Molnupiravir Saga à Rs 79.92 la dose : La Cour tire à boulets rouges sur l’enquête de l’ICAC

La Vain Attempt de l’ICAC de protéger l’ex-SCE de la Santé Dalida Allagapen dénoncée La charge provisoire contre le Principal Pharmacist, Brijendrasingh Naeck, rayée en Cour de Port-Louis

Les dessous de la Molnupiravir Saga, avec la dose payée à Rs 79.92, soit à un prix huit fois supérieur à celui pratiqué dans le circuit commercial, en vue de soigner des patients infectés par le virus du Covid-19, s’épaississent encore.

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Et ce, à la décharge du ministère de la Santé, qui n’a pas été en mesure de fournir des explications cohérentes à la décision de passer une commande d’un million de doses auprès de CPN Distributors de Montagne-Longue, un néophyte dans le circuit des importateurs de médicaments au plus fort de la seconde vague de la pandémie en novembre/décembre 2021. Pire encore depuis hier.

Le jugement de la magistrate Azna Bholah, siégeant en Cour de Port-Louis, le scandale, qui avait été dénoncé par le truchement d’une Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, est venu verser d’autres éléments troublants au sujet des méthodes d’enquête de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), qui s’était donnée pour mission de « protéger coûte que coûte » l’ancienne Senior Chief Executive au ministère de la Santé, Dalida Allagapen, qui n’est autre que la sœur du ministre des Affaires étrangères, Alan Ganoo, partie à la retraite en toute précipitation aussitôt les premières indications de cette ténébreuse affaire se déroulant au ministère de Kailesh Jagutpal tombant dans le domaine public. Mais il n’y a pas que Dalida Allagapen, qui avait présidé le High-Powered Committee à la Santé, qui a bénéficié de cette couverture occulte de l’ICAC mais d’autres à très haut niveau au ministère.

Ainsi, la charge provisoire retenue depuis le 29 décembre 2021 par l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) contre Brijendrasingh Naeck, Principal Pharmacist au ministère de la Santé, dans la Molnupiravir Saga, a été rayée, hier, par la magistrate Azna Bholah, siégeant en Cour de Port-Louis.

Dans les attendus de son jugement dans cette enquête où les ramifications de cette fraude attendent encore d’être dévoilées publiquement, la magistrate Bholah, établit une série de points pour démontrer que l’ICAC se serait embarquée dans une Fishing Expedition avec un but précis, notamment, une tentative à peine voilée pour écarter des cadres du ministère, dont l’ancienne Senior Chief Executive, Dalida Allagapen, de même que d’autres cadres de ce ministère, impliqués dans cette prise de décision pour favoriser le dénommé Akash Chuttoo de CPN Distributors avec sa cargaison d’un million de doses de Molnupiravir à Rs 79.92 l’unité.

Commentant la charge provisoire de « public official making use of his office or position for a gratification for himself or another person », sous l’article 7 (1) de la Prevention of Corruption Act (PoCA), retenue depuis décembre 2021 contre Brijendrasingh Naeck, la magistrate Azna Bholah a soutenu que la commission anti-corruption semble s’être embarquée dans une ligne d’enquête que sur la base d’un simple soupçon.
Elle a mis en avant que d’après les faits et les circonstances exposés devant la Cour, il évident du point de vue d’un Objective Bystander que la participation de Brijendrasingh Naeck ne se limite qu’à une note insérée en tant que Principal Pharmacist du ministère de la Santé de Kailesh Jagutpal adressée à ses officiers supérieurs pour que le nécessaire soit fait et en vue de leur approbation. « The Enquiry Officer (EO) himself has admitted in his cross examination that the procurement could have been stopped at the level of the DBC or at the second level of verification by the PS or at the third level of verification by the SCE », s’insurge la magistrate.

Poursuivant son analyse des faits dans Ruling prononcé hier après-midi en présence de Brijendrasingh Naeck et de son homme de loi, Me Rajesh Unnuth, la magistrate avance que l’ICAC a visiblement tenté d’écarter certains protagonistes dans cette enquête, notamment d’autres cadres du ministère dont Dalida Allagapen. « I also wish to place on record that the remarks made by the Enquiring Officer with regard to the qualifications of the former SCE of the MoHW, the DPS and other senior officers of the Ministry, seem to be clearly a subsequent vain attempt to disconnect them from the present provisional charge after admitting in cross examination that the procurement process for the 1 million capsules of Molcovir 200mg at Rs79.92 per unit from CPN Distributors Ltd could have been stopped at their level of verification », a-t-elle déclaré.

Azna Bholah indique que Brijendrasingh Naeck est le Principal Pharmacist du ministère de la Santé et y a été un membre du personnel administratif pendant plus de 27 ans« with good service and no adverse report ». Elle fait comprendre que l’achat de capsules de Molcovir, la version générique du Molnupiravir du laboratoire Optimus Pharma Private Limited en Inde, auprès de CPN Distributors Ltd pendant la pandémie de Covid-19 était référencée dans un fichier Q92 et l’ensemble du processus d’approvisionnement avait commencé suite à un mail adressé à l’ancienne Senior Chief Executive de la Santé par le pharmacien de CPN Distributors Ltd.

Cet importateur s’était déclaré prêt à fournir le ministère quelque 1 000 000 de gélules de Molcovir de 200 mg à Rs79.92 par unité, en deux livraisons différentes. Faisant le rappel des faits présentés devant elle, la magistrate Bibi Azna Bholah dit avoir noté que le 15 novembre 2021, il y avait déjà un devis pour la fourniture de 1 200 000 gélules de Molnupiravir 200mg des Dr Reddy’s Laboratories à Rs56.62 par unité et un autre daté du 24 novembre pour la fourniture de 800 000 gélules de Molnupiravir 200mg d’Emcure Pharmaceuticals Ltd à Rs9,31 par unité. L’enquêteur de la commission anti-corruption avait fait ressortir que les deux premiers appels d’offres effectués avaient été acheminés vers un Bid Evaluation Committee pour être examinés et évalués par un jury mais pour la troisième commande Brijendrasingh Naeck avait décidé unilatéralement pour recommander l’achat de capsules de Molcovir auprès de CPN Distributors Ltd sans passer par la procédure établie par le ministère devant une commission d’évaluation des offres.
La magistrate souligne également que durant sa Cross-Examination, l’enquêteur de l’ICAC avait concédé qu’il existait des Documentary Evidence à l’effet
qu’un e-mail avait été adressé à la SCE Allagapen émanant de CPN Distributors Ltd le 25 novembre 2021 à 13h45;
qu’une lettre datée du 25 novembre 2021 mentionnant 1 million de capsules de Molcovir ayant un prix de Rs79,92, et indiquant que les livraisons doivent être effectuées par les distributeurs CPN auprès du ministère ;
qu’un e-mail daté du 26 novembre 2021 à 12h48 de la part des CPN Distributors à la SCE Allagapen prétendant justifier le prix de Rs79,92 par capsule; le 26 novembre 2021 à 14h30,

il y a eu un comité de huit médecins-conseils présidé par le Dr Ori, l’époux de l’avouée attitrée du leader du MSM et Premier ministre, Pravind Jugnauth, recommandant Molnupiravir comme traitement du Covid-19 avec les notes de cette réunion se lisait comme suit : « […] cette réunion se tient en urgence pour finaliser la quantification de l’achat de produits pharmaceutiques ».

La magistrate a aussi relevé que l’enquêteur de l’ICAC avait également admis que le High Powered Committee était présidé par la SCE Dalida Allagapen. Elle met aussi en perspective qu’aucune autre arrestation ou autre charge provisoire n’avait été logée contre l’ancienne SCE ni encore contre le patron de CPN Distributors Ltd,  Akash Chuttoo et que la sœur du ministre Alan Ganoo avait pris sa retraite peu de temps après cette affaire.
« Bearing in mind the nature and purport of a provisional charge, the jurisprudence from authoritative judgments pertaining to reasonable suspicion without which a provisional charge cannot be lodged, I am of the view that the nature of the operations of the ICAC, ought not to be allowed to become the driver for change in an area of the law where the consequence is the loss of the liberty of an individual and the Court cannot accept the EO’s suspicion based on the above as this would constitute a serious erosion of the safeguard of reasonable suspicion », affirme la magistrate Bholah dans ce Rulingn, mettant à nu les méthodes Pa Get Figir.

Commentant ce dénouement a la sortie de la salle d’audience hier, Brijendrasingh Naeck a laissé entendre qu’il était confiant que la justice allait trancher en sa faveur. Il dit dédier cette victoire à sa mère qui est décédée quelques mois après son inculpation provisoire par l’ICAC.

« La justice a prévalu et a triomphé. Mon client a porté tout le blâme. J’avais dit lors de son arrestation que he is simply a pawn in the process. J’avais dit que l’ICAC devait orienter son enquête vers d’autres angles et vers d’autres chefs hiérarchiques. Cela a été très difficile pour lui. L’ICAC n’avait pas de Reasonable Suspicion. Je demande à l’ICAC d’agir avec beaucoup plus de diligence non seulement dans cette affaire mais dans tous les autres dossiers devant elle », ajoute Me Rajesh Unnuth.
Affaire à suivre que ce soit à Santé ou à l’ICAC…

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