COMPENSATION SALARIALE: Entre grise mine et sérieuses appréhensions

En attendant la publication du prochain rapport du Pay Research Bureau pour la révision salariale des fonctionnaires et des employés des corps para-étatiques, le secteur privé est en présence de l’information officielle depuis hier après-midi que l’intégralité des employés percevront une compensation à compter du 1er janvier 2013. Le Chairman des tripartites, le VPM et ministre des Finances Xavier-Luc Duval, a entériné la décision d’appliquer In Toto les recommandations du comité technique après l’approbation du Premier ministre Navin Ramgoolam. Du côté des syndicalistes, on fustige le quantum variant entre Rs 300 et Rs 345 tandis que les organisations patronales affichent déjà leurs appréhensions quant à la mise en application de ces recommandations, engendrant des dépenses de plus de Rs 1,6 milliard pour le secteur privé.
La fourchette de compensation proposée à l’ouverture de l’ultime réunion tripartite hier à l’hôtel du gouvernment, devait d’entrée de jeu subir les premières critiques et désapprobations des confédérations syndicales autour de la table des discussions. Toutefois, les contrepropositions des syndicalistes n’auront nullement parvenu à faire grimper la compensation salariale minimale par le Chairman Xavier-Luc Duval statuant catégoriquement que la conjoncture économique n’était pas appropriée pour une telle démarche. Les retombées de cette réunion avec les partenaires sociaux sont que la totalité des travailleurs du secteur privé obtiendront une compensation contrairement à ce qui fut le cas pour l’exercice 2012. Ainsi, à compter du 1er janvier prochain, les employés touchant jusqu’à Rs 7 000 obtiendront Rs 300 mensuellement ; les salariés obtenant entre Rs 7 000 et Rs 8 000 bénéficieront d’une compensation de 4,3 % de leur salaire, soit l’équivalent du taux d’inflation prévu pour 2012 et ceux percevant plus de Rs 8 000 mensuellement obtiendront une augmentation de Rs 345.
Dans sa conférence de presse après les discussions tripartites, le ministre des Finances a affirmé qu’il était en contact régulier avec le Premier ministre Navin Ramgoolam, même si ce dernier est absent au pays, en vue d’étudier les modalités des conditions économiques avant d’obtenir finalement son approbation dans la matinée d’hier s’agissant du quantum de la compensation salariale. « Je remercie les parties concernées car nous avons eu des discussions franches et ouvertes. Il y a eu également beaucoup de Fair-Play. En ce qu’il s’agit du gouvernement, nous sommes entrés dans les négociations avec l’esprit ouvert. Nous étions vraiment intéressés à prendre connaissance des opinions des syndicats aussi bien que des employeurs », a soutenu dans un premier temps Xavier-Luc Duval à la presse.
Après avoir effectué un survol de la conjoncture économique (NdlR : voir hors-texte), le ministre des Finances a avancé que la prudence est de mise compte tenu que Maurice est dans une phase de transition et qu’il est évident que des secteurs clés ne sont pas tout à fait à l’aise. « Nous avons une attitude prudente à adopter cette année. Je pense que c’est essentiel. Malgré tout, nous avons remarqué que le secteur privé a démontré une réelle volonté de soutenir ceux se situant au bas de l’échelle pour cet exercice de compensation salariale. Mais il est clair que Maurice ne peut aspirer à devenir un higher income country et non plus prétendre donner une grosse augmentation de salaire sans une augmentation conséquente de la productivité », a fait comprendre le vice-Premier ministre avant de lancer un vibrant appel aux employeurs du secteur privé, se retrouvant dans une situation confortable, de ne pas se limiter au barème de la compensation salariale établi par le gouvernement.
Avec quelque 350 000 salariés à sa charge, le secteur privé devra prévoir au total Rs 1,6 milliard pour s’acquitter de cette compensation salariale, selon les chiffres communiqués par les Finances, alors que le patronat estime un fonds d’au moins Rs 2 milliards. Clensy Appavoo, président de la Mauritius Employers’ Federation, fait part de ses plus grandes appréhensions sur la capacité de quatre gros secteurs en difficulté — la construction, l’hôtellerie, le textile et le service de Retail — de remplir cette tâche d’ici le début de janvier. Et d’affirmer que le secteur privé fera l’effort voulu malgré la situation économique difficile.
De leurs côtés, les syndicalistes grimacent devant le quantum de Xavier-Luc Duval mais retrouvent cependant du réconfort sur le fait qu’en 2013 tous les salariés percevront une augmentation contrairement à ce qui est en vigueur pour cette année avec ceux touchant plus Rs 30 000 non concernés par la compensation. (NdlR : voir réactions des syndicalistes et patronat en hors-texte)

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