Sursis pour l’inculpation provisoire de l’ex-DG de la STC, Rajiv Servansingh, avec le cafouillage des pluies torrentielles de mercredi
Un nouveau rebondissement de taille secoue l’enquête, initiée par la Financial Crimes Commission (FCC) au sujet de l’attribution controversée d’un contrat pétrolier de Rs 30 milliards sans passer par une procédure d’appel d’offres par la State Trading Corporation (STC) à la société de courtage pétrolier, Mercantile and Maritime Ltd (MMG). Graeme Robertson, Chairman du groupe Intrasia Management (Mauritius) Ltd, a été entendu, hier, comme témoin clé dans ce dossier, qui risque de voir au moins trois anciens ministres du précédent gouvernement être convoqués Under Warning.
L’homme d’affaires australien, arrivé expressément à Maurice pour consigner sa version des faits, est reparti quelques heures plus tard après avoir livré son témoignage au quartier général de la Financial Crimes Commission au Réduit Triangle. D’après des sources proches du dossier, sa présence sur place a nécessité de longues tractations au plus haut niveau.
Graeme Robertson n’a pas mâché ses mots durant son audition. Il a mis en cause directement Kareena Beekun-Neisius, l’accusant d’avoir utilisé le groupe Intrasia à des fins personnelles dans le cadre du contrat accordé à Mercantile and Maritime Ltd, soit un K.-O. Il a tenu à préciser que son entreprise n’a tiré aucun bénéfice de cette entente délictueuse avec la State Trading Corporation, malgré les ressources et compétences fournies à Mercantile and Maritime Ltd, notamment en matière de logistique et d’expertise dans le secteur énergétique.
D’après les informations recueillies, Mercantile and Maritime Ltd a été enregistrée en août 2023, soit peu de temps avant de décrocher, dans des circonstances jugées inhabituelles, ce lucratif contrat pour l’approvisionnement en carburant du pays pendant un an. C’est seulement en octobre 2023 qu’Intrasia Corporate Services Ltd est devenue officiellement secrétaire de Mercantile and Maritime Ltd. Pourtant, a-t-il affirmé, Intrasia n’a jamais été impliquée dans les négociations avec la STC. Il a démenti les allégations de Kareena Beekun-Neisius à l’effet que toutes les transactions étaient engagées au nom de Mercantile and Maritime Ltd.
La FCC cherche à éclaircir les flux financiers liés à ce contrat. Les enquêteurs soupçonnent que les paiements effectués par la STC à Mercantile and Maritime Ltd en devises étrangères auraient été transférés hors du pays. Le bénéficiaire présumé serait Murtaza Ali Lakhani, homme d’affaires pakistanais, unique actionnaire et directeur de Mercantile and Maritime Ltd, aux côtés de Kareena Beekun-Neisius. Le rôle de cette dernière intrigue particulièrement les enquêteurs. En plus de sa fonction chez Mercantile and Maritime Ltd , elle est également membre du conseil d’administration d’Intrasia Investment Ltd, une autre entité du groupe Intrasia. Cette double casquette soulève des questions sur de possibles conflits d’intérêts. Graeme Robertson a d’ailleurs soutenu que c’est Kareena Beekun-Neisius, et non les autres employés d’Intrasia, qui agissait comme secrétaire de Mercantile and Maritime Ltd.
L’audition du président d’Intrasia aurait permis aux enquêteurs de recueillir de nouveaux éléments susceptibles de faire progresser l’enquête. L’objectif désormais est de reconstituer le circuit de l’argent – le Money Trail – jusqu’à Murtaza Ali Lakhani et avec des intermédiaires-bénéficiaires. Par ailleurs, un des responsables de cette enquête de la Financial Crimes Commission pourrait se rendre à l’étranger ce week-end pour entamer des procédures de collaboration avec des autorités étrangères dans le cadre de la Legal Mutual Assistance.
En parallèle, l’interrogatoire Under Warning de Rajiv Servansingh, ex-directeur général de la STC, reporté en raison des pluies torrentielles mercredi, devrait reprendre dans les jours à venir. Cet exercice a déjà atteint un point critique où l’arrestation et l’inculpation provisoire du dénommé Rajiv Servansingh pourraient intervenir à tout moment.