Compensation salariale: l’inflation à 4%, le panier de la ménagère en question

En prélude du coup d’envoi du deuxième round des négociations tripartites portant sur la compensation salariale annuelle, les syndicats contestent le taux d’inflation chiffré à 4% par Statistics Mauritius. Ils soulignent que le panier de la ménagère sur lequel cette institution s’est fondée ne reflète pas la réalité.

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« Ce panier ne prend pas en compte, par exemple, le remboursement des dettes ou encore le prix d’une coupe de cheveux qui a augmenté », souligne Reaz Chuttoo, président de la Confédération des Travailleurs des Secteurs public et privé (CTSP). Il estime que Statistics Mauritius s’est basé sur le Household Budget Survey de 2017 pour calculer les revenus d’une famille de deux personnes à Rs 31 000 par mois.

« Si l’on retient 4% sur Rs 31 000, on parviendra alors à une compensation salariale de quelque Rs 850. Les entreprises auront-elles la capacité de payer cette somme ? Que se passe-t-il maintenant pour un couple qui touche le salaire minimum? Je ne crois pas que le taux d’inflation va se chiffrer à 4% pour eux, celui-ci sera supérieur », fait ressortir Reaz Chuttoo.

Le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, s’oppose également au taux d’inflation chiffré à 4%.

« Ce taux ne traduit pas la réalité car Statistics Mauritius puise ses chiffres des prix des produits écoulés dans les supermarchés. D’après nous, le taux d’inflation est le double  de ce qu’a préconisé Statistics Mauritius », poursuit-il.  Le syndicaliste fait ressortir par ailleurs « de nouvelles promotions sont menées dans les supermarchés. Les boutiquiers du coin, eux, achètent leurs produits dans ces supermarchés pour les vendre plus cher dans les boutiques. Les consommateurs n’ayant pas un moyen de transport sont contraints d’acheter certains produits à des prix plus élevés. Voilà la réalité de Maurice. C’est également le cas pour le tibazar »

Haniff Peerun ajoute en substance que le mécanisme utilisé par Statistics Mauritius pour déterminer le taux d’inflation est dépassé et  ne s’adapte pas aux spécificités de Maurice . En raison de l’endettement, la classe moyenne s’appauvrit continuellement et les moins fortunés deviennent de plus en plus démunis.

« C’est pourquoi nous, au MLC, nous insistons pour que le gouvernement nous accorde une compensation salariale décente et adéquate pour couvrir la perte du pouvoir d’achat car de nouveaux items sont venus se greffer sur les dépenses des ménages, tels que l’achat de masques, de hand sanitizers ainsi que la hausse continue des prix des médicaments »,indique le syndicaliste.

Le président de la Confederation of Independent Trade Union (CITU), Deepak Benydin, abonde dans le même sens. Le coût des dépenses additionnelles des ménages liées au  Covid-19 n’a pas été pris en considération par Statistics Mauritius, affirme-t-il, tout en faisant ressortir que « we have had soring increases in the prices of consumable products. The prices of a bag of rice Basmati, amongst others, have increased by Rs 400 or more; Cooking oil by Rs 40 or above; Vegetable chicken and even Dhall puri; takeaway food, like Biryani and noodles etc ».

Deepak Benydin  a aussi abordé les dépenses pour les enfants restés à la maison et le coût des tests PCR dans un Position Paper. Il a rappelé d’autre part : « Only 18% of working population earn more than Rs 10 200. So our proposal is that the figure of compensation should be 4% of Rs 16 450. Last year, all those earning above Rs 50,000 received no compensation. So we are proposing a compensation across the board of Rs 658. We are also urging the government not to lay off workers and maintain employment in the Private Sector. »

Qui plus est, Deepak Benydin a critiqué le Price Control Mechanism, qui « has failed up to now and we are happy to learn that a Price Observatory Mechanism will be set up. But it needs to be effective and have adequate staff and means to work ».

Dans sa présentation, le syndicaliste a aussi évoqué la question des absences : « Lastly, we feel that the last decision of the Govt to cut off the salary for absences related to Covid is a big mistake to curb its propagation. Many people with symptoms may not self-isolate as their salary or sick leave benefit will be negatively affected. »

De son côté, le président de la State and Other Employees Federation (SOEF), Radhakrishna Sadien, est d’avis que le gouvernement doit ouvrir les négociations avec les syndicats sur le mécanisme utilisé par Statistics Mauritius pour arriver à un taux d’inflation de 4%.

Il estime que Statistics Mauritius n’a pas pris en considération les dépenses familiales liées à la Covid-19.

« En l’absence d’un mécanisme de contrôle des prix et la dépréciation de la roupie et le manque d’inspecteurs du Commerce, des opérateurs font la pluie et le beau temps »,dénonce-t-il.

Pour le président de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU), Narendranath Gopee affirme que la compensation salariale devrait être de Rs 1 315.

« Je sais que le gouvernement ne va pas accepter cette demande car il a pour habitude de faire durer le suspense lorsqu’il a déjà décidé du quantum qu’il accordera aux travailleurs. Il est temps de cesser cette mascarade », souligne le syndicaliste.

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