CEPCA INDE/Maurice—5e round L’offshore au centre des préoccupations

C’est un Vishnu Lutchmeenaraidoo visiblement agacé qui s’est exprimé ce matin lors de la 5e rencontre du Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement, à l’hôtel Maritim, Balaclava. S’il concède que ses propos ont été « un peu violents », ceux-ci, dit-il, étaient nécessaires pour défendre notre  centre financier international. D’autant, poursuit-il, que Maurice a signé plusieurs conventions, à l’instar de la Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA), « pour assurer sa transparence, et ce alors que d’autres pays ne l’ont pas fait ». Il entendait ainsi réagir après que le Securities and Exchange Information Board (SEBI) de l’Inde a considéré Maurice comme « l’une des juridictions dont les services financiers sont les moins transparents par rapport aux autres pays n’ayant pas signé le FATCA. Raison pour laquelle le ministre mauricien des Affaires étrangères en appelle au « bon sens des autorités indiennes ».

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« Je mets au défi les pays qui accusent Maurice d’être un centre financier non-transparent », a lancé le ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo, ce matin, lors de la 5e rencontre du Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement à l’hôtel Maritim, à Balaclava. Visiblement très remonté, il poursuit : « Ceux qui ont signé le FATCA savent qu’ils doivent être transparents (…) Les pays qui sont considérés comme étant “low risk” ne l’ont pas fait. » Il rappelle que les accords signés au niveau de l’OCDE permettent les échanges automatiques d’informations et qu’en 2015, lorsqu’il avait signé l’accord avec l’OCDE, l’Union européenne avait placé Maurice sur sa liste noire. Aussi demande-t-il aujourd’hui au SEBI de « faire son enquête pour voir quels sont les pays qui ont signé le FATCA ».

Après la signature de tous les accords avec l’OCDE pour assurer la transparence du centre financier mauricien, il avance que notre pays a été invité par l’OCDE pour « célébrer » sa transparence. « Nous répondons à nos engagements avec l’OCDE. Il n’y a aucune raison d’avoir honte. Nous avons signé des accords avec l’OCDE, comme le FATCA. « Aujourd’hui, sous la pression, Bruxelles doit accepter que nous ne sommes pas sur la liste noire et nous a mis sur la liste blanche », dit-il.

Vishnu Lutchmeenaraidoo s’est ainsi voulu rassurant concernant la transparence de notre centre financier. « Nous faisons de Maurice un centre financier crédible et responsable pour travailler plus avec l’Afrique », ajoute-t-il, avant de concéder toutefois que « le travail n’est pas facile car Maurice a toujours travaillé avec l’Europe et les États-Unis ». Et d’estimer en ce sens que « l’intégration régionale est importante ».

Par ailleurs, le chef de la diplomatie mauricienne soutient que la signature du Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement (CECPA) fait partie de la « grande stratégie » du pays. « Dans les 20 prochaines années, Maurice devra être un pays incontournable pour l’Afrique », dit-il. Il reprend : « Cette démarche est importante car les “grands pays”, qui ont toujours conseillé Maurice sur les importations et d’être libéral, commencent à fermer leurs frontières à l’importation de produits et de services. Je considère cela inacceptable et dangereux. » Vishnu Lutchmeenaraidoo va plus loin, affirmant que « les guerres commerciales poussent à de vraies guerres ». Aussi, pour que Maurice puisse réaliser son objectif d’être un acteur incontournable, il explique l’importance de « mettre l’accent sur l’Inde et la Chine, qui sont deux puissances mondiales que l’on ne peut ignorer », poursuivant : « Si l’Occident adopte le protectionnisme, il faut que nous défendions notre avenir et assurions une meilleure qualité de vie aux Mauriciens(…) Les règles du jeu ont maintenant changé, d’où l’importance de se tourner vers la région. »

Selon le ministre, le CECPA sera signé au plus tard à la mi-décembre de cette année. Evoquant les accords de libre-échanges, il ajoute également qu’un accord en ce sens sera signé par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui sera en mission en Chine en septembre. « Ce sera le premier accord africain avec la Chine en matière de libre-échange », dit-il. Ces accords, continue-t-il, « permettront à Maurice d’avoir une série d’accords à un moment où l’Europe et les États-Unis ferment leurs frontières ».

À noter enfin que Vishnu Lutchmeenaraidoo quitte Maurice demain pour se rendre au Kenya, où il est prévu qu’il aborde la question de la piraterie dans les eaux de l’océan Indien. Cette rencontre entre un groupe de contact à Nairobi est d’autant plus importante que « l’océan devient le gagne-pain des pays africains ». Au premier jour des discussions, qui prendront fin le 11 juillet, le ministre a aussi parlé de l’économie océanique et du “Maritime Hub” que compte développer Maurice. Toutefois, il concède que « Maurice accuse du retard » dans cette réalisation.

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