CONFÉRENCE DE PRESSE — Arvin Boolell hier : « La GRA est entre les mains des corrompus et des corrupteurs »

Le gouvernement « baigne dans la fraude et la corruption ». C’est en tout cas ce qu’a affirmé hier Arvin Boolell lors d’une conférence de presse du Parti travailliste (PTr), tout en évoquant la déclaration de l’ex-Head of Integrity de la GRA, Paul Beeby, à l’hebdomadaire Week-End dimanche dernier. « À la lumière de la réponse donnée par le Premier ministre au Parlement, Paul Beeby est venu dire sans détour que la GRA est entre les mains des corrompus et des corrupteurs. Il accuse le représentant du Premier ministre au sein de la GRA de bloquer la réforme de la GRA », déclare-t-il.

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« Paul Beeby a fait son travail pendant deux ans et a soumis son rapport. Aujourd’hui, il vient acculer le gouvernement, qui n’a pas la volonté de combattre la fraude et la corruption. Est-il étonnant de voir le Ghana sortir de la liste noire de l’Union européenne (UE) ? À l’époque, Maurice était une vitrine de bonne gouvernance, de transparence et de démocratie. Aujourd’hui, nous sommes sur la liste noire de l’UE et la liste grise de la FATF, alors qu’on a dégringolé dans la liste du Moody’s Credit Rating et que sur le Global Financial Centre Index, nous avons perdu 26 places », a poursuivi Arvin Boolell. Le rapport de la Banque mondiale qui devrait être publié sur Maurice ce mercredi sera « damning pour notre pays », estime-t-il.

Arvin Boolell devait par ailleurs dénoncer « la mainmise » sur la Banque de Maurice (BoM), dont la crédibilité a été entamée, est-il d’avis. « Jamais Maurice n’aura été aussi humiliée par des instances internationales comme le FMI et la Banque mondiale. » Aussi, dit-il, « il ne faudrait pas s’étonner si, dans les semaines à venir, nous nous retrouvons sur la liste des pays sous la surveillance de la Banque mondiale ».

Il s’est également demandé « de quelle réforme parle le ministre des Finances » et « de quel secteur il parle », ajoutant : « Pendant les deux dernières années, la Banque mondiale a travaillé sur une réforme de l’industrie sucrière, qui est devenue l’industrie cannière. Les planteurs attendent toujours les mesures recommandées par cette instance internationale et le gouvernement n’a pas encore dit quand le rapport de la Banque mondiale serait publié. » Pour lui, la Covid-19 « aurait dû être l’occasion de réfléchir sur les réformes sectorielles afin de relancer l’économie », alors que la dette a atteint « presque 100% » du Produit intérieur brut (PIB).

« Cessez de manipuler les dettes et faire des “triangaz” légaux ! » a fait ressortir Arvin Boolell, qui déplore que la Dept Management Act ne soit pas amendée. Pour lui, « les Rs 60 milliards mises à la disposition du gouvernement par la BoM », de même que les Rs 80 milliards versées au MIC et les Rs 18 milliards décaissées par la BoM « doivent être considérées comme des dettes ». Aussi souhaite-t-il que le gouvernement « se ressaisisse, car le temps où on se gargarisait de mesures soi-disant pour taxer les capitalistes est révolu ». Et d’ajouter : « Aujourd’hui, il n’y a pas de gros ou de petits capitalistes. Pei dan dife, dan problem. » Aussi souligne-t-il la « nécessité » de prendre des actions « susceptibles de revaloriser comme il le faut la BoM » et que « l’argent mis à la disposition de la BoM soit utilisé de manière transparente ».

Arvin Boolell souligne en outre la nécessité d’avoir « une vision » pour permettre aux différents secteurs de redécoller en cette période de pandémie. « Malheureusement, aujourd’hui, nous avons une équipe mercantilisée au sein de ce gouvernement. Nous annoncerons bientôt des mesures en vue de créer une croissance soutenue et un niveau de dette acceptable. Nous créerons une situation qui permettra au pays d’honorer ses responsabilités par rapport aux instances multilatérales devant lesquelles nous avons perdu notre crédibilité », a-t-il dit pour clore ce chapitre.

Sur le plan sanitaire, le chef de file travailliste au Parlement s’est dit « inquiet » devant les cas découverts à Sodnac, et a demandé que ceux se trouvant dans les zones rouges puissent avoir la possibilité de s’approvisionner. Il a aussi dénoncé « les agissements des ministres et autres membres de la majorité qui n’ont pas respecté ni la Quarantine Act ni la Public Gathering Act ». Tout le monde, dit-il, « doit être traité sur un pied d’égalité ». Et de déplorer, pour conclure le sujet, « le retard accusé dans la politique de vaccination », disant son souhait que « le gouvernement se ressaisisse afin que les petites entreprises, dont les restaurateurs, puissent reprendre leurs activités après avoir été vaccinées ».


Agalega : « La vérité doit triompher »

Sur le dossier Agalega, Arvin Boolell a réclamé hier que les accords conclus entre les gouvernements mauricien et indien concernant la création d’infrastructures aéroportuaires et portuaires dans l’archipel soient rendus publics. « Le Premier ministre doit venir dire si, le 11 mars 2015, alors que sir Anerood Jugnauth était Premier ministre, un MoU a été signé entre l’Inde et Maurice, si ce mémorandum donne des précisions quant au financement des projets identifiés par le gouvernement indien et s’il précise quelle partie pendra en charge l’entretien des infrastructures ainsi que les salaires des membres du personnel qui seront affectés à cette activité, » dit-il.
« Tout ce que nous disons, c’est que la vérité doit triompher, parce que nous parlons de l’intégrité territoriale. Personne n’est contre le développement. Nous avions nous-mêmes évoqué les projets de dessalement, de construction de jetée et d’extension de la piste d’atterrissage pour accueillir des ATR », poursuit Arvin Boolell. Raison pour laquelle il réclame que tous les documents concernant les travaux à Agalega soient rendus publics. « Nous sommes en faveur d’un développement de l’archipel, mais d’un développement durable et soutenu. Nous n’avons jamais souhaité attirer Maurice dans un jeu géopolitique, qui pourrait avoir des conséquences insondables », a-t-il ajouté.
Rappelant que l’ancien ministre des Finances avait évoqué la création d’un port de Pêche à Port-Louis, Arvin Boolell se demande ce qu’il est advenu de ce projet. Quant aux récentes allégations concernant le PTr, Arvin Boolell les a qualifiées de « ridicules », ajoutant : « Nous laissons le gouvernement patauger dans sa propre propagande. »


Un retour légitime au Parlement

Sur le plan parlementaire justement, Arvin Boolell a considéré hier que la levée de la suspension qui pesait sur Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan et lui-même leur permettront « un retour légitime » au Parlement. « Nous exercerons nos droits parlementaires. Les privilèges et l’immunité parlementaires sont essentiels pour permettre à l’opposition de faire son travail », dit-il.
À ce titre, le travailliste a tenu à remercier « tous nos amis et la population » pour leur soutien. « Il n’aurait jamais dû y avoir de suspension. Celle-ci a d’ailleurs été totalement disproportionnée. Nous savons dans quelles circonstances et pour quelles raisons le Premier ministre a dû revoir sa position », a estimé Arvin Boolell, avant d’affirmer que « la stratégie du gouvernement s’articule autour de trois axes, à savoir “money politics”, “fake news” et “ethnic politics” ». Tout en disant son souhait que « le gouvernement tire des leçons de ce qui s’est passé », il lui demande « de ne pas se livrer à la provocation, car la vérité doit triompher ».


La rentrée scolaire

Mahend Gungaparsad, député travailliste et ancien directeur du Rabindranath Tagore Institute à Îlot, s’est pour sa part demandé « si le pays est prêt » pour la rentrée scolaire, prévue pour le 14 juin prochain, de même si les membres du personnel des établissements primaires et secondaires ont fait leur vaccin. « Est-ce ce que la sécurité des enfants et du personnel enseignant et non-enseignant est assurée ? » questionne-t-il. Il s’est par ailleurs demandé si le protocole sanitaire dans les écoles ainsi que les moyens de transport des étudiants sont également prêts. Enfin, il réclame l’ouverture d’un dialogue entre le gouvernement et les personnes concernées dans ce secteur « afin d’écouter leurs angoisses et leurs inquiétudes ».

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