COMMISSION D’ENQUÊTE : Le fils d’Oomar Karrimbaccus sera appelé

Oomar Karrimbaccus avait fait comprendre qu’il « ne sait ni lire ni écrire », ajoutant de surcroît qu’il ne connaissait pas son numéro de téléphone, qu’il dit avoir « perdu » depuis trois semaines. Aussi, le président de la commission d’enquête sur la drogue, Paul Lam Shang Leen, n’a eu d’autre choix que de convoquer prochainement son fils, Umaiyr. D’autant que, sur le formulaire d’enregistrement du numéro en question, figure le prénom d’Umaiyr.
Oomar Karrimbaccus était le seul à avoir répondu présent à la convocation de la Commission Lam Shang Leen hier. Deux autres personnes, qui étaient sur la liste de ceux qui devaient être entendus, n’ont pu être contactées par les services de la commission, qui a lancé à nouveau les convocations à leurs intentions. Quand le président de la commission a demandé à Oomar Karrimbaccus quel était son numéro de téléphone, l’ancien détenu devait déclarer : « Mo pa kone ! ». Interloqué, Paul Lam Shang Leen a souhaité en savoir plus. Oomar Karrimbaccus a alors expliqué qu’il ne « sait ni lire, ni écrire », ajoutant : « Anplis, mo latet fatige. Mo swiv tretman Brown Sequard Hospital. » S’agissant de son téléphone, l’homme devait dire : « Monn perdi mo telefonn ena trwa semenn ler mo ti al lapes. » Ce qui a fait dire une fois de plus à Paul Lam Shang Leen que « ça arrange beaucoup de choses que de prétendre que son téléphone est perdu ». Le chairman de la commission devait indiquer : « Le numéro qui est enregistré à votre nom et celui qui a été saisi sur un détenu, en l’occurrence Prosper, ont servi à communiquer à plusieurs reprises en 2015 et 2016. Des SMS ont aussi été échangés entre ces deux numéros. » Mais Oomar Karrimbaccus devait nier en bloc.
C’est alors que, questionné par l’assesseur de la commission Sam Lauthan, Oomar Karrimbaccus a fait comprendre : « Umaiyr Karrimbaccus est mon fils. Il a 18 ans. Il vient de commencer à travailler. Il est livreur de pizzas. » D’ailleurs, « sur la fiche communiquée à la commission par l’opérateur de téléphone, c’est le nom d’Umaiyr Karrimbaccus qui est inscrit, mais il n’y a pas d’adresse ».
Oomar Karrimbaccus est désormais domicilié à Camp-de-Masque-Pavé, où, selon ses dires, il s’est reconverti à l’agriculture. Mais en 2006, l’homme avait été écroué pour six ans après avoir été trouvé en possession de drogue et condamné pour distribution. C’est à la prison de Beau-Bassin qu’il était détenu. Il vivait alors « rue La Paix, à Port-Louis », selon ses propres mots.
« Quand vous étiez en prison, vous avez fait la connaissance des trafiquants qui y sont incarcérés ? » a demandé l’ancien juge Paul Lam Shang Leen à Oomar Karrimbaccus. Ce à quoi l’homme, âgé de 48 ans, a répondu : « Mon frère était également en prison et pourtant je ne lui adressai jamais la parole. Tout ce qui m’importait, c’était de purger ma peine et de faire des prières. Alors, avec ces personnes que vous dites là, non, je ne leur ai jamais parlé. »
Oomar Karrimbaccus est resté six ans en prison et pas un jour de moins. « Vous aviez été trouvé coupable de distribution en Cour intermédiaire et vous n’avez eu aucune rémission. Cela vous a donné du temps pour avoir des amis », a lâché Paul Lam Shang Leen. « Non, pas du tout. Pendant tout le temps que j’étais en prison, je me concentrais sur ma foi », lui a rétorqué Oomar Karrimbaccus. Mais le président de la commission ne voulait pas en démordre : « Certainement. Mais pratiquer votre foi et vous concentrer là-dessus ne vous empêchaient pas de fréquenter ceux qui étaient incarcérés… »
Paul Lam Shang Leen est revenu à la charge, demandant à Oomar Karrimbaccus s’il connaît « le détenu Prosper ». L’homme a répondu par la négative. Le président de la commission d’enquête a ainsi expliqué qu’il faudrait donc « convoquer le fils de M. Karrimbaccus pour savoir qui, du père ou du fils, a passé ces appels au détenu Prosper ».

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