CORONAVIRUS 2019-NCOV – Urgences sanitaires et responsabilité humaine

DR DIPLAL MAROAM

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L’Homme risque de plus en plus fréquemment d’être assailli par des maladies d’origine animale, certaines pathologies étant susceptibles de sauter de plus en plus souvent la barrière des espèces. Ainsi, du côté de la communauté scientifique, la stratégie fondamentale devrait consister d’abord à chercher à contenir les agents pathogènes concernés dans leurs hôtes d’origine car une fois la barrière franchie, la situation sanitaire pourrait s’avérer imprévisible, voire même échapper à tout système de contrôle. D’ailleurs, on a longtemps cru que la barrière des espèces endiguait naturellement le flot des maladies ; or, l’on sait désormais que tel n’est plus le cas. Ce, dans une grande mesure, dû aux changements majeurs survenus au niveau des relations de l’Homme à son environnement dans un monde de plus en plus densément peuplé et dont le climat se réchauffe de jour en jour ; à un monde globalisé où l’on se déplace de plus en plus et de plus en plus vite.

Ces changements ont pour conséquences que les agents pathogènes, particulièrement les virus, mais pas seulement, ne demeurent pas cantonnés à l’animal mais, à la première opportunité favorable, font le saut et parasitent l’homme. Des exemples abondent dans l’histoire récente : le Marburg en Allemagne (1967), l’Ebola au Zaïre et Soudan (1976), le VIH(Sida) en Californie (1981), la Grippe aviaire à Hong-Kong (1997), le SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) en Chine (2002/03), le MERS (Middle East Respiratory Syndrome) dans la Péninsule arabique (2012), entre autres. Autant dire que si le nouveau coronavirus, le 2019-nCoV, est la dernière en date de ces menaces sanitaires, il n’est certainement pas la dernière et peut-être pas non plus la plus dangereuse bien que possédant une vitesse de propagation plus grande mais un taux de mortalité, pour le moment, inférieur par rapport au SRAS (9,6%) et MERS (34,4%). Les activités humaines suscitent des échanges viraux de l’animal à l’Homme puis de l’Homme à l’Homme, échanges pouvant même prendre des proportions pandémiques. Ainsi, dans de nombreuses circonstances, c’est l’Homme lui-même qui se trouve à l’origine du mal. En provoquant le bouleversement de l’équilibre écologique ou voulant même parfois jouer à « l’apprenti sorcier », comme dans le cas de la « vache folle », il réveille les agents pathogènes en leur offrant de nouveaux milieux de prolifération et circuits de propagation.

Revisiter notre mode de vie

D’autre part, l’abattage et la consommation des animaux sauvages, réservoirs potentiels de virus à l’instar des chauves-souris, civettes ou de certains oiseaux, entraînent la libération des agents infectieux qui se réfugient alors dans leur nouvel hôte. Et les coronavirus ont la faculté de pouvoir muter souvent lors de leur réplication dans la cellule hôte, mutation qui favorise l’installation du pathogène au sein de la nouvelle espèce. Tout comme le coronavirus du SRAS qui avait émergé dans un marché des animaux dans la province de Guangdong dans le sud de la Chine en novembre 2002, le 2019-nCoV a surgi en décembre dernier dans un marché des animaux, tués et vivants, à Wuhan, capitale de la province de Hubei dans le centre de la Chine. Ce qui explique, dans une certaine mesure, le mode de contagion quasi-similaire dans les deux cas.

Les maladies provenant des animaux ne sont certainement pas nouvelles mais deviennent de plus en plus fréquentes vu la proximité de plus en plus marquée entre l’Homme et les animaux sauvages. Pourtant, depuis l’apparition du SRAS, des scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme par rapport à la probabilité de la transmission des coronavirus des animaux à l’Homme dans un contexte propice à leur mutation. Or, ayant manifestement le nez scotché dans le guidon, l’Homme ne voit que la croissance et les profits du court-terme, oblitérant complètement toutes les autres considérations de son existence. En outre, de nombreux experts sont même d’avis que l’éventualité de la libération des agents pathogènes se trouvant dans les carcasses d’animaux emprisonnés dans le permafrost de Sibérie orientale, et dont la fonte due au phénomène du réchauffement atmosphérique s’accélère, est bien réelle mais cela ne semble émouvoir personne. Finalement, l’exploitation inconsidérée des énergies fossiles ne peut être sans conséquence sur l’existence de la vie sur la planète. Il est temps de sortir de ce cercle vicieux en revisitant notre mode de vie et système de production et de consommation.                                                                                                           

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