CORONAVIRUS — Chinatown : Entre optimisme et appréhension

Depuis l’annonce de l’épidémie du nouveau coronavirus en janvier et celle des autorités mauriciennes en février faisant état de l’interdiction d’importer certains produits comme les poissons, les produits de mer séchés et frigorifiés, entre autres, sans compter des conteneurs avec des aliments en conserve et autres produits alimentaires qui seraient bloqués au port, des inquiétudes ont surgi du côté de certains commerçants. Nous nous sommes rendus à Chinatown pour mieux connaître l’état d’esprit de ces derniers. Alors que certains affichent l’optimisme, d’autres concèdent qu’ils ont une certaine appréhension.

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Le directeur d’Indian Ocean Freezer World, commerce spécialisé dans la vente de produits de mer surgelés entre autres, confirme que pour l’instant, « nous ne recevons plus de produits de Chine mais nous continuons à recevoir nos stocks du Vietnam et de Madagascar ». Même si pour l’heure, son stock de produits n’est pas affecté, il prévoit déjà « du retard sur notre prochaine commande que nous avons d’ailleurs déjà passée ». La raison, c’est qu’il y a un manque de main-d’œuvre, dit-il. Il prévoit que dans les prochains mois les affaires seront affectées si le Covid-19 continue à sévir. « Mais pour l’instant, notre clientèle demeure constante. »

Le représentant de la pharmacie Therapharm, située rue Sun Yat Sen, anciennement connue comme rue Arsenal, se veut dans un premier temps rassurant. « Tout est normal jusqu’ici. Au début de l’épidémie, les clients sont venus acheter des masques et du gel désinfectant mais il y a maintenant une rupture de stock de ces produits. » Il n’écarte pas la possibilité qu’il y ait une pénurie de médicaments dans un futur proche car « l’Inde a arrêté d’exporter 26 médicaments faute de matières premières. »

Le gérant de Dazzling Star Chinese Store qui vend des produits alimentaires ainsi que des médicaments de la médecine traditionnelle se veut optimiste. « Le mouvement des clients n’a pas changé. Au contraire, certains essaient d’en acheter un peu plus par peur d’une rupture de stock. Mais en Chine, on a recommencé à travailler et dans quelques semaines, au moins 90% du travail reprendront. Je suis confiant que tout retournera à la normale. Certaines personnes croient que le virus peut se propager à travers les produits mais ce n’est pas vrai ! Au contraire, la Chine inspire confiance de par les moyens qu’elle emploie pour combattre l’épidémie. »

Nous nous dirigeons vers une autre pharmacie du vieux quartier chinois d’habitude visitée tant par les Mauriciens que par des touristes. La propriétaire nous confie que les produits qu’elle met en vente actuellement proviennent de son ancien stock. « Nous ne recevons plus de nouveaux stocks de produits. » Alors qu’elle nous parle, un couple de Mauriciens vient acheter des sachets de poudre issus de la médecine chinoise contre la grippe.

Et notre interlocutrice de reprendre après avoir servi ses clients : « On m’a dit que même si les bateaux viennent de Chine, les produits tarderont à arriver car il faut que les autorités effectuent beaucoup de vérifications. » Elle regrette que depuis que le Covid-19 a fait son apparition, sa clientèle également constituée de touristes réunionnais et français ne vient plus. « Le travail a chuté un peu mais mon stock pourra durer environ un an encore. »
À l’autre bout de la rue, le magasin Wah Kiw Hong est très connu pour ses produits chinois.

Un représentant confie : « Nous avons des conteneurs en route mais nos produits ne proviennent pas de Chine en ce moment. Nous nous sommes tournés vers Hong Kong car s’il y a des bateaux qui arrivent de Chine, ils ne desservent pas toutes les parties de la Chine. Nous avons dû changer de fournisseurs et cela nous coûte plus cher. Même si on avait commandé de la Chine, cela nous serait revenu plus cher car étant donné que les bateaux ne sont pas complètement chargés, le fret est plus cher. » Et d’ajouter que certains produits font défaut actuellement comme ceux de la marque Lee Kum Kee. « Nous les aurons mais pour l’instant cela tarde un peu. »

S’il soutient disposer encore d’un bon stock pour l’heure, « il faudra toutefois trouver des alternatives si jamais le Covid-19 ne se stabilisait pas ». Et d’ajouter : « Cela nous serait plus coûteux. À ce jour, on n’a pas augmenté nos prix. » Tous les commerçants souhaitent vivement « que la Chine et le monde se refassent une bonne santé. »

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