COOPÉRATION RÉGIONALE : La COI peine toujours à se frayer un chemin 

  • Amédée Darga : « Un problème de manque de visibilité des programmes financés par la COI. Les citoyens ne savent pas ce que fait la COI »

La Commission de l’océan Indien (COI) existe depuis plus de 35 ans et sa relation avec l’Union européenne (UE) remonte également à plus de trois décennies. Or, cette organisation régionale – qui regroupe Maurice, La Réunion, les Seychelles, Madagascar et Les Comores – semble ne pas bénéficier du soutien requis d’autres organisations, dont la Southern African Development Community (SADC) et la Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA). Un déficit en visibilité est aussi décrié alors que l’UE a injecté 265 millions d’euros dans des projets de la COI durant les derniers 35 ans.

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Le partenariat entre la COI et l’Union européenne a été le sujet de discussions franches lundi matin lors de la première d’une série de trois conférences-débats sur le thème « Le partenariat COI-UE : quelle valeur ajoutée pour la région ? Quels résultats ? » réunissant Vêlayoudom Marimoutou, secrétaire général de la Commission de l’océan Indien, Vincent Degert, ambassadeur de l’Union européenne auprès de la République de Maurice et de la République des Seychelles, et Amédée Darga, directeur de SABDS et président du club des affaires Maurice–Afrique. « Un problème de manque de visibilité des programmes financés par la COI. Les citoyens ne savent pas ce que fait la COI », avance Amédée Darga. Pour lui, la SADC et la COMESA sont beaucoup plus connues que la COI dans la communauté des affaires. Selon lui, plusieurs pays ont adhéré à d’autres organisations telles la SADC ou la COMESA où une certaine tension a été créée. « Où est-ce que Maurice met plus d’efforts ? » se demande le président du club des affaires Maurice–Afrique.

D’autres pays de l’océan Indien se sont également associés à ces associations africaines à divers moments. Selon lui, le commerce en Afrique australe et de l’Est s’élève à 13% alors que celui avec la COI n’est que de 5%. « Il y a une certaine tension dans l’engagement des pays avec ces organisations régionales. » Même si la COI est présente, Amédée Darga souligne que la question qu’il faut se poser est qui définit l’agenda entre l’Union européenne et la COI, entre l’UE et la SADC et la COMESA. Il se demande si nous sommes pleinement impliqués. Comment les gouvernements s’impliquent-ils dans la COI et comment la perçoivent-ils ?, s’interroge-t-il.

Conscient que la COI est peu visible malgré le financement des projets obtenu par l’Union européenne, Vincent Degert avance que chaque organisation est créée par ses États membres et ce sont eux qui en définissent les objectifs. « Ce n’est pas le rôle de l’UE de venir dire ce que doit faire la COI », dit-il tout en ajoutant que les gens doivent savoir ce qu’entreprend la COI. Et pour accroître la visibilité de cette commission, il laisse entendre que l’UE investit pour sa restructuration.

Évoquant le lien entre la COI et l’UE, Vêlayoudom Marimoutou soutient que cette instance européenne apporte son concours car la COI « le veut bien ». L’histoire de la COI, précise-t-il, est l’histoire d’un « socle culturel et humain » partagé et une prise de conscience politique ayant pris corps à Maurice. La COI a été créée à l’initiative du gouvernement mauricien. La COI de 1982 réunit Madagascar, Maurice et les Seychelles. C’est en 1986 que les Comores et La Réunion s’y intègrent. « La COI est une organisation intergouvernementale au service des États membres, ne décide pas à la place des États membres ; elle n’est pas une banque de développement et ne se substitue pas au pouvoir public », affirme le secrétaire général.

Par ailleurs, la thématique de ce mardi est « Océan en partage : sécurité et opportunités » et celui de mercredi sera « Changement climatique : quels enjeux et quelles actions concrètes en Indianocéanie ? ». Au Caudan Arts Centre, le public pourra découvrir une exposition sur les projets financés par l’Union européenne dans les pays membres de la COI. Des tablettes sont aussi installées pour que les visiteurs puissent en prendre connaissance par l’entremise de vidéos. Les débats de ce partenariat se veulent être francs.

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