Collèges d’État : un candidat sur 2 n’arrive pas à décrocher un Credit

  • Vives inquiétudes des dirigeants de l’Education Officers Union au sujet de la régression constante de la performance après cinq ans d’études au secondaire
  • « Un paradoxe que les résultats n’ont cessé de régresser depuis l’entrée en fonction de la Quality Assurance Division, en 2012 »

Les collèges soumettent en ce moment au Mauritius Examinations Syndicate (MES), la liste de leurs candidats aux prochains examens de SC/ HSC. Entre-temps, les dirigeants de l’Education Officers Union (EOU) – syndicat des enseignants des collèges d’Etat – réalisent une analyse détaillée des résultats des examens de SC de l’an dernier, en s’intéressant surtout à la situation dans leur secteur. L’EOU ne comprend pas comment la performance des étudiants en général continue à régresser malgré, font-ils remarquer, « une présence quasi permanente » de la Quality Assurance Division (QAD) du ministère dans les écoles. « Il y a urgence d’appeler tous les stakeholders pour dégager un plan afin de sortir de l’ornière », lance le syndicat en direction du ministère.

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Avant de faire part de leurs observations concernant la performance des collèges d’Etat, l’EOU livre un constat général de la situation actuelle. « Le problème s’aggrave », constate le syndicat des enseignants de collèges d’Etat. « Depuis 2013, le taux global de réussite continue de baisser, de même que la qualité de performance dans les matières. Nous en sommes vraiment inquiets. » Ce syndicat estime « urgente » une rencontre de tous les stakeholders « pour regarder le problème en face et dégager un plan afin de sortir de l’ornière ».

Pour rappel, sur un total de 15 352 participants aux derniers examens du Cambridge School Certificate, 10 990 candidats ont décroché leur diplôme de SC. Le taux de réussites global (Mau- rice et Rodrigues) était de 71,59%, soit encore une fois une légèrement en baisse par rapport à la performance de 2016, qui était de 72,1%. Des données qui confirment que le taux de réussites à ces examens de SC régresse d’année en année.

L’EOU s’intéresse à la performance de SC parce qu’il s’agit du premier exa- men de fin d’études secondaires. Cet examen donne une première indication des acquis des jeunes après cinq ans d’études dans les différentes filières proposées par l’éducation nationale, qui sont comme suit : Economic side, Science Side, Art Side (incluant les langues) et Technical Side. « Même si certains jeunes ne peuvent aller au-delà du SC, il faut s’assurer qu’ils quittent le collège après cinq ans d’études avec une base solide », explique la direction de ce syndicat.

Or, la première observation de ce syndicat est que la régression dans les résultats est à la foi d’ordre quantitatif et qualitatif. « Dans la plupart des matières, 50% des candidats n’arrivent pas à décrocher un crédit », sou- ligne Brijanand Sumessur, le président de l’EOU. Ce qui ne présage rien de bon. Le secondaire d’Etat comprend 63 collèges et – à l’exception du Marcel Cabon SSS, qui a rouvert ses portes cette année – tous les établissements dans ce secteur, pour l’heure, préparent des élèves aux examens de SC.

En parcourant les résul- tats des années passées, le syndicat découvre que la baisse dans la performance des élèves coïncide avec la mise en route du QAD. « La QAD existe depuis 2012. Comme l’indique son nom, ce département est là pour un suivi de la performance des élèves dans chaque matière

et a un regard sur le travail de l’enseignant. Il y a une présence quasi permanente des officiers du QAD dans nos collèges. C’est donc un paradoxe que la performance continue de baisser malgré un système d’inspectorat. Il est clair que la QAD n’a été d’aucun apport et nous pensons qu’elle devra revoir son approche », arrive à la conclusion l’Education Offi- cers Education.

La deuxième observation de ce syndicat d’enseignants de l’État a trait aux disparités dans les résultats des garçons et des filles. « Parmi les collèges d’Etat avec 100% de réussites, il n’y a aucun établissement pour garçons », relève l’EOU. D’après cette instance syndicale, les filles travaillent nettement mieux que les garçons dans les matières scientifiques. « Pourtant ce sont les mêmes enseignants détenant les mêmes qualifications et ayant bénéficié du même programme de formation qui travaillent dans tous les collèges d’Etat sur une base rotative », soulignent les dirigeants de l’EOU. « Ce qui nous fait dire que le problème relatif à la faible performance des garçons ne se situe pas au niveau de l’école. »

Un autre élément d’analyse de ce syndicat d’enseignants, nullement insignifiant, porte sur la situation géographique des collèges avec d’excellents taux de réussites. « D’après notre analyse, ce sont particulièrement les collèges situés en zones rurales ou à la périphérie des villes qui ont eu 50% de réussites, quand ce n’est pas bien moins. Est-ce qu’il y a un lien direct entre la performance académique d’une école et la situation géographique ? » se demande l’EOU.

Le syndicat met en garde contre des « critiques trop faciles et lancées au vol » concernant les compétences des enseignants à chaque fois que la question de la baisse de performance des élèves revient sur le tapis. « On a trop longtemps fait porter le chapeau aux profs alors que le vrai problème est ailleurs et concerne principalement le système en vigueur. Il faut agir très vite », sont d’avis les dirigeants de l’EOU, qui se disent « fiers du travail des enseignants ».

Pour toutes ses raisons, ce syndicat lance un appel pressant à l’Education nationale pour une « réflexion approfondie » avec la participation des stakeholders du secondaire d’Etat et privé sur la régression de la performance au secondaire. « Si nous voulons redresser cette situation dans l’intérêt des jeunes et du pays, il faudrait mener une réflexion honnête. Il y a des questions fondamentales qu’il faut oser aborder. Le ministère se trompe s’il pense que le Nine- Year Schooling résoudra ce problème de baisse de performance des élèves en SC », sont d’avis les dirigeants de l’EOU.

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