COMBAT CONTRE LE BLANCHIMENT D’ARGENT : Les écuries d’Augias à nettoyer au plus vite

DR DIPLAL MAROAM

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Les informations, qui remontent à la surface ces jours-ci et qui, de fil en aiguille, nous mènent jusqu’au Champ-de-Mars après la découverte de quelque 269,45 kilos de drogue, cachée sous terre à Pointe-aux-Canonniers, ne représentent, selon toute vraisemblance, que la partie émergée de l’iceberg. En effet, le « temple de la mafia » qu’est devenu au fil des ans le Champ-de-Mars, n’émeut, paraît-il, pas grand monde, ce malgré les belles photos publiées quelque temps de cela suite à la saisie par l’ADSU des bonbonnes bourrées de drogue (135 kg d’héroïne), exposant ainsi au grand jour la proximité entre certains entraîneurs, propriétaires, jockeys et des caïds montrés du doigt par la commission Lam Shang Leen.

Dans le combat contre la drogue et le blanchiment d’argent, combat que le PM dit faire son cheval de bataille, il doit impérativement commencer par nettoyer les écuries d’Augias au Champ-de-Mars car les activités hippiques ne sont, en l’état, ni source de loisir comme c’était jadis le cas, ni sport mais rien que du « big business » impliquant du « big money » souvent à provenance douteuse. Or, ceux-là mêmes qui nous avaient promis de mettre un terme à la « nation zougader » n’ont pas cessé de la consolider ces dernières années car, manifestement, rapportant gros aux caisses de l’État.

Pour nos gouvernants donc, le temps est venu de regarder la réalité en face et de prendre les mesures qui s’imposent pour prévenir les incendies au lieu de passer leur temps à éteindre le feu, tel un pyromane jouant au pompier. Car, il y a surtout la réputation de notre pays qui est en jeu au niveau international en tant que centre financier et d’investissement. Aujourd’hui, la perception de Maurice comme étant un paradis fiscal demeure tenace et les récentes affaires qui ont éclaboussé notre secteur financier ne sont pas pour arranger les choses. Il y a d’abord eu le Mutual Evaluation Report de l’ESAAMLG qui avait placé notre pays sur la Non-Compliance List que nos dirigeants avaient en vain tenté de faire annuler aux Seychelles en 2018. Et ce n’est certainement pas un hasard si nous nous trouvons aujourd’hui sur la liste grise de la Financial Action Task Force (FATF) et la liste noire de l’UE en ce qu’il s’agit du blanchiment d’argent. Et toutes les tentatives de Maurice de se dépêtrer de cet imbroglio financier se sont révélées infructueuses.

Dans le but de limiter les dégâts, le gouvernement vota en juillet 2020, l’Anti Money Laundering and Combatting the Financing of Terrorism (AMLCFT) Act, impliquant la modification de plusieurs articles des lois existantes dont la Gambling Regulatory Authority (GRA) Act. L’organisateur des courses, le MTC, est ainsi contraint de changer de statut en celui d’une compagnie publique, ce afin de promouvoir la transparence. Or, la nouvelle instance, le MTCSL qui a pris le relais, de même que le Personal Management Licence que doivent obtenir de la GRA, les propriétaires, entraîneurs, administrateurs, etc, suffiraient-ils pour assainir les courses à Maurice ?

Pour nous remettre sur les rails de la confiance et de la crédibilité sur le plan économique, il n’y a pas 36 solutions, mais bien une volonté politique intransigeante pour attraper le taureau par les cornes. Or, il n’est un secret pour personne que la politique justement, particulièrement le financement des campagnes électorales, constitue un des domaines non moins importants qui serait concerné par le blanchiment d’argent. L’ex-juge Lam Shang Leen n’a pas manqué d’ailleurs d’en faire état dans son rapport. Mais quelle avancée y a-t-il eu jusqu’ici ? Les formations politiques ne sont toujours pas enregistrées comme entités légales, leurs comptes ne sont pas audités, ce alors que, d’élection en élection, une escalade dans les dépenses est observée, dépassant de loin les limites autorisées par la loi. L’ironie du sort, c’est que les comptes soumis par les candidats après les élections ne font jamais l’objet de contestation par l’ESC. Peut-on continuer à mener la politique de l’autruche par rapport à la provenance de l’argent qui finance la démocratie à Maurice ?

Comme quoi, si nous avons failli à nos tâches et responsabilités, nous n’avons d’autres alternatives que d’assumer les conséquences qui en découlent. À bon entendeur…

                                                                                                                                  

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