régulier – chaque trois mois – pour avoir une bonne évaluation de la santé des PME. C’est le pays qui en sortira gagnant.

KWANG POON (ENTREPRENEUR) : « Les mesures vont dans le sens de l’équité économique »

Comment accueillez-vous la série de mesures budgétaires à l’intention des PME ?
Dans l’ensemble, j’accueille favorablement les mesures qui vont dans le sens de l’équité économique. Dans le passé, on a beaucoup parlé de démocratiser l’économie, et ces mesures pour les PME vont effectivement dans ce sens.

Pensez-vous que tous les entrepreneurs – du plus petit au plus grand – y trouvent leur compte ? Ce budget est-il une bouée de secours pour les entreprises en difficulté ?
On peut dire que ce budget donne une bulle d’oxygène aux PME dans la mesure où le seuil pour être qualifié de PME a été rehaussé. Ce qui fait que beaucoup de programmes de soutien sont maintenant accessibles à un plus grand nombre d’entrepreneurs. Les contrats de gouvernement pour des constructions inférieures à Rs 20 millions sont aussi réservés aux petits entrepreneurs. Cela facilitera grandement leur développement alors qu’avant, les PME avaient un peu de mal à concurrencer les grandes entreprises ou conglomérats.

Parmi les mesures de soutien à la disposition des PME, figurent une somme de Rs 5 milliards par la DBM et un Venture Capital Fund de Rs 5 milliards qui sera monté par la MIC. Mais plusieurs entrepreneurs ont dans le passé déploré le fait que c’est un vrai parcours du combattant pour accéder à ces financements et certains parlent même de « favoritisme ». Comment assurer que ces fonds sont authentiquement des aides aux entrepreneurs ?
De manière générale, il faudrait instituer un comité indépendant avec des critères transparents. Ensuite, il faut mettre en place un mécanisme de suivi pour mesurer si les programmes de soutien atteignent les objectifs définis, quitte à recalibrer ou ajuster certaines mesures en cours de route pour les rendre plus efficaces.
En particulier, la MIC a fait l’objet de critiques parce qu’il y avait une perception que les fonds semblaient surtout destinés aux grosses entreprises. Donc, en créant le Venture Capital Fund et le SME Fund qui visent explicitement les start-up et les PME, le gouvernement témoigne de son intention de leave no one behind.
Le budget est venu introduire un Progressive Income Tax Rate pour remplacer le barème uniforme. De même, on a proposé que la marge sur les produits pharmaceutiques évolue d’une marge fixe vers une marge régressive. Toutes ces mesures vont dans le sens de l’équité sociale avec une attention particulière à ceux au bas de l’échelle. Donc, s’il faut parler de « favoritisme », à travers ces mesures, le gouvernement est en train de favoriser les gens qui en ont le plus besoin.

Que pensez-vous de l’amendement à la SME Act pour revoir la définition des PME ? Désormais, les entreprises réalisant entre Rs 2 M et 10 M seront considérées comme des micro-entreprises ; celles réalisant de Rs 10 à 30 M des petites entreprises et celles entre Rs 30 M et 100 M des moyennes entreprises.
Cette reclassification a une portée immense. Toute entreprise avec un chiffre d’affaires jusqu’à Rs 100 millions est maintenant considérée alors qu’avant le seuil était fixé à Rs 50 M. Selon l’étude préliminaire, et comme l’a souligné le ministre des Finances, cette mesure touchera quelque 142 000 entreprises qui auront dorénavant accès a une panoplie de plans d’aide destinés exclusivement aux PME.
En particulier, la DBM et l’IFCM (Industrial Finance Corporation of Mauritius) ont approuvé des emprunts avantageux à plus de 12 000 PME pour une valeur totale de presque Rs 5 milliards. À travers cette nouvelle catégorisation, cette mesure ouvre le SME Interest Free Loan Scheme, le Covid-19 Special Support Scheme et d’autres prêts concessionnels à un plus grand nombre d’entreprises.

Votre appréciation des autres mesures concernant les PME ?
Il faut ajouter que le budget vient abolir les frais d’enregistrement d’une compagnie à Maurice. Le signal est loud and clear : le gouvernement voudrait faire émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs qui pourront non seulement servir sur le marché local mais qui pourront à terme se développer pour s’aventurer dans la région, en Afrique et au-delà. Quant aux grands thèmes derrière ce budget, relevons la sécurité alimentaire, le développement durable et, bien évidemment, la relance économique sans oublier le social.
Sur le plan de la sécurité alimentaire, je crois comprendre que le ministère de l’Agro-industrie compte promouvoir la profession de fermier-entrepreneur avec l’apport de la technologie et mettre l’accent sur l’économie circulaire afin d’être autosuffisant pour certaines denrées de base et pour les intrants. De même, l’économie bleue pourrait évoluer avec les mesures promouvant le développement de la pêche industrielle.
Toutes ces mesures ont pour but de promouvoir l’autosuffisance alimentaire, quoiqu’un ajustement des habitudes alimentaires soit peut-être nécessaire. Les Mauriciens consomment beaucoup de riz et de farine qui doivent être importés. Avec la crise en Ukraine, les chaînes d’approvisionnement alimentaire sont sérieusement affectées. L’Ukraine était un producteur et exportateur majeur de blé et d’huile de tournesol. Donc, il faut peut-être commencer à penser à manger ce que nous pouvons produire localement.
Dans le futur, sous le scénario le plus pessimiste, il ne serait pas inconcevable que le plat national de Maurice devienne le chicken/fish and chips, servi avec une salade pour un repas équilibre avec les protéines, les glucides, les vitamines et les fibres alimentaires.
Donc, un retour à la terre assorti d’une campagne de sensibilisation pourrait nous orienter plus facilement vers la sécurité alimentaire. Aussi, le signal pour un virage au vert dans le budget offre d’innombrables opportunités d’entreprendre dans l’énergie renouvelable, la vente, l’entretien et la recharge des véhicules électriques ou hybrides et l’économie circulaire, pour ne citer que quelques cas.
Le Green Finance Gateway fraie une voie potentielle pour le centre financier international mauricien dans le futur. Le gouvernement a donné le ton. Aux entrepreneurs de prendre la balle au bond et de saisir les opportunités qui se dessinent à l’horizon.

TAKESH LUCKHO (ÉCONOMISTE) : « Un manque d’encadrement pour les entrepreneurs »

Comment accueillez-vous la série de mesures budgétaires à l’intention des PME ?
Le budget 2020-2021 était davantage un budget de soutien pour les PME impactées par le Covid-19 car elles n’avaient pas les moyens de sortir la tête hors de l’eau. Pour ce budget, nous attendions que les PME trouvent une nouvelle direction, d’autant que Maurice nourrit l’ambition de devenir une nation d’entrepreneurs, soit faire du secteur des PME un pilier de l’économie. On est dans la bonne direction car aujourd’hui, 40% des emplois proviennent des PME et c’est un secteur qui contribue au PIB.
Après un budget de soutien donc en 2020, il était important d’avoir un budget de relance pour les PME car après deux ans de difficultés suite à la pandémie, il est temps que celles-ci puissent remettre la machine en marche. On est pour ainsi dire resté sur notre faim en ce qui concerne les mesures pour les PME. On a, en effet, parlé de soutiens en matière de financement mais cela existait déjà dans le précédent budget. Il y a eu un renaming of schemes, mais rien en plus à proprement parler.

Que pensez-vous de l’amendement à la SME Act pour revoir la définition des PME ? Désormais, les entreprises réalisant entre Rs 2 millions et 10 millions seront considérées comme des micro-entreprises ; celles réalisant entre Rs 10 millions et 30 millions comme des petites entreprises et celles entre Rs 30 millions et 100 millions des moyennes entreprises.
Cela permet aux plus grandes compagnies – incluant celles dans l’exportation – de bénéficier de l’aide du gouvernement alors que l’an dernier, seules celles qui brassaient un chiffre d’affaires maximal de Rs 50 M pouvaient en bénéficier. Par exemple, le MIC Fund est un bail out fund (prêt à une entreprise en difficulté financière). Les Rs 80 Mds qui ont été transférées de la BoM vers le MIC Fund étaient davantage un bail out fund mais les PME n’en profitaient pas parce qu’il y avait des critères vraiment contraignants.
Cette redéfinition permettra peut-être une meilleure accessibilité à ces aides. La MIC pourra également investir des Capital Venture Funds dans les PME. Le venture capital est en général un investissement à risques et il faut savoir le gérer. Il y a des compagnies spécialisées qui s’occupent de tels investissements.
Mais la MIC a-t-elle les compétences pour cela ? Dans sa constitution initiale, en effet, à aucun moment n’avait-elle pour mission de faire des investissements de venture capital. Cette mesure implique donc qu’on change la constitution de la MIC. Car sous l’article 6 de la BoM, la MIC est là seulement pour aider le gouvernement à atteindre des objectifs macroéconomiques en aidant les entreprises en difficulté financière. C’est donc davantage un bail out fund et non un investment fund. Je l’avais déjà dit : il y a Rs 44 milliards qui dorment à la MIC et qui ne peuvent être utilisées car les conditions sont très sévères.
Par exemple, il faut être une compagnie avec un chiffre d’affaires élevé et en contrepartie de cette aide, il faut donner 10% d’actions. C’est un prêt. Si l’entreprise n’arrive pas à rembourser, la MIC a le pouvoir de reprendre la compagnie. Ce qui a découragé bien des compagnies.

Les plus petites entreprises y trouvent-elles leur compte ?
Le budget aurait dû donner une vision aux entrepreneurs quant à quelle direction prendre. Par exemple, l’agrobusiness qui prend de l’ampleur à Maurice est un des créneaux que le gouvernement aurait pu pousser de l’avant. Or, ce budget n’a pas de vision quant à la direction que prend le pays en termes macroéconomique, quels sont les secteurs d’avenir.
Les nouveaux entrepreneurs sont dans le flou et les anciens restent sur leur faim. On a une mesure encourageant 50 femmes à l’entrepreneuriat. Pourquoi cette limite de 50 et comment les choisir ? Ce sont des mesures bits and pieces. Le budget comprend davantage de mesures populistes que de relance. On ne voit pas de grands changements non plus concernant l’économie, les fondamentaux macroéconomiques.

Dans le passé, plusieurs entrepreneurs ont déploré le fait que c’est un vrai parcours du combattant pour accéder aux soutiens financiers. Certains parlent même de « favoritisme ». Dans le budget, nous voyons parmi d’autres mesures de soutien aux PME une somme de Rs 5 milliards par la DBM et un Venture Capital Fund de Rs 5 molliards qui sera monté par la MIC. Comment assurer que ces fonds sont authentiquement des aides aux entrepreneurs ?
Sur dix entreprises qui démarrent, huit ferment leurs portes à la fin de l’année. Sur trois ans, une seule sur ces dix survit ! Cela, par manque d’informations concernant les soutiens financiers. En tant que chercheur, je viens de faire une recherche sur les facteurs contraignants pour les femmes entrepreneurs. Il y a plusieurs sources de financement de la DBM, la SBM, la MCB, SME Mauritius etc., mais les femmes, surtout celles au bas de l’échelle, ne sont pas au courant de toutes ces aides.
L’information donc mais aussi une bonne étude du marché font défaut chez nombre d’entrepreneurs. En effet, la première chose qui est demandée quand vous faites une demande pour ces aides, c’est un business plan. Sans un business plan bien rédigé, la demande sera rejetée. À Maurice, il y a un manque d’encadrement comme les Business Angels.

Quelles répercussions le Wage Relativity Adjustment dans le secteur privé pourrait-il avoir sur les PME ?
Quand la confiance des consommateurs n’est pas là, les entreprises ne s’épanouiront pas. Avec cet ajustement qui entrera dans la loi, ce n’est pas une augmentation en tant que telle mais une allocation. Il est facile pour le gouvernement de le faire dans le secteur public mais plus compliqué dans le privé. En amendant la loi, cette allocation devient obligatoire.
Mais beaucoup de PME en difficulté ne pourront le faire. Le gouvernement doit avoir recours aux schemes existants comme les Rs 44 Mds de la MIC, Rs 16 Mds des Special Funds. Les fonds inutilisés peuvent aider les PME à payer cet ajustement. Si on ne le fait pas, il y aura discrimination entre le secteur public et le privé encore une fois.

Pour conclure…
Ce qui manque dans le budget, ce sont des mesures macroéconomiques pour voir comment apporter de la croissance et réduire le chômage. Le social est là mais on reste sur notre faim côté développement.

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