(Corruption) St-Louis Gate : L’ICAC obtient la détention d’Alain Hao Thyn Voon

– PADCO, un rôle pivot dans le réseau de relais d’Insider Information au CEB en faveur de BWSC

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– La pression d’interrogatoire « Under Warning » des Top Guns du CEB s’accentue à partir de ce matin

Le ton est monté d’un cran dans la Saint-Louis Probe, avec les allégations de corruption et autres maldonnes lors de l’octroi du contrat de réhabilitation de la centrale thermique du Central Electricity Board (CEB) avec une bombe à retardement de Rs 700 millions. En effet, Alain Hao Thyn Voon, Managing Director de PADCO Ltd et qui fait l’objet d’une inculpation provisoire de blanchiment de Rs 49 millions, a été conduit en cellule policière hier. En effet, devant les preuves accablantes et les risques potentiels de “Tampering with Evidence and Witnesses”, l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) a formellement objecté à la remise en liberté provisoire, avec le fils du président du Comité olympique mauricien, Philippe Hao Thyn Voon, conduit au Moka Detention Centre. En parallèle, l’enquête sur les dessous caractérisés de corruption, diligentée depuis juin dernier, passe à une étape supérieure, avec une série de convocations “Under Warning” de Top Guns du CEB, dont ceux qui ont déjà pris leurs distances de cet organisme.
L’arrestation et l’inculpation provisoire d’Alain Hao Thyn Voon marquent un tournant dans cette enquête déclenchée suite à la décision de la Banque africaine de Développement (BAD) de sanctionner la firme danoise Burmeister & Wain Scandinavian Contractors, avec une interdiction de participer à des appels d’offres. Ainsi, selon des recoupements d’information, le patron de PADCO Ltd a été confronté à une série de preuves accablantes au sujet du délit de “money laundering” d’un montant de Rs 45 millions émanant des paiements effectués par la firme danoise.
Ainsi, le dossier à charge de l’ICAC comprend les différentes étapes du “money trail” à partir des fichiers informatiques dans le système administratif de cette société de construction locale, qui avait bénéficié de deux sous-contrats, dont un de Rs 600 millions de Burmeister & Wain Scandinavian Contractors dans le cadre de la réalisation du projet de la phase II de la centrale thermique de Saint-Louis. Ces documents, établis à la suite d’une analyse approfondie des Records tenus par PADCO et ceux émanant de BWSC, comportent la liste des paiements à être effectués, en particulier ceux ne relevant pas de l’exécution des travaux sur le chantier de la centrale de Saint-Louis, avec la BAD soutenant qu’il y a « gratifications to Mauritian officials through third parties ». Devant ces éléments, le principal concerné a rejeté les accusations en bloc.
Alain Hao Thyn Voon avait été interrogé dans les locaux de la Commission anti-corruption pendant plusieurs jours dans le cadre de l’affaire St-Louis. Hier après-midi, une charge provisoire de blanchiment d’argent en violation de l’article 3(1)(b), 6 et 8 de la FIAMLA et l’article 44(1)(b) de l’interpretation and General Clauses Act a été retenue contre lui. Le délit reproché aurait été commis entre décembre 2016 et octobre 2018. Il lui est ainsi reproché de « wilfully, unlawfully and criminally, in possession of property which, in whole or in part directly or indirectly represented the proceeds of a crime where he, Phillipe Alain Hao Thyn Chuan Ha Shun had reasonable grounds for suspecting that the property was derived, in whole or in part, directly or indirectly from a crime ».
Ce qui interpelle L’ICAC est la somme de Rs 49 M retrouvée sur le compte bancaire de la compagnie PAD & CO Ltd, alors sous-contracteur de Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) dans le projet du CEB pour le redéveloppement de la centrale thermique de St-Louis.
Un autre élément, qui devrait peser lourd lors des prochaines étapes de l’enquête de l’ICAC, se présente sous la forme d’une série de documentations officielles « retrieved » du système informatique de la société Hao Thyn Voon, suite à un exercice “Forensic” poussé. La teneur de ces courriels porte sur des informations sur les étapes autour de l’exercice d’appel d’offres pour le contrat de la centrale Saint-Louis, notamment du CEB ou encore de l’Independent Review Panel, accréditant la thèse à l’effet que la firme danoise avait « plus qu’une longueur d’avance sur les autres concurrents lors de cet exercice. » À ce stade de l’enquête, la principale ligne confirmée est que « PADCO du clan Hao Thyn Voon n’était autre qu’une filiale du CEB vu les Insider Information communiquées d’avance à cette compagnie de construction pour être retransmises à BWSC en vue de compléter la soumission finale ».
Des recoupements d’informations indiquent que dès ce matin des membres du Management du CEB, qui ont travaillé sur le projet de Saint-Louis, sont convoqués pour des auditions “Under Warning” alors que très peu de détails sont disponibles quant à la teneur des séances de “Questioning” ou encore des possibilités d’inculpations provisoires en série à venir…

AU DANEMARK

« Not been immediately contacted by Mauritius »

À l’initiative de Rezistans & Alternativ, le scandale de corruption de Burmeister Wain Scandinavian Contractors a été évoqué au plus haut niveau politique au Danemark. Et les éléments de réponse fournis par le ministre de la Development Cooperation, Rasmus Prehn, suite à une interpellation du député danois Christina Juhl, ne pourront que relancer la polémique sur le plan politique à Maurice. Dans une réponse écrite au Foreign Affairs Committee en date du 14 août dernier, mention est faite que « the Ministry of Foreign Affairs has not been immediately contacted by the Mauritius authorities in relation to the case ».
À moins que la demande formelle sous la Mutual Legal Assistance de Maurice auprès du Danemark ait été logée après le 14 août, tout semble indiquer qu’il n’y a pas eu encore de « request to assist in the probe ». Les extraits traduits du danois de cette réponse parlementaire se lisent comme suit :
« The Ministry of Foreign Affairs has not been immediately contacted by the Mauritius authorities in relation to the case. EKF has stated that they have not been contacted by the authorities either. With regard to the involvement of and proceedings before the Public Prosecutor for Special Economic and International Crime and with the Danish police, including any cooperation with the authorities of other countries, reference is made to the Ministry of Justice, which has jurisdiction in this area. »
Faisant l’historique du cas de Maurice, le ministre Prehn souligne : « The Investment Fund for Developing Countries (IFU) has not played a role in the case with BSWC in Mauritius. The Ministry of Foreign Affairs has also not provided advice to BWSC in connection with the project in Mauritius, and no Danish funds through trust funds or the like in the African Development Bank have been used to finance or support the project in Mauritius. »
La version traduite de la réponse ajoute : « In connection with the case, the embassy in Dar es Salaam, Tanzania, where the ambassador is side-accredited to Mauritius, was contacted by BWSC with a request for assistance in June 2020. The embassy referred to the Danish consul in Mauritius, who could not assist but offered to share contact information for relevant legal advisers. This offer was not accepted by BWSC. »
D’autre part, l’Export Credit Fund (EKF) de Danemark était engagé dans « an initial dialogue with BSWC regarding price and structure for financing the project in Mauritius. When BWSC chose another solution, there was no further collaboration between EKF and BWSC on the project. »
Affaire à rebondissements…

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