BUSINESS TRENDS 2012: Climat des affaires le pessimisme s’installe

Le pessimisme gagne le monde des affaires. Une entreprise sur deux s’attend à une dégradation du climat des affaires dans le pays cette année résultant de la détérioration de l’environnement économique global. C’est ce que révèle l’édition 2012 du Business Trends Survey réalisé par la Mauritius Employers Federation et dont les principales observations ont été communiquées ce matin à la presse par les dirigeants de l’association patronale.
Réalisé de novembre 2011 à janvier 2012 et touchant environ 90 entreprises de différentes tailles et de divers secteurs économiques, le sondage de la Mauritius Employers Federation (MEF) démontre des « signs of creeping pessimism » au sein de la communauté des affaires par rapport à l’évolution de la situation des entreprises au cours de la présente année. La MEF relève que le niveau de confiance quant aux perspectives futures est au plus bas depuis 2009 quand la crise financière et économique globale battait son plein.
Le sondage indique que 51,2 % des entreprises interrogées prévoient une aggravation de l’environnement des affaires dans le pays alors que 14 % estiment qu’il y aura amélioration. À la question portant sur l’évolution de la situation dans leur secteur d’activités, 50 % des sondées ont indiqué qu’elle resterait inchangée alors que 33,3 % pensent qu’elle irait de mal en pis. Elles sont aussi nombreuses (40,2 %) à anticiper une détérioration de la situation dans le marché domestique alors que pour le marché international, celles qui craignent une aggravation sont au nombre de 31,4 %, taux semblable pour celles qui tablent sur une amélioration.
Faisant le décompte entre les optimistes et les pessimistes, la MEF écrit dans son rapport : « It would appear that business confidence about future pespectives has now attained the lowest level since the global financial and economic crisis in 2009. » Clensy Appavoo, président de l’association patronale, souligne que ce sont surtout les entreprises tournées vers l’exportation qui sont les plus pessimistes du fait de la situation déprimante dans leurs marchés, en particulier la zone euro.
Le sondage fait ressortir qu’en sus des entreprises orientées vers l’exportation, celles des secteurs du commerce (de gros et de détail), de la construction et du tourisme appréhendent une situation difficile. Pour le secteur d’exportation, les principales préoccupations sont les conditions moroses prévalant dans leurs marchés aussi bien que le manque à gagner découlant de l’appréciation de la roupie vis-à-vis de l’euro.
Les entreprises du secteur commercial doivent elles faire face à une concurrence accrue, à la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, entre autres. Les constructeurs, eux, constatent une diminution dans le nombre de projets d’envergure et un ralentissement dans les activités concernant le secteur de l’immobilier. Quant aux opérateurs du secteur touristique, outre le problème du taux de change euro–roupie, ils se retrouvent devant des coûts élevés du service de la dette, à une réduction du pouvoir d’achat des touristes et des conditions de marché contraignantes.
Le sondage de la MEF fait cependant ressortir que dans leur majorité les entreprises sont financièrement solides. « Despite difficult economic conditions, most respondents report a sound financial situation with 57 percent assessing their financial position as “satisfactory” and a further 31 percent as relatively “good” », observe la MEF. De plus, 38 % des sondées estiment que leur situation financière va s’améliorer au cours des douze prochains mois contre 17 % anticipant une détérioration.
Productivité : une préoccupation
Interrogées sur l’emploi, plus de 50 % des sondées ont indiqué que le niveau devrait rester le même cette année mais on note que près de 35 % annoncent une hausse des emplois. Concernant l’investissement dans les bâtiments et l’équipement, environ 44 % des interrogées ont annoncé que la situation resterait inchangée cette année alors que des investissements accrus sont attendus de la part de 35 % autres entreprises. S’agissant des profits prévus en 2012, elles sont 32,1 % à annoncer une augmentation, 37 % à prévoir un niveau semblable à 2011 et 30,9 % à anticiper une baisse.
La productivité demeure une préoccupation pour nos entreprises. La majorité des sondées considère qu’il y a « ample room for productivity improvement at the workplace » mais que les barrières à toute progression de la productivité sont multiples. Environ 52 % des entreprises affirment qu’il y a un manque de main-d’oeuvre qualifiée. On note aussi que 47,6 % des entreprises trouvent qu’il y a un « lack of proper work ethics among employees ». L’absentéisme est décrié par 39 % des sondées.
Faisant part de leurs observations des politiques gouvernementales, les entreprises laissent entrevoir qu’elles ne sont pas satisfaites de la politique de taux d’intérêt (58,5 %), des mesures pour l’allègement de la pauvreté (57 %) et aussi, mais dans une moindre mesure, de l’éducation (49,4 %) et de la politique de taux de change (47 %). Par contre, elles apprécient les politiques salariales (79,5 %), des relations industrielles (77,4 %), d’impôt sur le revenu (80,8 %) et autres taxes (72,3 %) ainsi que celle du CSR (69,5 %).
La MEF conclut son rapport en faisant des recommandations tant au gouvernement qu’aux entreprises. Au premier, l’association patronale propose, entre autres, de veiller à l’application des mesures budgétaires, à l’élaboration de solutions concrètes sous le National Resilience Plan, à l’amélioration de l’environnement des affaires, au dévelopement des ressources humaines, à la cohérence entre les politiques fiscale et monétaire et au déploiement de mesures pour régler le problème de chômage chez les jeunes et les femmes.
Aux entreprises, la MEF demande de planifier pour le succès à long terme de leurs opérations, de revoir leur business model pour plus d’efficacité et pour être compétitif, d’investir dans le développement des ressources humaines et de la technologie, de faire plus d’efforts de marketing, d’envisager le licenciement comme mesure de dernier recours, d’adopter une culture d’innovation et de se focaliser sur des valeurs tels l’intégrité, la crédibilité, la fiabilité et le leadership.

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