COURT OF INVESTIGATION | MV Wakashio – Capitaine Nandeshwar : « J’ai déjà traversé Maurice à 5 milles nautiques »

La séance d’hier de la Court of Investigation, instituée pour faire la lumière sur les circonstances entourant le naufrage du MV Wakashio le 25 juillet dernier au large de Blue-Bay, a été marquée par le début des auditions du capitaine du vraquier japonais battant pavillon panaméen, le ressortissant indien Sunil Kumar Nandeshwar. Celui qui compte 35 ans de carrière dans ce domaine d’activité et qui exerce comme capitaine sur les Very Large Ore Carrier (VLOC) a expliqué à la cour d’investigation, présidée par l’ancien juge Abdurafeek Hamuth et les deux Marine Engineers, Jean Marie Geneviève et Johnny Lam Kai Leung, a laissé entendre hier qu’il est passé à bord d’un autre navire à 5 milles nautiques de Maurice au début de 2019. Il a durant cette première partie de son audition avancé que le captage du réseau de téléphonie mobile et d’internet était un élément de plus qui pourrait aider le moral de son équipage dans la conjoncture de la pandémie du nouveau coronavirus.

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En introduction, Sunil Kumar Nandeshwar a affirmé que c’est en décembre 2019 qu’il avait rejoint le navire japonais, ayant travaillé à bord d’autres VLOC depuis 1985. Il a expliqué avoir durant ces huit mois en prélude au naufrage au large de Blue-Bay, dirigé le vraquier entre le Japon et l’Australie en passant par l’Indonésie. Il a déclaré qu’à son arrivée à bord du MV Wakashio, il y avait 21 membres composant l’équipage et qu’il avait tout organisé pour que ses hommes soient bien logés durant le voyage en mer que ce soit en termes de nourriture ou encore en ayant les dispositions nécessaires pour communiquer, notamment à travers l’appropriation de cartes SIM pour le trajet en mer.

Aux questions du représentant de l’Attorney General’s Office, l’Assistant Solicitor General, Me Rajkumar Baungally, le ressortissant indien a affirmé qu’il a navigué « entre 10 et 15 fois » près des côtes mauriciennes, la dernière en date étant début 2019. Sunil Kumar Nandeshwar a avancé qu’il est passé au Nord de Maurice alors que généralement il avait l’habitude de  naviguer au Sud de l’île car la distance était « economical » mais aussi en raison des risques de piraterie dans le Nord de l’océan Indien. Me Baungally a voulu savoir quelle était la distance de ce « rapprochement » des côtes mauriciennes. « Environ 5 milles nautiques en 2019, lorsque je naviguais de l’Inde en direction du Brésil », a répondu le capitaine qui est incarcéré au Moka Detention Centre. Pour lui, ces cinq milles nautiques sont « safe ».

Il a aussi expliqué que ce rapprochement serait sujet à une mauvaise interprétation en étant considérée comme une « deviation », car pour lui « deviation » voudrait dire qu’on avait chamboulé l’itinéraire du voyage. Répondant aux questions du président Hamuth et de ses assesseurs, Sunil Kumar Nandeshwar a expliqué l’imposition de son style avec son arrivée à bord du MV Wakashio en décembre 2019 et d’avoir tenté d’améliorer les conditions de l’équipage qu’il avait hérité.

La situation de la pandémie du nouveau coronavirus, avec les nouvelles de ce qui se passait, avait provoqué une certaine inquiétude à bord du vraquier. Il a fait comprendre qu’il était flexible et permettait à son équipage de faire la fête notamment les samedis, à condition que chacun respecte son calendrier établi des tâches sur le navire. La consommation de l’alcool à bord du navire japonais était selon lui permise mais qu’il fallait que chacun soit en état de travailler aux heures convenues et qu’il faisait des « checks » de temps en autre pour vérifier le taux d’alcool consommé.

Me Baungally a voulu savoir si c’était une pratique courante de se rapprocher des côtes pour capter le réseau et le capitaine du MV Wakashio a soutenu que pour lui, c’était quelque chose qui allait permettre à son équipage de bénéficier de connexion car AIS Sim Card n’allait pas fonctionner dans le territoire mauricien. Il a déclaré que deux raisons l’ont poussé à changer de cap à compter du 23 juillet, soit deux jours avant le naufrage à Pointe D’Esny, la première étant les conditions météorologiques qui prévalaient et la seconde, le réseau mobile. Le capitaine a toutefois affirmé qu’il a accosté l’île Maurice aussi à la requête du Chief Officer Tilakaratna car ce dernier pouvait utiliser son téléphone près des côtes mauriciennes. Sunil Kumar Nandeshwar a aussi affirmé hier qu’il n’y avait aucune obligation de communiquer avec les autorités mauriciennes lorsqu’il s’est approché de Maurice mais se souvient que lors de son passage en 2019, la National Coast Guard l’avait appelé. « On m’avait demandé de préciser mon intention et j’avais répondu. Je suis resté une heure près des côtes…», a-t-il avancé.
Avant le capitaine Nandeshwar c’était au tour du Chief Engineer, Preetam Singh, d’être auditionné par la cour d’investigation. Il travaille à bord du MV Wakashio depuis 2015 et a expliqué qu’au moment du naufrage, il se trouvait sur le pont, dans le siège pilote, et vérifiait son portable. Ce jour-là, il participait à une fête et selon son récit, à un moment donné, le capitaine, le Chief Officer et lui-même sont partis sur le pont pour capter le réseau téléphonique, dit-il.

Ce ressortissant indien a affirmé avoir ressenti à un certain moment une grosse vibration et a vu le capitaine se précipiter. Il a déclaré que l’ordre de couper le moteur avait été donné et qu’il a demandé au graisseur de mettre le générateur en marche. Selon lui, quand le moteur s’est arrêté le capitaine aurait demandé de reculer. Selon ses explications, après un problème électrique survenu à l’issue du naufrage, deux pompes n’étaient pas opérationnelles et les valves ne pouvaient s’ouvrir. Ce n’est que vers 19 h 55 que le capitaine les a informés que le navire a fait naufrage, selon Preetam Singh.

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