CHAMPIONNE DU MONDE EN KATA INDIVIDUEL : Onaëlle Mootoosamy, le karaté au féminin

Si pour certains le karaté est une affaire d’hommes, Onaëlle Mootoosamy, 23 ans, en a fait sa passion et sa fierté. Cette habitante de Quartier Militaire a remporté une médaille de bronze aux championnats du monde en kata individuel lors de la 6e édition de Gojukai karaté-Do, qui s’était tenu en Inde au mois de décembre dernier. C’est une récompense qu’elle a ajouté à son palmarès car elle détenait déjà le titre de vice-championne du monde lors de la 5e édition des ces championnats en 2009 en Afrique du Sud. Elle était passée au grade de ceinture noire durant cette même période en janvier.
Onaëlle Mootoosamy était une pongiste faisant partie de la sélection nationale jusqu’en 2004. Mais des événements au sein de la fédération juste avant les Jeux des îles, à l’époque, l’ont poussée à tout arrêter, et c’est ainsi qu’elle a opté pour le karaté. Sa première inspiration est son père, qui était aussi pongiste et karatéka. « J’ai commencé par le tennis de table car mon père me voyait mal faire du karaté. Il avait peur que je ne sois trop fragile mais, heureusement, il a fini par accepter et m’a soutenue, comme l’a aussi fait toute ma famille », explique-t-elle.
C’est en 2005 qu’elle a fait ses débuts dans la discipline, mais le port du kimono ne lui était pas pour autant étranger. Petite, elle enfilait celui de son père et prenait des postures de karaté pour faire des photos. C’est en 2007 qu’elle a entamé les choses sérieuses, avec son shihan actuel, Noor Dulloo, pour qui elle a un grand respect. Elle a accumulé les titres nationaux tels que celui de championne nationale ceinture noire en kata en 2010 ou encore de championne de Maurice en 2012, puis s’est offert une médaille d’argent lors d’une compétition internationale tenue à Maurice pour laquelle elle aspirait à mieux.
« La seule façon qui nous permet de connaître nos réelles capacités et de s’affirmer sont les combats internationaux. Durant cet instant précis, je ne pense qu’à réussir tous mes coups avant la médaille », fait-elle ressortir. Étant la seule fille de l’équipe en Inde, le défi semblait plus intense mais ses coéquipiers et son entraîneur la soutenaient tous. La démonstration majestueuse de kata et l’autre extrême qu’est le combat demandaient beaucoup de concentration.
Face à elle se trouvaient des adversaires de taille tant par leurs techniques que par leur physionomie, mais elle ne s’est pas laissé intimider. « Les femmes qui font du karaté à l’étranger s’entraînent avec des hommes. Elles ont des corps massifs et se battent comme eux. J’ai voulu apporter cette image de la femme à Maurice et éradiquer les stéréotypes dans le sport », souligne-t-elle.
Elle dit apprécier le kata et le combat. « Les deux exercices me stimulent différemment. Pour le kata je fais le vide, tout se passe dans la tête et je visualise mon adversaire. Quant au combat, il est question de respecter l’autre et de se faire respecter. Quoi qu’il en soit, nous ressentons bien chaque coup porté car il faut aussi marquer des points contre l’adversaire tout en maîtrisant ses émotions ».
Pour arriver à ce niveau, les entraînements sont primordiaux. La jeune femme s’est entraînée à un rythme de six fois la semaine avec Jean-Paul Jean-Louis, qui a également décroché une médaille de bronze lors de cette même compétition. « Il a été pour moi d’une grande aide car, sans lui, je n’aurais pas eu les moyens de me rendre aux entraînements. Les membres de l’équipe Gojukai m’ont également aidé à peaufiner mes katas alors qu’ils étaient eux-mêmes en compétition », soutient-elle.
À présent, elle vise les prochains championnats du monde qui se tiendront au Canada en 2017. « Ce sera pour moi un nouveau défi de gérer ma carrière et le sport. Je remercie mes employeurs d’Elytis qui m’aident dans mes démarches et qui me sponsorisent », conclut-elle.

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