(Centres de santé) Accès contrôlé à partir du 21 juin : Grogne, frustration et cafouillage…

– La polémique enfle face à l’obligation à la vaccination anti-Covid-19 ou au test PCR

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« Le gouvernement fera de sorte à obtenir le vaccin pour la population, mais il ne pourra pas forcer le public. » C’est ce que n’ont cessé de répéter les différents intervenants du gouvernement depuis le début de l’année, même s’ils recommandent fortement à la population de se faire vacciner, en vue non seulement de protéger le pays, mais aussi pour atteindre les 60% d’immunité collective (plus de 70-80%, désormais) en marge de la reprise des activités touristiques et de l’économie. Or, depuis une semaine, la polémique enfle avec les amendements apportés à la Quarantine Act stipulant que l’accès aux écoles et aux centres hospitaliers ne pourra se faire qu’à la condition d’être vacciné, ou alors de présenter chaque sept jours un test PCR négatif. Toute infraction est passible d’une amende de Rs 500,000 et d’une peine d’emprisonnement de 5 ans. Dans le domaine de la santé, si cette nouvelle est diversement commentée, du côté des patients c’est la grogne.

 

Dès le lendemain de l’annonce officielle, il y a eu un gros cafouillage dans certains hôpitaux. Plusieurs patients qui s’y sont rendus se sont vu refuser l’accès, n’ayant pas encore été vaccinés. « Après les explications des ministres, je me suis précipitée à l’hôpital le lendemain car je voulais récupérer un certificat médical pour pouvoir présenter aux autorités car je ne peux pas me faire vacciner contre le Covid, ayant non seulement des complications de santé, mais aussi des allergies sévères. Or, dès l’entrée de l’hôpital Victoria, on m’a indiqué que ce ne serait pas possible de voir les médecins et qu’il fallait revoir soit avec un test PCR valide, soit avec mon carnet de vaccination prouvant que j’étais vaccinée contre le Covid-19 », raconte G.F, une enseignante.

Naushad, un sexagénaire s’est rendu à l’hôpital Jeetoo, en fin de semaine, pour récupérer ses médicaments contre ses problèmes cardiaques. Or, à peine avait-il franchi l’entrée de l’hôpital qu’un préposé devait lui dire « Ki ou pe fer la, grandimounn ? Fini fer vaksin? »

À sa réponse négative, cet employé de l’hôpital a fait comprendre à Naushad qu’il ne pouvait se rendre à la pharmacie publique en raison de nouveaux règlements et qu’il fallait revenir soit avec sa carte vaccinale contre le Covid, soit avec un test PCR négatif.

Excès de zèle du personnel hospitalier ou démarrage pilote du contrôle d’accès dans les hôpitaux ? En tout cas, en fin de semaine, les choses se sont un peu calmées. Cependant, la grogne est la même car à partir du 21 juin, les autorités appliqueront les nouvelles mesures de façon rigoureuse. Une mesure, selon le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, qui concerne principalement le personnel de Santé qui est « encouragé » à se faire vacciner, à défaut de quoi il ne pourra travailler.

Cette obligation de se faire vacciner contre le Covid est diversement commentée par le personnel des milieux hospitaliers. Si certains résistants crient à l’atteinte aux droits humains, d’autres estiment que la vaccination des frontaliers est nécessaire pour protéger la population. Cependant, le choix doit demeurer celui de la personne, disent-ils. Les membres du personnel soignant, notamment, ont finalement obtempéré par crainte de représailles.

Consternation

Les patients sont dans le flou. Un malade non-vacciné contre le Covid-19 peut-il se rendre à l’hôpital pour des soins? C’est la question que se posent les Mauriciens qui, jusqu’ici, ne se sont pas fait vacciner par choix. « Qu’adviendra-t-il si j’ai besoin de soins d’urgence? Le droit à la Santé est un droit civique. On ne peut pas m’interdire l’accès à l’hôpital si je ne suis pas vacciné. Ce sera discriminatoire! », fulmine Soodesh, un habitant de Lallmatie.

Comme lui, des milliers de Mauriciens se disent consternés par cette décision des autorités qui « forcent » les gens à la vaccination. Selon les nouveaux règlements et les explications du ministre, cependant, les patients auront tous accès au système de santé publique si nécessaire, sans avoir à présenter le passeport vaccinal. Cependant, une seule personne pourra, même si non vaccinée, accompagner ce patient.

Par contre, pour les visites en salle, si les patients à l’admission seront soumis à des tests PCR, leurs proches devront présenter soit le passeport vaccinal, soit un test PCR négatif de moins de sept jours. À ce propos, plusieurs Mauriciens s’interrogent sur le protocole qui sera mis en place pour assurer le contrôle de ceux qui ne sont pas vaccinés et qui ont fait l’objet d’un test PCR, attendant les résultats.

Quel protocole de surveillance?

« Si un proche est admis un matin à l’hôpital et que dans l’après-midi, je me soumets à un test PCR dans le même hôpital, sachant que généralement c’est après deux jours que les autorités donnent les résultats, cela voudrait dire que je ne pourrais pas le voir tout ce temps? », demande Ashley A, un habitant de Vacoas.

« Une personne âgée qui nécessite des soins médicaux, que ce soit en clinique privée ou à hôpital, a toujours besoin d’être accompagnée d’un tiers, généralement un membre de sa famille, pour l’assister lors de sa visite médicale ou pour une admission. Si personne parmi ses proches ne veut se faire vacciner, le malade meurt-il chez lui sans assistance médicale? », demande Sanjay K.

D’autres personnes s’interrogent quant au protocole de surveillance qui sera mis en place pour contrôler l’accès aux centres hospitaliers publics. « Déjà qu’actuellement il y a un manque d’effectifs pour s’occuper des malades. Aster infirmiers pou al kontrol laport? », demandent-ils. « Combien de policiers devront être postés devant chacune des salles d’admission pour en contrôler l’accès? », s’interrogent d’autres.

« Avan verifie, ler visit fini. Pasian pann trouv zot fami »

Au niveau du personnel hospitalier, on fait ressortir qu’actuellement, les services « sont dépassés » par la situation car outre les employés placés en quarantaine et ceux réquisitionnés pour les campagnes de vaccination, un manque de staff se fait sentir tant au niveau des urgences que dans les salles d’admission. « Alors, comment le ministère compte-t-il suppléer au personnel pour le contrôle des passeports vaccinaux ou tests PCR? Ce sera une perte du temps. Surtout à l’heure des visites où nous recevons des centaines de personnes », commentent quelques infirmiers.

Qui plus est, les visites se déroulent entre 6h30 et 7h, soit une demi-heure. « Avan verifie sa kantite viziter-la, ler vizit fini. Pasian pann trouv zot fami », font remarquer les membres du personnel soignant. Une situation similaire pour les après-midis avec une heure de visite seulement allouée.

Depuis l’annonce de ces mesures obligatoires, plusieurs voix s’élèvent. Sur les réseaux sociaux, un groupe opposant  mybodymychoicemyvoice.com s’est formé et une pétition https://secure.avaaz.org/…/my_body_my_choice_my…/…  a été lancée pour collecter les voix de celles et ceux qui souhaitent se faire entendre.  « Aujourd’hui c’est nous, demain les banques, après demain les supermarchés…? On est tous concernés ! », alerte-t-on.

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