Contexte multiculturel et employabilité

Quelques années déjà il était dit que les types de travail pour les enfants naissant à cette époque ne sont pas encore connus. Ils sont à être inventés.

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Le Covid a précipité les choses. Nous sommes entrés dans une nouvelle normalité. La guerre russo-ukrainienne est venue complexifier la situation. D’après la Banque mondiale, le secteur traditionnel de croissance est en déclin.

Développer de nouvelles activités économiques, produire davantage, augmenter la productivité des secteurs de base…sont la norme. Avec le confinement et le travail à distance, la situation du travail doit être redéfinie. Le mot d’ordre est plus de flexibilité pour les employés, le lieu de travail étant appelé à être divers et inclusif. La relation avec des collègues et la hiérarchie doit être reconfigurée.

Le système éducatif n’est pas en reste. Depuis pas mal de temps déjà on parle de déconnexions entre l’emploi et l’éducation. Le système ne permet pas l’acquisition des compétences requises pour les emplois disponibles.

Ce que les employeurs recherchent particulièrement, en sus du diplôme et des capacités – et les institutions spécialisées s’accordent dessus –, ce sont des types de personnalités, des qualités telles que la résilience, la versatilité, la créativité ou encore une propension à la curiosité, d’où la transversalité des compétences.

Au niveau international, plusieurs pays se trouvent dans une situation paradoxale : des emplois à pourvoir qui restent non pris et d’autre part un taux de chômage en expansion. À Maurice, le même phénomène peut être observé car d’une part le pays accuse un taux de chômage de 8,7 % et d’autre part existent des gisements d’emplois dans différents domaines comme le démontrent les propositions d’emploi divers, les récents job fairs entre autres. Le secteur des TIC est en pleine expansion. Il prône une vocation internationale tout comme d’autres secteurs. Le secteur des services financiers est également en évolution. Il est dit que 2000 emplois sont à pourvoir en 2023. Ce secteur se positionne également à l’international, car des opportunités existent pour travailler à Maurice vers l’étranger et/ou travailler à l’étranger. En général, force est de constater qu’au niveau de l’entreprise, une autre planification des ressources humaines est requise, que ce soit en ce qui concerne le service à la personne, du tourisme, de l’assurance, du « retail » et « Consumer Service ».

La question qui se pose est : quelles compétences pour les ressources humaines ? Quelle valeur ajoutée la personne peut-elle apporter à l’entreprise ? La situation étant ce qu’elle est, il est demandé à l’employé potentiel de sortir de sa zone de confort… détenir des savoirs et des capacités techniques est important mais insuffisant.

Les « bonnes » compétences n’existent pas. La compétence doit être forcément multidimensionnelle. Les employeurs recherchent de plus en plus de « soft skills », des aptitudes que l’on n’apprend pas forcément dans un système formel de formation. La flexibilité, l’ouverture d’esprit, la remise à jour des connaissances pour engranger celles exigées avec les développements des entreprises …

Selon les spécialistes, d’une part aucun pays ne maîtrise son destin et d’autre part on évolue dans un système interdépendant. Il y a quelque temps déjà Thomas Friedman nous rappelle dans son ouvrage que « the world is flat ». À savoir que le champ de la compétition des pays industrialisés et émergents est en train de se réduire pour entrer dans un système global plus complexe dépassant les frontières. Quand le monde est plat l’élément de compétition le plus important est entre l’individu et son imagination, souligne Friedman. La question qui se pose est donc la suivante : avons-nous la main-d’œuvre avec ces nouvelles compétences requises à Maurice pour travailler dans le contexte local et à l’international ?

Avoir une intelligence des situations, savoir comment on fonctionne avec des personnes provenant d’autres horizons différents avec d’autres cultures, donc d’autres habitudes et valeurs différentes, constitue un atout incontestable. Nous faisons l’hypothèse qu’il existe chez tout Mauricien un tissu humain comprenant des valeurs, des attitudes, des comportements, des capacités qu’il faut rechercher et valoriser car elles sont indispensables face à ces nouvelles exigences concernant l’emploi.

Dans une interview accordée au Mauricien le 16 janvier 2022, M.Georges Chung Tick Kan nous rappelle : « Au lendemain de l’indépendance, on ne savait que planter la canne et fabriquer le sucre. On a appris à faire des produits de la grande finance. On a aussi appris à tricoter les produits Woolmark pour devenir à un certain moment le deuxième plus gros producteur dans le monde. Avec une bonne planification, l’agriculture verticale peut très bien devenir une réalité. »

Cette capacité à nous réinventer est présente. Et elle est d’actualité : la capacité d’adaptation, du sens de l’organisation, à comprendre et analyser une situation et « trouver des solutions adaptées… » Des possibilités d’emploi existent ou vont exister à court et à moyen terme à Maurice comme on a dit au début de cet article. Ces mêmes possibilités sont d’actualité ailleurs au niveau international. Ne serait-ce au niveau régional : COI, IORA… entre autres. Par son vécu multiculturel, tout Mauricien possède un potentiel qu’il s’agirait de repérer et de valoriser. Il s’agirait de faire prendre conscience à la personne qui elle est et du potentiel de compétences qu’elle a engrangé. Ce serait aller au-delà de l’échec scolaire qui ne laisse que des empreintes négatives indélébiles chez certains. Un changement profond de l’éducation et de la formation est nécessaire face à ces enjeux. On élaborera. (Pour info : À l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP) où j’intervenais il y a quelques années, au niveau de la formation des managers et des responsables des ressources humaines, entre autres, ces exigences pour travailler à l’international étaient déjà d’actualité. Je vivais alors à Paris).

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