Chagos : Zéro soutien pour Londres à la CIJ

Le compte à rebours pour les auditions devant la Cour internationale de La Haye sur le dossier des Chagos, à partir du 3 septembre, est enclenché. Toutefois, un détail majeur sur la configuration possible des délibérations après l’étape des “counter-submissions” du 15 mai a émergé lors de la rencontre du Premier ministre, Pravind Jugnauth, en tant qu’invité spécial, avec les membres du Chagos Islands All-Party Parliamentary Group (APPG) de la Chambre des Communes du 16 avril.

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À ce stade, les “writ- ten statements” déposés au Registry de la Cour de La Haye à l’échéance du 1er mars restent encore sous le sceau de la confidentialité. Or, une première indication cruciale confirme l’isolement de Londres au sujet du démantèlement du territoire, avec l’excision de l’archipel des Chagos à la veille de l’indépendance du 12 mars 1968. Lors de son intervention devant les par- lementaires britanniques et membres du Chagos APPG, il a laissé entendre que des 33 “statements” consignés à ce stade, aucun n’accorde de soutien à la démarche et à la position adoptées par la Grande-Bretagne depuis plus d’un demi-siècle. D’autre part, cette in- stance de la Chambre des Communes emboîte le pas au leader du Labour britannique, Jeremy Corbyn, et de la Shadow Foreign Sec- retary Emily Thornberry à l’effet que, dans la conjoncture, Theresa May se doit de rectifier le tir politiquement par rapport à l’expulsion des Chagossiens.

Le compte rendu des échanges de la réunion du 16 avril – signé de l’ancien haut-commissaire britan- nique à Maurice, David Snoxell, aujourd’hui coor- donnateur du Chagos APPG – fait état d’une déclaration du Premier ministre au sujet des procédures devant la Cour internationale de justice. « In discussion it was pointed out that none of the 33 state submissions to the ICJ supported the UK position on its merits though

five states thought that the ICJ should not consider the UNGA request », note cette communication. Poursuiv- ant, Pravind Jugnauth a émis le souhait que « UK would abide by any Advisory Opinion given by the Inter- national Court of Justice ». Il a réitéré la garantie donnée par Port-Louis par rapport à la base militaire américaine de Diego Garcia : « Mauritius would continue to support its continuation. »

Auparavant, le Premier ministre, en réponse aux questions des parlemen- taires britanniques, a soutenu que Maurice a pris l’initiative de cette « request for Advisory Opinion » sur les Chagos en raison de la « United Kingdom’s un- willingness to discuss the critical issues ». Il a ajouté qu’il était « encore disposé » à se présenter autour d’une table pour discuter du dos- sier des Chagos avec les autorités britanniques.

Vital role

Les membres du Chagos APPG se disent « déçus et frustrés » de l’absence de progès sur ce différend diplomatique et politique au cours de ces 50 dernières années. Lord Luce, membre de la Chambre des Lords et ancien Foreign Secretary, est intervenu pour réaf- firmer que « no doubt that the UK must put right the wrongs against the Chagossians over their expulsion from their homeland », soit en substance les précéden- tes déclarations des leaders du Labour britannique sur les Chagos.

Pravind Jugnuath a suggéré que les membres du Chagos APPG doivent « poursuivre le travail de sensibilisation » sur les Chagos à la Chambre des Communes. « The Group could have a vital role to play in ensuring that the UK respected an International Court of Justice Advisory Opinion », dit-il. Une visite dans l’archipel des Chagos a aussi été évoquée alors que l’expérience de Maurice en matière d’administration des îles, dont Agaléga à travers l’Outer Islands De- velopment Company, devra être partagée.

À l’ouverture des consultations, le Premier ministre a déclaré que « the Chagossians would have the same rights as the inhabitants of the islands of Rodrigues and Agalega (part of Mauritius) », soutenant que « Mauritius saw no difficulty in organising and funding resettlement ». Commentant l’état des relations avec la Grande-Bretagne – avec en toile de fond la demande d’avis consultatif de la Cour internationale de justice sur les effets ju- ridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965 –, il a fait ressortir que « whatever the differences the enduring relationship with the UK would not be affected ». Et d’ajouter :« The bi- lateral relationship was underpinned by shared values of democracy, rule of law, good governance, respect for human rights and common parliamentary and legal traditions. »

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