Budget et politique : Tollé contre la nationalité mauricienne à Rs 35 M

  • Rezistans & Alternativ en campagne contre la mesure budgétaire de Pravind Jugnauth de « vendre le Mauritian Citizenship » contre le versement d’un million de dollars au Mauritus Sovereign Fund
  • Ashok Subron : « Nasyonalite enn pei, li pa enn komodite, li pa enn marsandiz ek li pena pri »
  • Navin Ramgoolam « Ce n’est pas une décision de bon augure, les Mauriciens devenant des étrangers dans leur propre pays »

Les débats sur le budget 2018-19 présenté par le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, risquent de prendre une autre tournure et de déborder sur le plan constitutionnel, avec en toile de fond le Mauritian Citizenship mis en vente à des étrangers au prix de Rs 35 millions ($ 1 million). Les premières protestations timides exprimées par BDO dans son Budget Brief sur le plan des affaires ou de l’ancien Premier ministre et leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, pourraient connaître une amplifcation politique dans les jours à venir. Rezistans ek Alternativ, avec Kugan Parapen montant en première ligne, et en soutien Ashok Subron et Stefan Gua, soulève un tollé contre cette mesure budgétaire concoctée par Lakwizinn du Prime Minister’s Office.

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Le point de mire de la contestation porte sur les paragraphes 107 et 198 du Budget Speech. À cet effet, l’Economic Development Board se voit confier la tâche de vendre la nationalité et le passeport mauriciens à des high net worth individuals par le truchement de deux schemes. Dans le premier, des ressortissants peuvent prétendre à bénéficier de la nationalité mauricienne contre une contribution non-remboursable d’un million de dollars américains au Mauritius Sovereign Fund. L’épouse et les enfants se qualifient pour le même privilège avec des contributions individuelles de Rs 3,5 millions.

Le passeport mauricien est mis en vente à $ 500 000, avec l’épouse et les enfants versant $ 50 000 par passeport toujours au Mauritius Sovereign Fund. En complément, l’Economic Development Board est appelé à opérer un Foreign Manpower Scheme avec l’Occupational Permit octroyé en cinq jours et l’employeur versant l’équivalent d’un mois de salaires.
Dans un premier temps, après le discours du budget, BDO devait mettre en garde contre ce projet pour des raisons de business et non pas d’atteinte à l’intégrité de la nationalité.

« There are two-tier incentives enabling foreign investors to obtain either Mauritian citizenship or passport. However, caution must be exercised that this scheme does not cannibalise existing incentives for real estate schemes like IRS, PDS, Smart Cities as foreigners can now buy anywhere after being granted citizenship », soutient BDO.
De son côté, dans une première réaction post-budgétaire vendredi au Mauricien, Navin Ramgoolam avait situé le contexte politique de cette mesure controversable. « Ce n’est pas une démarche de bon augure », devait-il déclarer, en ajoutant que « ces investisseurs pourront se tourner vers l’immobilier n’importe où dans le pays, au risque de créer une flambée des prix qui aura pour résultat que les Mauriciens seront des étrangers dans leur propre pays. »

Braderie
Toutefois, la prise de position de Rezistans ek Alternativ est éminemment plus politique qu’autre chose. « Ce que propose de faire Pravind Jugnauth en moins de deux semaines dépasse le simple cadre du budget. Il s’apprête à modifier de façon fondamentale la notion et le principe de ce qui constitue la nation et la citoyenneté mauriciennes. C’est une braderie de la nationalité mauricienne », soutiennent Ashok Subron et Stefan Gua.

« Nasyonalite enn pei, li pa enn komodite, li pa enn marsandiz ek li pena pri. Tantativ pou Pravind Jugnauth sanz lalwa lor nasyonalite pou remet an kestyon lesans mem drwa natirel, inalienab de tou sitwayen Morisyen. Li pou reprezant enn remiz an kestyon lak konstititiv mem lor lekel lindepandans Moris inn repoze depi so nesans ek so lekzistans pandan dernye 50-an », poursuivent ces militants de Rezistans ek Alternativ, en s’appesantissant sur le fait que le gouvernement du deal piti/papa n’a pas de mandat légitime pour faire adopter des changements constitutionnels de cette envergure.
« Devant la gravité de la situation et la légèreté constitutionnelle dont a fait preuve le gouvernement sur cette affaire, nous lançons un appel à la mobilisation pour faire échec à cette décision du gouvernement et pour faire Pravind Jugnauth rekile ankor enn fwa », déclare Ashok Subron, qui annonce la constitution d’une plateforme pour contester la vente de la nationalité mauricienne. « Sa kalite sanzman-la pa kapav fer dan kad enn bidze. Pravind Jugnauth ek so gouvernman pena enn manda demokratik pou amenn enn tel sanzman fondamantal. Dayer, sa kalite kestyon-la, zame inn fer lobze de deba dan dernye kanpayn elektoral », poursuit-il.

Rezistans ek Alternativ lance un appel à l’opposition parlementaire pour faire bloc contre le changement à la nationalité dans le Finance Bill. « Nous demandons aux partis de l’opposition de se concerter contre la mise au rabais de la citoyenneté et d’aller jusqu’à la présentation d’une motion de blâme contre le gouvernement au cas où Pravind Jugnauth s’entête », avance Rezistans ek Alternativ, qui demande aux parlementaires de la majorité de prendre position dans la conjoncture politico-budgétaire.

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