Consommation : Le GM face à l’épreuve de la contestation des importateurs

Tengur (APEC) : « Le commerce mondial a été libéralisé et les importateurs doivent pouvoir vivre avec la concurrence»

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Sahebdin (CAP) : « Il est temps que le GM démontre son engagement en faveur des consommateurs en ce temps de crise »

Levée de boucliers des gros Players dans le commerce. Alors que le gouvernement avait signifié son intention d’introduire l’importation parallèle pour davantage de concurrence au niveau des prix des produits de consommation – ce qui serait très utile dans un contexte de flambée des prix et de baisse alarmante du pouvoir d’achat –, la Chambre de Commerce et d’Industrie et des importateurs font valoir qu’une telle pratique mettrait en danger l’industrie locale. Le gouvernement a maintenant décidé de commanditer une étude rapide auprès de la World Intellectual Property Organisation (WIPO) et de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) pour mieux évaluer l’impact de l’importation parallèle. Fera-t-il marche arrière ?

Réagissant à cette mise en parenthèse du projet, Suttyhudeo Tengur, de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC), soutient : « le commerce mondial a été libéralisé depuis belle lurette. Les importateurs doivent pouvoir vivre avec la concurrence internationale, car il n’y a plus de marché protectionniste. » Mosadeq Sahebdin, de la Consumer Advocacy Platform (CAP), fait de son côté valoir qu’il « est temps que le GM démontre son engagement en faveur des consommateurs en ce temps de crise économique ».

Un comité ministériel, mis sur pied pour se pencher sur l’introduction de l’importation parallèle, a soumis officiellement depuis plusieurs semaines ses recommandations. Toutefois, lors d’une réunion avec la MCCI et des importateurs, ces derniers ont émis des réserves, arguant que l’importation parallèle pourrait nuire à l’industrie locale, fabricant déjà des produits qui seraient importés, ce qui pourrait par ailleurs entraîner des centaines, voire des milliers de pertes d’emploi.

« S’il y a une levée des boucliers de la part des gros importateurs pour mettre à l’écart les nouveaux compétiteurs, c’est parce qu’ils savent pertinemment bien qu’ils vont perdre leurs parts de marché et leur monopole. Pour la simple et bonne raison que les nouveaux importateurs vont mettre leurs produits à un prix des plus compétitifs pour conquérir leurs parts de marché. Donc, la compétition sera féroce, au profit des consommateurs. Il faut que les importateurs traditionnels revoient leurs frais administratifs à la baisse pour devenir plus concurrentiels », s’insurge Suttyhudeo Tengur.

Il ajoute que ces importateurs s’étant montrés contre « sont en fait des membres de la MCCI ». Il ajoute : « ils semblent oublier que le commerce mondial a été libéralisé. Ils doivent pouvoir vivre avec la concurrence internationale car il n’y a plus de marché protectionniste ! ».

Le président de l’APEC déclare qu’il n’y a aucune nécessité de légiférer pour permettre l’importation parallèle. « L’OMC a été créée pour cela. On doit laisser les entreprises libres de leurs actions. Sauf que les autorités doivent surveiller la qualité des produits pour assurer la protection des consommateurs. »

Il ne partage pas l’avis de ceux estimant que l’importation parallèle nuira à l’industrie locale. « La libéralisation du commerce mondial a ouvert les portes à la compétition, certes féroce. Donc, il faut que nos producteurs locaux revoient leurs stratégies pour être plus productifs à un coût très concurrentiel. C’est le monde du Survival of the Fittest” ou encore adapt or perish. »

Au contraire, dit-il, « cette ouverture ralentira les marges de manoeuvre menant vers la cartellisation, où quelques gros importateurs dictent les lois » du marché. « Pour moi, la libéralisation de ce secteur dans le cadre international de la libéralisation du commerce international sera salutaire pour le contribuable, et surtout pour les démunis. »
Mosadeq Sahebdin regrette qu’ « il s’agit d’une nouvelle tentative de noyer le poisson et de trouver un prétexte pour céder aux exigences de la MCCI ». Il maintient que «le gouvernement est déjà en présence du rapport sur l’étude commanditée par le ministère des Affaires étrangères. Il s’agit du Rapport Pacon, du nom de la consultante Ana Maria, dont les services avaient été mis à la disposition du gouvernement mauricien par l’Union européenne. Celle-ci aurait recommandé le changement de régime d’importation pour Maurice, soit l’adoption de l’épuisement international, donc la fin de la représentation exclusive, que ce soit pour les produits de consommation courante, tel que le dentifrice ou les boissons énergisantes, les médicaments ou les pièces de rechange. »

Il estime de fait dommage  que les intérêts des importateurs, « et donc des mercantilistes, soient encore une fois préférées à ceux des consommateurs ».

Poursuivant son analyse, il trouve qu’ « une nouvelle fois, ce sont les intérêts de ceux qui financent les campagnes électorales qui seront privilégiés. Une situation qui explique la nécessité d’une loi pour assurer la transparence dans le financement des partis politiques. Il est temps que le gouvernement se ressaisisse et démontre son engagement en faveur des consommateurs en ce temps de crise économique, qui frappe directement les poches des consommateurs. »

Le président de la CAP se demande pourquoi les producteurs locaux ont peur de la concurrence. « Ont-ils peur que l’importation parallèle porte un coup à leur situation de quasi-monopole ou de dominance sur le marché ? Ont-ils peur de ne pas pouvoir défendre la qualité inférieure de certains produits ne répondant à aucune norme de qualité ? L’importation viendra doper la concurrence et ainsi permettre aux consommateurs de jouir de produits de meilleure qualité, d’un plus grand choix de produits, et de prix compétitifs », s’interroge-til.

Pour lui, « l’épuisement national, visant à perpétuer le mode actuel de la représentation exclusive, prôné par certains, dont la Chambre de Commerce, est contre le principe de la libéralisation et donc, est anticoncurrentiel ».

En conclusion, il note que « l’importation parallèle permet aux consommateurs d’accéder à des produits de qualité importés de sources alternatives et à des prix compétitifs. Elle peut, en sus des produits de consommation courante, contribuer à la sécurité alimentaire du pays. »

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