CONCERT : Clarinettes au fil de l’eau

Un récit du XVIIe siècle, un compositeur et un chef du XXIe siècle, et des musiciens des deux hémisphères. Voici un résumé des différents composants de la représentation du conte musical Les parfums de Lorient. Vingt-cinq clarinettistes et deux percussionnistes du conservatoire régional de La Réunion ont rejoint dix musiciens du nôtre pour répéter sous la direction de Thierry Besnard avant l’unique concert mauricien, qui aura lieu au conservatoire François Mitterrand ce samedi 17 octobre à 19 h 30.
« Les bateaux ont quitté la rade de l’Orient pour aller mouiller sous Groix en attendant les vents favorables le vendredi 24 février 1690. Le premier départ, qui date du 27 février, a échoué car le vent a tourné et les bateaux ont donc dû revenir sous Groix, avant de repartir définitivement le jeudi 2 mars. » Voici, en d’autres termes, le début du voyage de Robert Challe, écrivain du conte musical Les parfums de Lorient. Ce titre joue peut-être sur le double sens du nom du port breton puisque sa musique prend des intonations et des couleurs différentes durant ce voyage transocéanique.
Robert Challe est allé de port en port sur un vaisseau de la Compagnie des Indes il y a 315 ans, et aujourd’hui grâce aux partitions composées par Jean-Michel Trotoux pour accompagner ses mots, l’oeuvre voyage de conservatoire en conservatoire. Créé à la demande du chef d’orchestre, Thierry Besnard, Les parfums de Lorient a été composé pour les clarinettes en se basant sur le journal de bord de Robert Challe. Celui-ci, écrivain du roi, relie dans son récit le port de Lorient au golfe du Bengale en passant par Les Canaries, les îles du Cap Vert, le cap de Bonne Espérance, puis Madagascar, Anjouan, Ceylan, Madras… Sur la route du retour, il passera notamment par Brésil et les Antilles.
En seulement une heure, Les parfums de Lorient résume ce voyage musical, invitant les oreilles perspicaces à reconnaître les influences des musiques bretonnes, cap-verdiennes, malgaches, réunionnaises, indiennes et même brésiliennes. Comme Robert Challes décrit les péripéties de ce périple exceptionnel avec l’exaltation du départ, les réjouissances lors des escales, les avatars de la navigation en eaux tumultueuses, les vivres qui ont manqué, et même un incendie à bord, cette musique tente de restituer à la fois le caractère enjoué et vivant, le côté sombre et méditatif et, parfois même, terriblement angoissant. L’atmosphère du bateau est, nous dit-on, « transcrite jusque dans l’imitation des vents rugissants dans les voiles ou des cliquetis de la mâture ». Aussi dans cette alternance d’orchestration et de séquences de récits, il paraît que le public est invité à participer au concert à la fin.
Créé dans l’ouest de la France en juin 2011, à Vannes, ce conte musical a été présenté à Lorient, puis à plusieurs reprises sur l’île de Groix, d’où les vaisseaux sont partis. Des vents favorables l’ont par la suite poussé au conservatoire régional de La Réunion (CRR), qui a déjà donné quelques représentations, et nous l’amène cette fois à Maurice dans un esprit de partage avec le conservatoire François Mitterrand. Une dizaine de musiciens mauriciens répètent ces jours-ci avec les 25 clarinettistes et les deux percussionnistes du CRR, qui ont fait le déplacement, sous la direction de Thierry Besnard, clarinettiste et professeur dans un conservatoire de l’Ouest de la France. Parallèlement au concert, dans le foyer de l’auditorium, une petite exposition montrera des partitions musicales rares, certaines manuscrites, qui permettent de retracer des liens entre musiciens de France et de Maurice au XIXe siècle.
Billets gratuits à obtenir au Conservatoire ou à l’Institut français de Maurice.

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