CONSOMMATION : Les effets en cascade de la hausse du prix de l’huile préoccupent

Le prix des huiles fabriquées et commercialisées par la compagnie Moroil a connu une majoration de Rs 5 à Rs 8, soit +10% à 18,6%. Cette hausse de prix a pris de court les ménages mais plus particulièrement, ceux qui sont engagés dans la restauration tels les marchands de rôtis, « dhol pouri », gâteaux salés, prisés par les consommateurs.
La hausse du prix de l’huile inquiète le gérant de Le Saveur Snack donnant sur une ruelle de la capitale. Gagnant sa vie essentiellement à travers la vente de gâteaux salés et du « kebab », une décision devra être prise sur les prix de ses différents types de gâteaux vendus. « Nous n’avons pas encore procédé à un ajustement de prix mais nous le ferons à la fin du mois », explique O.S, qui gère ce petit local depuis plus d’un an. Selon lui, cette hausse d’une roupie par gâteau est à contrecœur, mais « inévitable ». Cette situation, dit-il, ne sera pas sans répercussions. « Nous nous attendons à ce que cette augmentation d’une roupie nous fasse perdre des clients. Mais nous ne pouvons pas faire autrement. Déjà en ce moment, les clients constatent que le prix est élevé. En ajoutant une roupie sur chaque gâteau, ils réfléchiront davantage avant d’en consommer », fait-il ressortir.
Pour lui, le risque de perdre des clients est bel et bien présent. La quantité de gâteaux cuits et vendus par jour par ce petit commerce varie. Mais avec la hausse du prix de l’huile, aucune décision n’a été prise sur la quantité à préparer par jour. En ce moment, Le Saveur Snack utilise plus de quatre boîtes d’huile au quotidien. Le gérant soutient qu’une boîte contient quatre sachets d’huile.
Ce gérant gagne aussi sa vie à travers les commandes. Maintenant avec une hausse d’une roupie de ses gâteaux, il appréhende déjà une baisse dans le nombre de clients mais aussi du volume vendu quotidiennement. « Nous avons l’habitude de recevoir des commandes de centaine de gâteaux par jour. Nous prévoyons une baisse dans nos commandes à partir du moment que nous augmenterons le prix de nos gâteaux. Nous vendons déjà un gâteau piment à Rs 4 et bientôt il sera vendu à Rs 5. Le client diminuera son achat », fait-il ressortir.
Le gérant craint qu’il perde un peu de ses clients et croit aussi que la quantité de ses gâteaux connaîtra une baisse. À ce jour, ce propriétaire ne sait pas s’il diminuera la quantité d’huile qu’il utilise. Tout dépendra de l’évolution de la situation. S’il note une baisse dans la vente, il réduira aussi sa consommation d’huile.
La situation n’est pas au beau fixe depuis un certain temps. Le gérant constate une perte du pouvoir d’achat du client. Et maintenant avec la nouvelle majoration, il craint qu’il ne puisse pas recruter encore d’autres personnes. D’ailleurs, à cause de la situation difficile, il a dû demander à un employé de ne pas venir travailler. Il regrette que le prix des matières premières qu’il utilise augmente. Pour ne pas choquer ses clients, il soutient les avoir déjà informés.
Par ailleurs, depuis que le plastique à usage unique a été banni le 15 janvier dernier, ce commerce trouve difficile de pouvoir servir les clients comme il se doit. « Les sacs en papier que nous utilisons ne sont pas appropriés pour que nous puissions y mettre un peu de sauce. Une fois le client parti, il constate que son sac est imbibé et se casse. À cause de ce problème, nous sommes obligés d’investir davantage pour l’achat de sacs en papier plus solides », dit-il.
Il s’est taillé une réputation dans la production de rôtis et de dholl puris, mais il ne peut pas détruire ce qu’il a construit à cause d’une hausse du prix de l’huile. Raj Raderam, qui possède un petit local au bâtiment Fon Sing à Port-Louis, ne veut pas augmenter ses prix. Sa crainte principale est de perdre ses clients. « Le prix d’une boîte d’huile accuse une hausse de Rs 10. Auparavant, je déboursais Rs 185 par boîte mais dorénavant, je l’achète à Rs 195. Déjà en vendant un rôti ou un dholl puri à Rs 12, le client le voit cher », avance ce marchand.
Chaque jour, il doit utiliser deux à trois boîtes d’huile. Ce nombre est uniquement pour son local du bâtiment Fon Sing. Pour lui, pas question de changer de prix sans réfléchir. Le fait que c’est uniquement le prix de l’huile qui a augmenté, il ne compte pas le transférer au client. « Je ne veux pas bouleverser mes clients ni mon travail », fait-il ressortir. L’importance pour lui est de garder sa clientèle « vivante ».
Raj Raderam n’entend pas augmenter son prix suite à une expérience qu’il a vécue dans le passé. Ayant loué un local à Port-Louis, il dit devoir payer sa location. De ce fait, il s’est vu obligé d’augmenter le prix du rôti et du dholl puri. Mais cette hausse a eu un effet contraire sur son commerce. « À cause de cette expérience je ne veux pas changer de prix. Je suis un self-employed, je ne veux pas prendre de risque », dit-il. Malgré ce manque à gagner, il dit devoir accepter.
Et depuis, la COVID-19, le travail n’est plus le même. Les clients ne se bousculent pas. L’augmentation du prix de l’huile, précise-t-il, n’était pas attendue. Toutefois, il dit garder espoir d’une baisse du prix de l’huile à l’avenir.
Une hausse de prix n’est aussi pas envisagée par Ali Azmatally, gérant de Rôti l’Or. Ayant bâti son expérience dans la vente de gâteau piment, rôti, dholl puri et « ti pouri », il ne veut pas perdre ses clients. « Je n’ai pas encore augmenté de prix car il est très difficile d’augmenter le prix étant donné la situation actuelle. Le travail n’est plus comme auparavant. Je vends quatre gâteaux piments à Rs 10. Il ne faut pas oublier que le prix du gaz ménager a baissé. De ce fait, nous pouvons compenser cette hausse du prix de l’huile », dit-il. Depuis l’annonce du prix de l’huile, il dit n’avoir rien constaté s’agissant du nombre de ses clients. Mais s’il augmente son prix, il prévoit une baisse dans la consommation. D’ailleurs, il l’a remarqué depuis qu’il a boosté le prix de ses gâteaux il y a quelques années. Il utilise au moins une boîte d’huile qui coûte désormais Rs 720 contre Rs 490 auparavant.
Ayant à braver l’effet de la hausse du prix de l’huile, l’interdiction du sac en plastique à usage unique fait aussi perdre des clients. Il soutient qu’il offrait un sac en plastique gratuitement à ses clients lorsque ces derniers venaient s’alimenter chez lui. Mais depuis le nouveau règlement en vigueur, les clients n’ayant pas un sac en leur possession préfèrent ne rien acheter chez lui. Pour lui, chaque augmentation de prix de matières premières impacte directement les clients.
Augmenter le prix de ses repas de Rs 5 à Rs 15 a été décidé pour le moment à la Pâtisserie & Cafétéria Marimootoo à Port-Louis. « Nous avons entendu une hausse du prix de l’huile. Nous ne pouvons non plus exagérer nos prix », soutient Ruby Marimootoo. En ce moment, deux à trois litres d’huile sont utilisés au quotidien pour la préparation des repas. Par ailleurs, elle ajoute que le prix des pâtisseries ne sera pas revu à la hausse. La gérante ne veut nullement perdre ses clients, même si certains ne viennent que pour acheter un gâteau. Elle craint toutefois une baisse dans ses ventes. Elle ne compte pas réduire le nombre de ses repas ni de ses gâteaux, mais surveillera la tendance des clients en vue de décider de la marche à suivre. Son petit local à Port-Louis reçoit tous types de clients et de toute classe.

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