Connaissons nos lieux de culte

Monique Dinan

La messe télévisée du dimanche dernier de Pentecôte diffusée par la MBC a mis en valeur la beauté de l’église de Notre-Dame-de-Lourdes située en plein Rose-Hill, avec son autel de marbre blanc, ses vitraux en couleurs et, à cette occasion, sa superbe décoration tellement symbolique.

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Combien de ceux qui traversent la Route Royale, à Rose-Hill, savent que la belle statue de la Vierge devant cette église est présente depuis 1934, quand elle a été couronnée Reine de Maurice, en présence de 30 000 Mauriciens venus de toutes les régions du pays et ce, alors que les transports étaient en cette période tellement limités ? De multiples questions, concernant la construction de nos lieux de culte, peuvent être posées et pourraient déboucher sur des initiatives positives sur le plan, non seulement religieux et culturel, mais aussi pour promouvoir le mauricianisme. Des questions qui relèvent non seulement de l’histoire religieuse de notre pays, mais aussi des domaines importants tels que l’architecture, l’art de la décoration, l’importance du sentiment religieux dans sa créativité, sa solidarité, sa culture et sa diversité. Les réponses à ces questions posées apporteraient une bonne connaissance de l’histoire de notre pays, dans son aspect le plus positif.

De quand datent les plus anciennes églises, temples, mosquées et pagodes du pays qui ont été par la suite reconstruits et modernisés ? C’est raconter en même temps ce besoin des Mauriciens nouvellement installés dans le pays d’avoir un lieu de culte, si modeste soit-il, en vue de se réunir pour la prière. Voilà pourquoi les premières églises du pays ont toutes été construites le long de nos côtes alors que celles de Plaines Wilhems, situé sur le Plateau central, sont beaucoup plus récentes.

Venons-en maintenant à la structure de nos lieux de culte. Quels ont été les architectes pour les visualiser et les concevoir et que reflètent-ils des progrès réalisés au fil des siècles ? Au départ des palmiers pour couvrir de simples bâtisses en terre battue, puis des constructions en roches basaltiques devant être taillées en forme de briques, puis les blocs de béton modernes plus facilement accessibles parce que produits dans des usines.

Construire un lieu de culte, tout comme construire une maison, nécessite de trouver de l’argent pour acheter un terrain, un architecte pour planifier son architecture, des personnes appartenant à divers corps de métiers bien spécialisés, et capables de le construire. Par exemple, les 47 églises paroissiales et des 73 chapelles catholiques du pays constituent 120 lieux de culte qui ont chacun une histoire qui mérite d’être connue.

Venons-en maintenant à l’intérieur de l’Église de Notre-Dame-de-Lourdes. Faisons un relevé des statues, des vitraux, des clochers. Qui les a donnés ? De quel pays ont-ils été importés ? C’est toute une initiation au monde de la construction, de la sculpture, de la fabrication des vitraux, des jeux de lumière, des progrès avec les appareils modernes pour rendre le son accessible à toute l’assemblée. C’est tout un parcours vers la modernité qui révèle en même temps que le modernisme a beaucoup appris du passé.

Les belles statues que l’on voit dans nos lieux de culte ont chacune une histoire. Quelle personne individuelle a souhaité les avoir ? Qu’est-ce qui a motivé le généreux donateur ? De quel pays proviennent ces objets d’art ? C’est l’occasion de faire une incursion dans le monde des sculpteurs, de ceux qui travaillent les vitraux colorés ou le fer des clochers. Il a fallu aussi la collaboration de diverses personnes de différents corps de métier pour avoir les connaissances nécessaires pour passer des commandes, veiller à ce qu’elles arrivent dans le pays, accomplir les formalités de dédouanement et qu’elles arrivent au lieu de culte auquel elles sont destinées.

Quoi de neuf à partir de tout cela ?

• Qu’il y ait pour chaque lieu de culte un livret racontant son histoire. Mgr Amédée Nagapen a accompli un travail considérable dans ce domaine. Il y a aussi les livres souvent méconnus se rapportant aux autres cultes de notre pays, mais chaque lieu de culte n’est pas encore doté de son histoire.

• Que l’histoire de chaque lieu de culte soit résumée en une double page dans un langage simple qui sera affiché, sans pouvoir être déchirée ou salie, dans chaque lieu de culte. Ce résumé pourra être parcouru par tout visiteur qui sera ainsi initié à prendre le temps pour découvrir les beautés qui l’entourent et tout le travail que cela a nécessité.

• Que nos adolescents soient initiés, de façon intéressante, et même par des jeux, à l’histoire de nos lieux de culte. Une occasion d’acquérir des connaissances dans l’histoire religieuse du pays, dans la diversité des cultes pratiqués, la richesse des différentes architectures.

• Que des guides soient initiés et formés pour donner des explications de façon claire et intéressante à ceux qui prendront le temps de faire des excursions organisées pour visiter les sites religieux du pays. Une façon, comme une autre, d’être rétribué à travers le tourisme.

Et pourquoi pas une date pour la célébration de nos lieux de culte ?

Que le Comité interreligieux du pays, le ministère des Arts et de la Culture et la Commission diocésaine du Tourisme prennent le temps de voir ensemble comment promouvoir une meilleure connaissance de nos sites religieux. Ce serait en même temps promouvoir plus de paix sociale et rendre hommage à nos ascendants qui ont su travailler pour doter notre pays de magnifiques sites religieux, qui ont enrichi notre histoire et nos paysages.

Le 15 août et le 1er novembre pourraient être ces dates pour mettre en valeur nos lieux de culte. Cela pourrait devenir un temps positif de découverte, d’échanges, de quiz et de jeux, lesquels auraient pour but d’informer et de faire découvrir la richesse de notre mauricianisme multireligieux.

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