Ah, ce fameux Black Friday, tant attendu en ce 29 novembre, même si, pourtant, certains n’avaient toujours pas encore vu la couleur de leurs salaires. Les magasins affichaient de belles ristournes sur les produits choisis, avec même en bonus de pouvoir les récupérer en ce samedi matin. Des promotions allant jusqu’à 70%, et, dans cette hotte du Père Noël anticipation, des prix cassés, une ruée vers les magasins, mais surtout vers les bonnes affaires. Du Black Friday au Black Friday Week-End, l’engouement des malls pris d’assaut, avant le coup d’envoi des festivités de fin d’année… Une belle aubaine pour les enseignes.
Beaucoup de Mauriciens se sont réjouis de pouvoir faire des achats en bénéficiant de grandes promos, notamment sur des téléphones portables à prix cassés, comme des modèles à Rs 16 000 vendus Rs 10 000. Sans oublier des affiches bien en évidence dans les magasins, avec des couleurs vibrantes, en rouge et noir ou noir et argent, illustrant cette parfaite harmonie clinquante pour un Black Friday qui s’étendra jusqu’à dimanche. Histoire de permettre à tous de profiter de ces aubaines festives.
Chez Galaxy Port-Louis, l’ambiance est de mise, la radio NRJ assurant l’animation. Les gens affluent, cherchent dans les vitrines la montre gadgétisée ou encore le portable dernier cri. Ici, les prix ont été revus à la baisse. Un caissier explique qu’en cette période de Black Friday, il y a pas mal de files d’attente. « C’est la période phare pour faire son shopping de Noël et de fin d’année. Les produits électroménagers attirent les clients, mais aussi les portables. Les gens recherchent le dernier Samsung ou un iPhone, et n’hésitent pas à débourser », poursuit-il.
Maria est accompagnée de son petit-fils (18 ans), qui célèbre son anniversaire en ce Black Friday. « Li pe dir mwa Granmer, pa bliye mo portab. Pa kapav refize, enn bon piti sa. » Elle se dit chanceuse que les pensionnés ont une meilleure vie. « Comment aurais-je pu faire avant ? Maintenant, dans mes vieux jours, je me dis qu’il faut gâter mes petits-enfants. Grégory est un adulte aujourd’hui, et ce Black Friday tombe le jour de son anniversaire. Une raison de plus pour combler ses attentes. »
Emballement pour les ristournes
Dans les rues, certains pressent le pas, comme au Victoria Urban Terminal, où règne la même ambiance dans les magasins. Certains préférant offrir des Vouchers à l’achat d’un produit. D’autres, comme Marianne, se disent en attente de leur salaire. « Quand on dit Black Friday sans que la paie ne soit encore versée, c’est difficile de se faire plaisir. Je félicite les commerçants qui ont eu cette brillante idée d’étendre les promotions sur le week-end. Il y a des magasins qui font perdurer cette tradition en disant achetez maintenant et payez dans six mois. C’est intéressant, mais sur le long terme, cela engendre plus de dettes », confie-t-elle.
À Bagatelle, les vendeuses affichent un sourire radieux. Elles se bousculent pour être les premières à apporter une attention aux clients. Cynthia explique ainsi que plus elle arrive à faire de chiffre d’affaires, plus elle sera récompensée. À l’Occitane, Rachel, la Beauty Advisor, propose des produits de soins pour la peau et des parfums de marque avec une promotion allant jusqu’à 70%. Elle raconte que le Black Friday a démarré depuis lundi et que de nombreux Mauriciens ont eu la chance de faire leurs achats. « Le vrai engouement a démarré vendredi, car les gens ne croient qu’en ce mot sacré : Black Friday. »
L’étal de Djoko propose des pierres précieuses allant de 10% sur une vente de Rs 3 000 et de 15% au-dessus de Rs 5 000. Le vendeur explique qu’en 2023, l’engouement était plus fort, mais qu’il fallait attendre le soir pour que le mall soit, comme le dit l’expression, « noir de monde ». Un peu à la manière du Black Friday en somme.
Chez Bullega Verde, il faut acheter deux produits pour avoir un soin d’argan, très sollicité pour sa texture avec ce rendu soyeux de la peau. Anne-Lise, qui faisait ses achats à Bagatelle, parle de moment de détente. « Chaque fête est propice à une sortie en famille. La Saint-Valentin est bien ancrée dans les mœurs. Idem pour le Black Friday, où les promotions font venir les clients. Même les magasins de jouets se font de la concurrence en ce Black Friday. Beaucoup ont flairé là une bonne occasion, car en anticipant les promotions, ils attirent en masse la clientèle. Dès qu’il entend le mot Discount, le Mauricien s’emballe », avance-t-elle d’un air joyeux.
Des rabais en pagaille à l’approche de Noël. Cette année, le Père Noël ne sait plus où donner de la tête avec le 14e mois promis. Surenchère électorale oblige! Aussi, beaucoup de Mauriciens se frottent les mains avec, en vue, un Noël un peu plus spécial que d’ordinaire, avec un goût de 60-0. Au Tribecca Mall, la Farfouille est synonyme de tournis devant tous ces jouets. Entre ristournes et Vouchers, chacun y trouve son compte.
Mais le Black Friday est-il vraiment synonyme de bonnes affaires ? Un vendeur de chez ABC Motors est affirmatif, expliquant qu’il y a de bon prix sur les SUV et d’autres modèles de voitures. Certains consommateurs prudents flairent cependant aussi l’arnaque, comme Jean-Christophe, un quadragénaire : « Il faut regarder si le produit acheté sera utile sur le long terme, et non juste pour le plaisir d’acheter parce que c’est un Black Friday. »
Les Mauriciens sont-ils dépensiers ? Charlotte n’est pas de cet avis. « Il faut d’abord évaluer le profil du consommateur. Il y a celui qui est plus prudent et qui compare l’offre et la demande, et l’autre, plus téméraire, qui veut se faire plaisir parce qu’il en a les moyens. Dans des ménages, on pèse beaucoup le pour et le contre, mais le Black Friday peut aussi avoir d’autres attraits, comme l’occasion de faire des sorties en famille. Chose qu’on ne ferait pas si ce n’était pas un jour de fête. » En somme, tout dépend de la connotation de l’engouement et des attraits que procure ce Black Friday. « Autre point : il faut voir comment les enseignes arrivent à atteindre les consommateurs, car le comportement des clients a beaucoup évolué après le Covid. »
Jacqueline, une autre vendeuse, parle des bienfaits du prolongement du Black Friday. « Au lieu de l’arrêter vendredi, on prolonge l’expérience jusqu’à dimanche. Un week-end qui permet donc de rentabiliser, voire de renforcer, le pouvoir d’achat. Les gens sont friands des meilleurs deals. Raison pour laquelle certaines enseignes ont affiché des rabais depuis lundi. Arrivés à vendredi, les gens se lâchent, surtout qu’on est en fin de mois. »
Le Black Friday, avec ses promotions massives, met toutefois en difficulté les petits commerçants situés aux abords des rues, incapables de rivaliser avec les grandes chaînes. Abdool trouve ainsi que le Black Friday prend souvent des allures de Black Week. « Nou, ti komersan, nou pa kapav kas pri. Nou atann pou Noel, parski ena dimounn kontan aste lor lari. Nou pou debrouye pou gagn nou lavi » , se console deant cette folle ambiance aux abords des Malls.
Comme quoi la mode du Black Friday à la Black Friday Week est bien ancrée et que « la semaine du vendredi noir » fait toujours des émules. Après tout, pourquoi se priver… ?